CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Kobold
(chant+chœurs+claviers)
-Beleth
(guitare+basse)
-Kobro
(batterie)
TRACKLIST
1) Morwian
2) Non
3) Tweoneleoht
4) Neaht
DISCOGRAPHIE
La vieille forêt est un ancien de la scène black metal en 2015. Imaginez donc que le groupe existe depuis 1998, présence interrompue par 7 années d’inactivité tout de même. Si à ses débuts la troupe anglaise officiait dans un black metal plus classique, son retour a vu poindre l’arrivée d’une dominante atmosphérique qu’il ne compte pas lâcher pour cette nouvelle fournée. Fournée, car comme le bon pain Old Forest aime prendre son temps pour s’offrir aux fins gourmets, trouver tout son croustillant. Il faut le temps de lever la pâte et écouter ses aïeux.
Old Forest porte indubitablement bien son nom, tout sonne comme une ode aux anciens, à ces forêts oubliées dont on parcourt les tours et détours les week-ends comme pour se remémorer ces temps immémoriaux disparus de nos traditions contemporaines. La contemplation est partie prenante de la musique des Anglais et c’est une évidence dès la première piste qui certes s’essaie dans l’introduction… atmosphérique bien sûr, mais surtout plonge tête et mains liées dans un black metal lancinant et mélancolique qui n’est qu’un appel non déguisé à fêter les grands Anciens. En témoigne tous les titres, de l’album et des chansons, en vieil anglais. Dagian par exemple signifie aux aurores (« dawn »). Les chansons piochent dans le même terreau pour se parer de termes inusités actuellement en faisant un défilé de la journée (à vous de découvrir quels moments). Un terreau fertile pour le groupe qui y puise une inspiration certaine et nous propose à chaque fois, quatre pour être précis (de plus de dix minutes), une composition qui aime s’étendre en longueur et en langueur pour nous laisser le temps de la méditation.
Cette méditation que nous acceptons volontiers, même si les quinze minutes pur ambient de "Neaht" sont gonflantes, pour nous pencher sur les vices du monde moderne, sur les pertes que nous subissons tous les jours en oubliant ce qui nous a construit maintenant. Nostalgie ou vieux cons ? Libre à vous d’en décider tant la frontière entre les deux est ténue, cependant il ne faut pas en tenir rigueur à Old Forest qui y trouve là l’essence même de son art. Chaque note infligée à nos oreilles tend vers un objectif commun, nous rappeler à l’ordre de nos ancêtres, des temps passés. Jadis… ce terme prend tout son sens dans cette musique qui ne manque pas d’utiliser tous les atours à sa disposition pour prendre une forme de slow music aux antipodes du prêt-à-jeter actuel. Claviers doucereux, interventions d’instruments anciens, chants clairs incantatoires et basse subtilement mise en avant pour marquer les temps et les esprits. La batterie, assurée par un certain Anders Kobro soit dit en passant, plaide en ce sens à s’échinant à ne jamais dépasser le stade du roulement tranquille de double pédale.
Rejet des temps modernes ou rappel à l’ordre, qu’importe car Old Forest nous a fabriqué un bien bon disque (ironiquement disponible en version numérique uniquement au début) de black metal atmosphérique et nostalgique. On peut reprocher ce côté lancinant qui vire de l’hypnotique à l’ennuyeux pour certains (et le dernier titre leur donne raison malheureusement), c’est un fait, mais dans son style il n’y a pas grand-chose à dire. N’en attendez aucune envolée absolue, l’histoire n’est que lyrique et mélancolique. Et cette histoire est diablement bien racontée.