CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jackson Heath
(chant+guitare)
-Dylan Burton
(guitare)
-Bret Tardiff
(basse)
-Trevor Deschryver
(batterie+chant)
TRACKLIST
1) Solar Chamber
2) Chasms
3) Mirage
4) Obsidian Eyes
DISCOGRAPHIE
De la musique extrême dans la lenteur, dans la profondeur, dans la grandeur ? Oh ! La belle surprise que voilà ! A l'écoute, on murmure Mesmur. On murmure Evoken. On murmure la grotte et les gouttes ; le froid et l'humidité. On murmure d'immenses paysages souterrains restés inconquis à ce jour. On murmure les immenses cascades d'eaux glaciales et l'air tour à tour vicié à s'en étouffer, puis pur à en faire fondre la vision. Chasms dépeint un monde intérieur.
Le Père-Dieu Evoken peut une nouvelle fois être fier de constater que son engeance prolifère dans l'ombre, à l'abri de tous les regards. Ce groupe-référence peut être fier de constater que le genre de niche dans lequel il excelle, ce death/doom/funeral caverneux, profond et humide à mille lieu de la moindre trace d'épanchement sentimental, continue de susciter quelques vocations ici et là. Le Père-Dieu Evoken est une nouvelle fois ce modèle indépassable, sur lequel tout s'inscrit. Lycus, en fils de bonne famille, ne joue que rarement en dehors des limites imposées par le Père-Dieu. Le chant est caverneux. Les guitares sont lourdes et pesantes. L'ensemble est avare en mélodies. Les moments de répits sont rares et humides (plic-ploc-les-arpèges-mouillés-noyés-dans-l'écho) et les accélérations sont toutes relatives ; l'ensemble étant baigné d'une production granuleuse et calcaire. Ce funeral doom/death doom (non, le conflit d'étiquettes ne sera pas tranché en ces pages) n'est donc en rien original et ne fait effectivement que suivre l'énorme majorité des codes et figures imposées par le Père-Dieu. Reste à savoir si ce jeune élève le fait bien et si, malgré ce mimétisme confondant de prime abord, Lycus parvient à se démarquer un tant soit peu de ses autres petits camarades de jeu.
La réponse est plutôt positive : Lycus possède bel et bien une personnalité, qui s’inscrit certes dans un sillon immémorial depuis longtemps tracé, mais qui a le mérite d'exister. En témoignent par exemple les accès mélodiques sur le final de "Chasms", où le doom cède la place à un pseudo-black, ponctuellement touchant, sur lequel quelques chœurs s'invitent brièvement avant de repartir dans les ténèbres. Il serait trop long et assurément trop fastidieux de détailler les subtilités de chaque piste, mais il est important de noter que chacune possède son ou ses petits trucs, ses astuces pour vous accrocher, à un moment ou à un autre (l'accélération sur "Mirage", le violon qui s'invite sur "Obsidian Eyes"... - seul moment volontairement touchant de l'album, ce passage plus doux est une réussite). La somme de ces détails créé finalement une ambiance, une atmosphère propre à l'album, ce qui est, mine de rien, essentiel dans ce genre où l'ambiance créé importe bien davantage que tel ou tel élément pris isolément.
Lycus est bien le fils de son Père-Dieu. Aucun doute sur la filiation. Pourtant, il n'est pas simplement une pâle copie d'Evoken. Si l'ambiance caverneuse et infinie qu'il dépeint est certes la même, Lycus sait le faire à sa manière. Un bon disque, qui ne révolutionne rien - et ce n'est pas ce qu'on lui demande - qui gagnerait encore à se démarquer un tout petit peu des codes qu'il met en œuvre.