CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Jamie Kay
(chant)
-Levi Dale
(guitare)
-Darren Joy
(basse)
-Adam Giangiordano
(batterie)
TRACKLIST
1) Mythos Of Sejourn
2) Ectoplasm
3) Time-Lost Utopia
4) Era Of The Xenotaph
5) Nebulous Opus Pt, I
6) Precursos Of Aphotic Collapse
7) Erased In The Purge
8) Nebulous Opus Pt, II
9) Laniakea
DISCOGRAPHIE
The Ritual Aura. Trois mots. « The » en premier. Pochette montrant des vaisseaux de débarquement extra-terrestres. Originaire de Perth, donc d’Australie. Ça y est, plus aucun doute, un énième groupe de deathcore progressif aux influences techniques ayant pour volonté de prévenir l’humanité entière d’une arrivée supra-évoluée imminente. Oui, mais pas que.
Effectivement, quel serait l’intérêt de faire la promotion d’un élément se fondant parmi la masse de toutes ces entités australiennes à la volition prophétique ? Pour cela, rien qu’en Australie, on peut déjà compter sur Aversions Crown, Before The Harvest, Sensory Amusia, ou encore Signal The Firing Squad. Et c’est sans compter les maîtres à penser dans cet art : les Américains de Rings Of Saturn. L’artwork made by Brutal Disorder Logos ne déroge pas du tout à la règle, et pour le coup, on a connu un peu plus original. En ce qui concerne les thèmes abordés par les compères aussies, ils sont là encore sans surprise. De la parapsychologie dans le nom du groupe et de la cosmologie dans le titre de l’album – Laniakea étant un superamas de galaxie, dont la Terre fait partie. Mais aussi et surtout du paranormal ("Ectoplasm"), du comics ("Mythos Of Sojourn"), et de la littérature de science-fiction ("Time-Lost Utopia" et "Erased In The Purge"). Cette dernière chanson citant d’ailleurs les propos de feu Carl Sagan, scientifique et astronome américain, fondateur de l’exobiologie. Bref, on sent que les gars veulent aller jusqu’au bout de leur idée, malgré le manque d’excentricité de cette dernière.
En revanche, là où le groupe est intéressant à ouïr, c’est bien du côté musical. Et après tout, c’est cela qui nous intrigue, n’est-ce pas ? Comme dit plus haut, le groupe évoluant dans un côté loin d’être nouveau, il ne peut partir de zéro et s’inspire forcément des têtes de vaisseaux que sont Rings Of Saturn (fin de "Time-Lost Utopia" et l’instrumentale "Nebulous Opus Pt, II"). De la technicité quasi-robotique, des sons très aigus et une vitesse d’exécution spectaculaire. En remontant plus loin on peut également voir surgir des influences des précepteurs Necrophagist, ou plus récemment Obscura. C’est d’ailleurs l’ex-guitariste de la formation allemande, Christian Muenzner, qui s’immisce le temps d’un solo sur "Time-Lost Utopia" (1’40). Comme quoi les chiens ne font pas des chats. Quant au côté progressif, il resemble plutôt à Aversions Crown, même si l’atmosphère est totalement différente, de par l’absence de lourdeur et de breakdowns massifs. Sur "Precursor Of Aphotic Collapse", c’est même une ambiance à la Lies Of Nazca que l’on ressent. Quelque chose de cosmique quoi. Mais LA particularité de The Ritual Aura, c’est l’utilisation d’une basse NS Stick, à savoir, une basse faite presque exclusivement pour le tapping. C’est ce que vous entendrez principalement tout au long de ces vingt-cinq minutes.
C’est ce qui fait véritablement la force du groupe. Ce tapping omniprésent procure à l’album une force absolument mystique et envoûtante, à la limite de l’hypnotisme. Jetez une oreille sur "Ectoplasm" (1’04) ou la magnifique "Time-Lost Utopia" et son riff principal complètement prenant. C’est là qu’on peut les distinguer de Rings Of Saturn. Là où les Américains font preuve d’une démonstration technique complète sans toujours chercher à procurer une sensation ou émotion, les Australiens arrivent à rendre compte d’un minimum de sentiment, aussi bizarre et étrange puisse-t-il être. Un jeu plus organique en somme. Et ça fait une sacrée différence, mine de rien. Pour ce qui est du chant, on ne le retiendra pas forcément. Rien d’extraordinaire, loin de là, se fondant juste assez suffisamment dans l’ambiance générale. Une voix majoritairement grave, avec quelques rares incursions tirant vers l’aigu. Ah oui, "Erased In The Purge" me fait quelque peu mentir avec la présence d’un refrain chanté en chœurs, et d’une voix d’automate. Pour le reste, vous pouvez mettre de côté l’intro "Mythos Of Sojourn", l’interlude "Nebulous Opus Pt, I" et l’outro éponyme, qui n’apportent rien, si ce n’est une tentative échouée de vous fondre dans l’ambiance post-apocalytique.
Anciennement Obscenium, de 2011 à 2015, The Ritual Aura nous propose donc ce Laniakea en guise de renaissance. Signé chez un label tchèque essentiellement pourvoyeur de groupes de brutal death (Coprocephalic, Abominable Putridity, Necrambulant), les Australiens surfent sur la vague eschatologique, qui a du mal à se régénerer, et qui commence à battre de l’aile. Cet album est une bonne esquisse des temps à venir, mais ne comportant que six vraies chansons, il est difficile de juger de la véritable valeur des gaillards.