Une fois n’est pas coutume, votre serviteur va la faire (relativement) courte. Non pas que j’ai la flemme d’écrire, mais devant l’évidence de l’analyse induite par toutes les sorties de Walls Of Jericho depuis des années, que voulez-vous que je dise ? En vérité il suffirait que je déclare que « cela fait peu ou prou 18 ans ans que WOJ détruit les scènes avec son mélange hyper-protéiné de hardcore metal, de hardcore oldschool et de beatdown des familles », et on en aurait fini tellement ce groupe est invariable et constant dans l’effort. Seulement voilà, WOJ n’avait rien sorti depuis 2008. Et ouais, huit ans sans que Candace nous crie dessus mes gueules ! Ça valait bien quelques lignes de verbiage analytique visant à découvrir si cette longue pause avait mené le groupe vers d’autres horizons que celui de son éternel hardcore metal de salle de muscu.
La réponse à cette question est si évidente qu’on peut la balancer d’entrée : c’est non. Mille fois non. Sur ce nouvel opus, la bande à Candace Kucsulain reprend les choses très exactement là où elle les avait laissées sur son précédent effort. On va donc se taper une grosse douzaine de titres de hardcore old school option bourrinage, mâtiné de metal et de gros beatdowns qui défonceront autant en live qu’ils sont passe-partout et peu marquants sur album. Comme à son habitude, le combo alterne avec brio les séquences thrashisantes et les beatdowns écrasants (''Illusion Of Safety'', ''No One Can Save You From yourself''), balance à l’envie de gros refrains tough-guy kermesse HxC, chœur virils à l’appui (''Relentless'', qui fera un carton en live, ou le refrain un peu pénible de ''Revival Never Goes Out Of Style''), le tout cornaqué par une Candace plus en forme que jamais. C’est l’un des gros points positifs de l’album, le pois sauteur roux le plus badass de toute la scène est toujours aussi vénère, son chant hurlé est parfaitement en place et, si vous matez le clip de ''Reign Supreme'', vous constaterez qu’au niveau physique elle est également au top de sa forme, plus violente que jamais (en gros elle nous pète la gueule à toutes et tous). Bref, prête à fracasser le monde en tournée comme elle le fait depuis bientôt vingt piges. Une telle abnégation et un tel dévouement forcent le respect, surtout quand musicalement ça tourne en mode automatique depuis aussi longtemps. Sur le reste du combo, que dire ? Les boys de Candace tiennent la baraque de manière carrée et pro, comme d’habitude, parcourant les pages du grand livre du hardcore pour y puiser tout un tas de riffs et de plans usés jusqu’à la corde mais toujours efficaces (mention spéciale au groovy et catchy ''Forever Militant'', excepté quand survient le beatdown minable).
Ajoutez à cela quelques petits plans hardcore mélodique du plus bel effet (''Fight The Good Fight'', bon couplet, bon petit gimmick à la lead, mais aussi l’ambiancée ''Reign Supreme'', et la bien nommée ''Anthem'') et vous obtenez, en deux mots, la définition même de « faire le métier ». On ne s’attardera pas sur les paroles, qui racontent exactement la même chose que sur les précédents WOJ, et exactement la même chose que sur tous les albums de Hatebreed, de Terror, de Death Before Dishonor, de Born From Pain, de SOA, de Merauder, de Madball et de tous les autres : l’honneur avant tout, le respect, la vie est une chienne mais il faut se battre, ensemble on peut y arriver, ne jamais abandonner, l’importance du clan, de la famille, la souffrance est une libération, etc. Que du vieux donc, mais ça plaira aux fans. Le seul réel regret qu’on puisse avoir sur cet album est de devoir attendre la seconde partie de l’album pour se taper la première vraie moshpart de qualité (l’écrasant final de ''Wrapped In Violence''), nettement plus appréciable que tous ces beatdowns débiles que le groupe devrait sérieusement penser à dégager de ses gimmicks. A noter tout de même l’étonnante (voire gênante) accalmie amenée par ''Probably Will'', piste ambiante quasi-électro, animée de touches de piano et de samples de cordes y allant sacrément fort dans l’emphase sur le final, et d’une perf’…on dira correcte, mais limitée, en voix claire pour Candace. Mais pour le reste, terrain connu et reconnu, rien à signaler, circulez m’sieurs dames. In fine, encore un album qui, joué live, déchirera tous les hymens auditifs de la terre sur son passage et réjouira des cohortes de fans encasquettés…
… Mais de la même manière, encore un album qui ne restera pas dans les annales, et encore un album qui prouve à quel point le hardcore est, dans ses versions les plus orthodoxes (HxC old-school, youth crew, NYHC, beatdown), un style codifié à l’excès, et au sein duquel il est très difficile d’être pertinent aussi bien sur scène que sur album. Autant sur la partie live, pas de souci, autant sur la partie album, à part quelques énormes sorties de Comeback Kid, je suis bien incapable de vous citer plus d’un ou deux albums du genre m’ayant marqué depuis 10 ou 15 ans. Et ça ne sera clairement pas le cas de celui-ci. Bref, un retour à l’honnêteté et à l’efficacité indéniables, mais dont peu se souviendront hors du cercle de fans die-hard du groupe. Walls Of Jericho est et demeurera un groupe de scène, et on est malgré tout très contents de les voir revenir aux affaires.