CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Jermaine Hurley
(chant)
-Ben Marvin
(chant)
-Timfy James
(chant+guitare)
-Josh Gurner
(basse)
-Rich Hawking
(batterie)
TRACKLIST
1) Our Time (ft. Marton Hurley)
2) Hate
3) Deceive And Defy (ft. Jamie Graham of Heart Of A Coward)
4) Taken (ft. Rou Reynolds of Enter Shikari)
5) The Storm
6) No Way Back
7) False Idols
8) Rotten (ft. Astroid Boys & Jot Maxi)
9) Elevate
10) Outside The Box
11) Buszy
12) The Storm II
DISCOGRAPHIE
Trois ans et demi. Près de trois cent jours. Plus de sept mille deux cents heures d’attente entre leur premier EP et leur premier album. On peut dire qu’Hacktivist a su se faire désirer. Et à ce stade-là, le risque est gros au moment où les Anglais décident de sortir de leur boîte.
Hacktivist est décidément un groupe singulier. Non contents d’être les premiers prototypes d’un style étiqueté « rap-djent », ils sont également allés à l’encontre du parcours typique d’un artiste musical. Entendez par là que la norme de cheminement serait plutôt : EP – Album – Concerts. Ici, c’est un « EP – Concerts – Album » auquel nous avons à faire. Car après avoir sorti leur première maquette de cinq titres intitulée sobrement Hacktivist en 2012, la formation a décidé de se mettre directement sur la route et écumer les salles de concerts de par le monde. Tournée en Australie, participation à de nombreux festival dont le Download et le Graspop, et partage d’affiche avec des pointures tels qu’Iron Maiden et Megadeath, mais aussi Meshuggah, Enter Shikari ou encore Limp Bizkit et Korn. Rien que ça. Quatre ans après, c’est donc une prise de temps conséquente pour faire émerger un album que pas mal de gens attendent depuis de nombreuses années. Et ce n’est pas leur version remasterisée de 2013 avec l’ajout de quatre titres bonus - dont un live et deux remixes – qui aura maintenu en haleine les auditeurs. Gageons que certains se seront perdus en route entre deux. Peut-être pour leur plus grand regret.
Le problème avec tout ce laps de temps, c’est qu’on attend de ce Outside The Box, une bonne dose de maturité, et certains aspects irréprochables. Et quand on sait déjà que les paroles, assez engagées, ont demandé à elles seules une bonne demi-année d’écriture – le tout pendant leur tournée – on se dit que c’est plutôt bien parti. Au programme, huit nouvelles chansons et trois anciennes: les titres "Elevate", "False Idols" et "Deceive And Defy", qui ont bien évidemment été réenregistrées pour mieux coller au son plus moderne du groupe. Mais également de nombreux featuring, ce qui impliquait que les invités soient disponibles. Et avec un batteur venant d’un milieu jazz, un bassiste anciennement chez Sacred Mother Tongue et un guitariste ayant officié pour Heart Of A Coward quatre ans durant, nul doute que l’expérience et la solidité se devait d'être au rendez-vous. Le tout sous la houlette du label australien indépendant UNFD (Northlane et Thy Art Is Murder entre autres) et avec une promotion américaine made in Rise Records. En clair, impossible de tenter d’éviter ce nouvel opus de quarante minutes.
Mais avant tout, est-il réellement nécessaire de se focaliser longuement sur la pochette néo-apocalyptico-futuristo-dystopique, à la fois teintée d’espoir et de résistance, mais aussi d’un certain côté sinistre ? Ce sont bien évidemment les thèmes lyricaux chers aux genres du rap et du metal. La tradition est donc perpétuée. Mais ce n’est pas le seul point commun entre les deux : le groove et chant pour l’un, et l’instru pour l’autre sont savamment mélangés avec une grande dextérité ici, bien que le côté djent – et même metal en général – soit beaucoup moins mis en avant, contrairement à l’EP. C’est un son plus mainstream qui se fait plus grand au détriment du côté progressif de leurs premières heures. Le fait de fusionner deux mondes différents en a fait parler plus d’un et c’est une magnifique remise en question du style. Par-là, les Anglais se veulent le plus accessible possible et arrivent à attirer des gens de tous les horizons musicaux, aussi bien ceux qui n’auraient jamais imaginé une seule seconde secouer la tête sur du metal ou que ceux qui se refusaient à bouger sur un flow décapant. L’intention d’Hacktivist est clairement de contribuer à casser les murs entre les styles.
La formation de Milton Keynes nous introduit dans son univers avec "Our Time" qui met en valeur Marlon Hurley, frère de. Son monologue s’adresse à l’auditeur qui est inclus personnellement dans l’aventure narrée, un peu à la manière d’un Eyes Wide Opium de The Dali Thundering Concept, aussi bien lyriquement que musicalement d’ailleurs. "Hate" est une sorte de récapitulatif virulent de leurs dernières années passées sur la route, scandée par un flow irréprochable de la part de Jermaine dans une veine rap hardcore. « A million views on a tune is proof that we’ve produced our own style. » Il faut attendre le troisième titre pour ouïr le premier chant heavy de l’album, et ce notamment grâce au featuring de Jamie Graham de Heart Of A Coward. « And they ain't never seen talent in Britain like this before. » La plus belle référence vocale à l’album est "Taken", où sont incorporés les trois types de chants que Rou Reynolds de Enter Shikari a en sa possession, passant inégalement de l’un à l’autre sans prévenir, notamment dans le refrain. Et avant d’arriver à la deuxième et meilleure moitié de l’album, il faudra malheureusement en passer par cet interlude qu’un Linkin Park n’aurait pas renié. Mais ce n’est pas grave, car les tueries "False Idols" et "Rotten" vont très rapidement effacer cette déception. « Others see black and white but we see grey. »
La deuxième nous délivre un featuring plus qu’original avec Astroid Boys et Jot Maxi pour un rendu totalement rap hardcore/conscient et faisant office de seule chanson non-metal du disque. « World War 4 has begun. » La chanson éponyme n’est pas en reste question surprise, puisque c’est une chanson extrêmement calme dans laquelle un solo a même été incorporé ! C’est sûrement la plus lourde de sens niveau paroles et, tout comme "Hate", elle renvoie à la biographie du groupe tout en plaçant quelques punchlines non dénuées d’une certaine prétention qui fait partie de la patte Hacktivist. Et en parlant de patte, "Buszy" en est une belle, musicalement parlant. Pleine de groove, elle nous envoie à la face un break plein de lourdeur pour finir l’album. Et si vous n’avez pas été complètement convaincu par ce Outside The Box chez, vous, n’oubliez pas qu’Hacktivist est, et restera avant tout un groupe de live.
Outside The Box est un album riche qui retrace un cheminement. Partant dans plein de directions différentes, sans tomber dans le n’importe quoi, il incite les gens à penser différemment et ne plus considérer les choses telles qu’elles ne paraissent. Allez-vous écouter du rap ? Allez-vous écouter du djent ? Non, vous allez écouter Hacktivist. D’ailleurs, même Itunes s’est pris la tête à essayer de qualifier leur style. Il a donc tout simplement créer un style « Hacktivist ». Beaucoup plus simple.