CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Phlegeton
(chant)
-Migueloud
(guitare)
-J.Oliver
(guitare)
-Guillemoth
(basse)
-G-Calero
(batterie)
TRACKLIST
1) Pseudo-Horizon
2) Neomorph Mindkind
3) Agliptian Codex Cyborgization
4) The Singularitarianism
5) Eukaryotic Hex Swarm
6) Computronium Pulsar Nanarchy
7) A-Life Omega Point
8) 57889330816.1
9) Zeroth-Energy Graviton
10) Molecular Winds
DISCOGRAPHIE
L’avenir du brutal death se trouverait-il en Europe ? Cette question, un tantinet provocatrice, eu égard à ce qu’a pu apporter l’Amérique en la matière, a le mérite de rappeler que plusieurs formations du vieux continent ont su recueillir dernièrement des lauriers de la part des aficionados du style. Comment ne pas mentionner en effet les Allemands de Defeated Sanity, auquel il faudrait indubitablement ajouter les Espagnols de Wormed ?
Pour ceux qui ne connaissent pas ce groupe, sachez qu’il sort en 2016 chez Season Of Mist son troisième album, intitulé Krighsu. Que peut attirer ici l’auditeur qui pense avoir tout entendu en la matière ? Peut-être dans un premier temps le concept derrière Wormed. Ici, point de viscères qui volent, de pratiques sexuelles impliquant des objets tranchants ou des morts, voire les deux, mais un univers surprenant et difficile d’accès, à base de Science Fiction, d’Astronomie et d’autres sciences. Bref, loin des standards du genre. Pour dépeindre ce cosmos des plus occultes, les Ibères se sont appliqués à composer des titres d’une brutalité effarante. Durant une grosse demi-heure, ça bourrine à tout va. Ce qui calmera à coup sûr les ardeurs des plus assoiffés de violence. Mais, le groupe ne se contente pas de cela. Il est capable de placer quelques petites trouvailles qui aèrent l’ensemble tout en le rendant encore plus cohérent. Des samples sont ainsi présents, mais pas trop. Ne cherchant pas la facilité, ces derniers sont habilement amenés et intensifient la plongée dans les abysses spatiales, en témoigne "Eukaryotic Hex Swarm". Ils permettent également à l’auditeur de reprendre son souffle au milieu du déluge de riffs qui vient de s’écraser dans ses oreilles.
Imaginez en effet un death des plus brutaux qui soient où la monotonie n’existerait pas. Les parties de guitares s’entrechoquent nerveusement et demandent une concentration extrême pour être suivies, tant elles sont nombreuses, confinant parfois avec le chaos. La force du quintet réside dans sa capacité à rendre cohérent ce maelstrom sonore. Le nouveau batteur, Guillermo Calero, malgré son jeune âge, fait montre d’une maîtrise qui fera pâlir plus d’un ancien. Ses compagnons d’aventure ne sont pas en reste et allient à merveille brutalité et technique. Seule petite remarque négative, le chant de Phlegeton, un peu monocorde, pourra rebuter. D’aucuns trouveront au contraire que ces vocaux, parfois proches de cris porcins (de l’espace), se marient avantageusement avec le déluge, apportant un aspect encore plus inquiétant à ces dix pièces. Au final, à force d’écoute, ils finissent par devenir supportables, même pour les personnes allergiques aux verrats. Ils contribuent à l’identité forte qu’ont su bâtir les Espagnols. Des titres excellents, cet album en est gorgé. Il est d’ailleurs difficile d’en trouver de meilleurs que d’autres, l’ensemble étant très homogène.
Krighsu, vous l’aurez saisi, est un album de grande qualité. Il présente une formation au meilleur de sa forme, capable d’offrir un excellent death brutal et technique qui ne manquera pas de susciter des louanges, fort méritées ma foi. Alors n’hésitez plus et embarquez pour ce voyage galactique éprouvant, inquiétant, mais malgré tout excitant.