CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Victor Minois
(guitare)
-Anthony Fleire
(guitare)
-Maxime Roy
(basse)
-Jeremy Ferrer
(batterie)
TRACKLIST
1) Bienvenue
2) Twist And Icecream
3) Uncle Hillbilly
4) Sea Moon
5) Last Floor
6) Behind The Door
7) Old Coffee Bar
8) Westward Crossing
DISCOGRAPHIE
Les premiers pas sont souvent les plus difficiles dans la vie d’un être humain. Si certains passent du stade « quatre pattes » à celui du « deux pattes » sans grande difficulté, d’autres devront traverser une période de balbutiements. C’est un processus souvent long, par lequel nous sommes tous passés, mais qui est primordial et fondateur pour le déroulement du reste de nos vies. Les Toulousains ont choisi de se baser sur le tout premier de ce geste que l’on peut croire anodin mais qui est ô combien symbolique.
De formation récente, les Occitans auront donc mis deux grosses années avant d’entamer leur (dé)marche musicale. Ayant pris pour nom une célèbre citation d’un des contes pour enfants les plus connus, Draw Me A Sheep vient se fondre dans le paysage et le décor du progressif français. En compagnie de [STÖMB], Dorthal et Sam D. Hyde, le quatuor a donc décidé de se lancer dans un secteur très peu embouteillé. Et ils ont bien fait. Car ils apportent un vrai vent de fraîcheur et d’exotisme à un style qui s’essouffle et marche beaucoup au renouvellement. Ici, pas de soucis, niveau originalité, vous allez être servis, et un spectre assez large – quoi qu’éclectique – peut être concerné par la musique de Draw Me A Sheep.
A la recherche d’un chanteur peu de temps après leur formation, les Français ont vite compris qu’ils allaient devoir composer sans. A l’instar des parisiens de [STÖMB], c’est une musique totalement instrumentale qui nous est proposée, officiant toutefois dans un registre totalement différent de l’atmosphérique/ambiant des premiers cités. Vous verrez qu’ils ont parfaitement su s’adapter à la non-présence d’un vocaliste. Et comme ils veulent faire les choses de belle manière, quoi de mieux pour nous faire pénétrer dans leur monde qu’une chanson de bienvenue. C’est justement le titre d’ouverture qui va nous offrir deux petites minutes en guise de prélude, sorte de d’échauffement et de mise en route de la locomotive à vapeur, sûrement celle représentée sur leur magnifique artwork d’ailleurs.
Et contrairement à l’axiome du djent qui veut que les gratteux rajoutent un nombre de cordes infini à leur instrument, Draw Me A Sheep se contente de la classique six cordes sur une bonne partie du disque. Et cela n’enlève rien du tout au charme, ni à l’intensité et la puissance de leur musique. Malgré le fait que ce soit leur premier brûlot, on sent nettement que les gars ont déjà de la bouteille. "Old Coffee Bar" et "Westward Crossing" sont des preuves suffisantes pour vérifier l’information avec une véritable démonstration de la section rythmique (on frôle le jeu d’un batteur de jazz) pour la première citée, et un bassiste qui peut tout aussi bien se faire de véritables plaisirs solitaires, que de dialoguer avec les deux guitaristes sur la deuxième. Ce n’est pas un hasard si ces deux titres prônent fièrement sur le podium des chansons à écouter en priorité sur Premier Pas.
Ce qu’on apprécie vraiment chez les Toulousains, c’est cette diversité musicale, le tout lié par de parfaites transitions, et non bricolé avec du scotch grossier. Les quelques notes de cuivre de "Twist And Icecream" sont habilement et subtilement placées, rendant la chanson assez groovy/jazzy, tout comme l’excellente finale et magistrale, autant par sa longueur que par sa consistance, "Westward Crossing". Les samples d’animaux de basse-cour sur la djenty/funk "Uncle Hillbilly" et ceux d’ascenseur sur la jazzy et bien nommée "Last Floor" rendent également l’écoute et l’ambiance générale agréable au possible. Aucune prise de tête n’est à signaler pendant une petite demi-heure, même quand les harmoniques à la Vildhjarta pointent le bout de leur nez sur "Behind The Door". Draw Me A Sheep nous comble totalement avec ce premier opus qui est un véritable régal pour les oreilles.
Ce Premier Pas est donc pour le moins réussi, et comporte très peu de défaut, si ce n’est que sa longueur peut laisser sur la faim, car on a beau le passer en boucle, on se surprend toujours à arriver au dernier titre avant d’avoir pu savourer à sa juste valeur le talent des musiciens. La recherche d’un chanteur n’est peut-être pas une nécessité ni un handicap, loin de là, et ce serait même dommage de rajouter un ingrédient supplémentaire à une recette qui fonctionne à merveille.