CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Alexander "msgr.V." Schmied
(chant)
-Patrice Léon Christophe "REL" Duthoo
(guitare+chant)
-Raphaël "Reverend Prick" Glatz
(basse+chant+claviers)
-Jonathan " SIX" Boyer
(batterie+chant)
TRACKLIST
1) Place à la comédie
2) Ebony Grand Master
3) Direction cataclysme
4) Empire
5) Pantheon
6) Le crépuscule des idoles
7) Bad Winds
8) Lord, Hear our Prayers
9) 218
10) Subsonic
11) Zero Bravo
12) Panacea
DISCOGRAPHIE
Aut Caesar, Aut Nihil avait posé les bases d’un groupe de black moderne, soucieux de ne se soucier de rien, et surtout pas des modes, même s’il revendiquait hautement et fièrement une approche très clairement contemporaine du genre susnommé. Le clip du groupe (avec notamment l’immolation des albums cultes du genre dans un feu de la Saint-Barthélémy) abondait dans sa volonté de ne pas sombrer dans le moule black metal, mais au contraire afficher clairement une posture citadine, dans l’air du temps, et pour tout dire, à la mode, bien en dehors des courants traditionnels du black. Des chieurs en somme.
Panacea se doit donc de perpétuer un tel état d’esprit. Pire, ou mieux, enfoncer le clou, appuyer là où ça fait mal aux fans du genre : la pop, le neo metal. Oh que oui. Car rien n’est plus douloureux pour un fan de black metal que d’entendre son genre chéri mélangé à ces styles (quoique le pire serait probablement atteint avec du hip hop). En fait si, il connaît une douleur plus intense : lorsque c’est fait avec suffisamment de talent et d’honnêteté pour qu’il aime ce mélange. Et là, il ne rêve que d’auto-mutilation, d’une pour se faire mal car c'est pécher, de deux pour être black metal. Seulement la triste réalité est là : Sektemtum a putain de réussi là où tout le monde aurait souhaité le voir échouer. Mariage de raison et de talent entre des éléments pop (un peu toute les chansons) et parfois de ce bon vieux neo ("Direction cataclysme").
Hérésie hérétique. Fulmination globale de la troupe noire mondiale, haut crime de lèse-majesté et sodomie puissante de nos convictions. Rassurez-vous, fans de true black, vous n’aimerez pas du tout Panacea. Plein de beauté, de lumière et de dégoût extrême. Pouah. Pas black ça. Pourtant l’amateur de black un tant soit peu ouvert se rend compte à la difficile évidence : il y a du talent noir ici-bas. Et pas uniquement dans la noirceur de certains propos, mais dans des riffs, le chant, l’atmosphère globale. Malgré tous ses faux atours post modernes et pop délicieux, Panacea renferme un monstre. Monstre qui se montre (n’est-ce pas là le propre des monstres ?) dans les multiples blasts écrasants, les purs tremolos et le chant raclé. Comment alors aborder les multiples passages… Oui, répétons-nous encore pour que cela entre dans le ciboulot de tous : POP. Chant clair, batterie au beat pop, riff gentil et mélodique.
Cependant, cela suinte. Dégoulinant de rejet de l’humanité, noir de rancœur, Sektemtum réussit un tour-de-force implacable, marquer du sceau noir du black metal l’auditeur malgré toutes ces digressions cradingues. Que celui qui se prend le pur blast de "Empire" accompagné de son riff de vicieux en fin de chanson ose dire qu’il n’entend pas du black metal salement délectable et autant le dire tout de go, bandant. "Pantheon" se permet d’enchaîner dans la stricte même veine. Se saigner les veines, voilà bien la seule solution qu’il nous reste pour se rappeler au bon souvenir des Darkthrone et autres Mayhem. Sektemtum redistribue les cartes, et cela les emmerdera probablement puissamment, mais ils signent probablement un des trois opus les plus black metal de cette année 2016. Oui, malgré toutes ces dégueulasseries pop. Non mais merde, "Pantheon". Et tout le reste. Il faut savoir se rendre à l’évidence.
L’intensité que met le groupe dans ses compositions, qu’il prétend avoir enregistré dans la hâte sans répétition préalable pour capturer l’essence même de l’urgence, ne peut mentir longtemps sur son talent noir. Ce n’est pas l’hymne suranné black pop "Le crépuscule des idoles" qui trompera quiconque, Panacea est un authentique brûlot de black metal hyper moderne. Qu’il soit démodé dans trois ans à cause de sa trop grande modernité, on s’en branle fatalement. En 2016 et à l’heure où ces lignes sont écrites, il déchire et remue la fourmilière comme on aimerait le voir tous les jours (au risque d’une grande fatigue auditive). Des influences ? Bien sûr, elles sont partout et nulle part à la fois. Black traditionnel et horriblement moderne à la fois, pur et grevé de beauté pop, il remplit toutes les cases tout en s’en affranchissant.
Mangez donc du pain de ce jour que procure Sektemtum. Panacea est une performance, au sens pur du terme, vraiment impressionnant et incroyable. L’envie de s’enflammer pour ce disque est réelle, et il faut savoir la saisir tant elle est rare dans l’amoncellement continu de sorties pour la plupart anonymes qui nous inonde quotidiennement. Chiez dans la gueule ouverte de tous ces connards classiques, Sektemtum vous le rendra bien.