CHRONIQUE PAR ...
Malice
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Göran Edman
(chant)
-Nils Erikson
(chant)
-Andy Bartosh
(guitare)
-Krister Jonsson
(guitare)
-Lalle Larsson
(claviers)
-Andy Tillison
(Hammond)
-Ray Aichinger
(saxophone+flûte)
-Jonas Reingold
(basse)
-Morgan Agren
(batterie)
TRACKLIST
1) Dot
2) God the Universe and Everything Else no One Really Cares About - Part I
3) Higher Ground
4) Steer by the Stars
5) Traveling Minds
6) God the Universe and Everything Else no One Really Cares About - Part II
DISCOGRAPHIE
Je ne connaissais pas Karmakanic et partais donc sans préjugés, les oreilles ouvertes mais vigilantes, prête à relever points forts et faiblesses de ce Dot dont le titre et la tracklist avait suffi à éveiller ma curiosité. Le voyage fut curieux et j'admets, à ses débuts, m'être montrée sceptique devant certaines de ses étapes. Mais il est de ces œuvres que l'on doit redécouvrir plusieurs fois pour s'en imprégner et Dot fait partie de cette catégorie, de par ses imperfections et singularités, de par sa fraîcheur et sa complexité. De par bien plus encore également... et c'est ce que je vais tenter de vous montrer.
La première impression qui se dégage de Dot est aussi curieuse que rétro : il faut dire que l'album n'aurait pas détonné dans le paysage musical progressif des années 70. Ceci dit, bien qu'à son écoute, on ne pourra s'empêcher de penser à Steve Vaï et The Flower Kings, Dot parvient à garder un côté frais et original grâce à plusieurs éléments qui le parsèment et le diversifient : interventions d'instruments à vent (la flûte sur "God the Universe - Part I", surprenante mais pas dérangeante), chœurs innombrables et mélodies somptueuses, éparses et parfois reprises et développées au détour d'une composition ("Traveling Minds" fonctionne ainsi, sur la montée en puissance d'une ligne des plus efficaces). Ce sont ces astuces couplées à la maîtrise musicale de la formation qui font du dernier opus de Karmakanic un instant d'évasion qui - s'il ne renouvellera pas le genre (ce qui ne semble pas être l'objectif du groupe au demeurant) - reste tout à fait appréciable.
Cependant, comme beaucoup de choses, Dot n'est pas parfait : certains de ses passages (surtout ceux de "God the Universe", première partie) traînent légèrement en longueur. De plus, la plupart des mélodies qui y sont utilisées peuvent sembler sans caractère ("Steer by the Stars", notamment, est en deçà du reste car déjà vue et entendue), d'autant plus lorsqu'elles interviennent à plusieurs reprises. Quant au manque de prise de risque de la part de Karmakanic, il soulève une question épineuse et surtout universelle : pourquoi changer une formule qui marche ? Il est vrai, l'ensemble reste cohérent et de bonne qualité. On peut cependant se demander si - au vu du parcours comme du niveau des musiciens - Dot n'aurait pas pu être plus encore. Plus osé, plus dissonant, plus fort peut-être ? Ce serait pinailler mais pertinent ; le dernier opus des Suédois reste, malgré ces quelques défauts, un plaisir qui ne laisse qu'une petite faim sur les tympans.
Le métier de chroniqueur a cela de bon où l'on en apprend tous les jours : découvrir Karmakanic fut une très bonne expérience, que je conseille à tout amateur de prog ou de bonne musique, tout simplement. Car - s'il ne s'impose pas forcément à la première écoute - il est porteur d'éléments fort intéressants, de thèmes qui durent longtemps. Qui accompagnent et enchantent, bercent parfois et rendent la journée plus supportable. Et puis, il se dégage de cet album une sincérité touchante, qui part des oreilles pour arriver droit au cœur. Une sincérité d'honnêtes artisans dont je vous recommande chaudement le fruit (surtout en ces temps gouvernés par l'apparence et les fausses intentions).