CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
20/20
LINE UP
-Rowan London
(chant+claviers)
-Samantha Escarbe
(guitare+cello)
-Ian Miller
(basse)
-Dino Cielo
(batterie)
TRACKLIST
1) Opera de Romanci: I. Stare
2) Opera de Romanci: II. Embrace
3) Walk Without Limbs
4) Of Your Beauty
5) Drink the Midnight Hymn
6) Museum of Iscariot
7) Lamenting Kiss
8) Weep for Me
9) I Sleep With the Emperor
10) A Poet's Tears of Porcelain
11) Outro
DISCOGRAPHIE
« Pour les écorchés vifs. On en a des sévices. » Noir Désir. Pour ceux dont la peau a été enlevée à la naissance et n’a jamais repoussé, chaque minute est une souffrance. Ils n’exagèrent pas.
- Oh Dieu, donne-moi ne serait-ce qu’une minute de bonheur ! Je t’en supplie !
- Tu en auras quarante-cinq.
Silence.
- Tu auras quarante-cinq minutes. Mais je te préviens, le retour sur terre sera dur.
Le Noir Vierge se distingue du noir classique par sa brillance, sa splendeur et par la lumière noire qu’il projette. Le Noir Vierge est sombre et romantique. Qu’il joue du black, du doom, du gothique, ou du neoclassique, qu’il utilise des beats comme sur "Walk Without Limbs" ou "Lamenting Kiss", il transcende tout ce qu’il touche. Et la voix… Le plus bel organe du genre, capable de gémir, de hurler ou d’enclencher le mode lyrique à volonté. Rowan est le Mike Patton du monde des corbeaux et contribue de manière déterminante à rendre cette œuvre parfaite, œuvre dont il serait fallacieux d’extraire des bouts pour en vanter les mérites. Vous n’allez pas découper un tableau de maître sous prétexte que tel personnage vous inspire plus qu’un autre ou que le coucher de soleil là-bas au loin est magnifique, hein ? Là, c’est exactement pareil et pointer du doigt un morceau donné de l’œuvre confine à la plus totale hérésie. Alors bien sûr, quelques titres attirent plus l’attention que d’autres. "Walk Without Limbs" de par sa fin électro frénétique un peu surprenante, "Lamenting Kiss" à la violence raffinée et longtemps latente, ou le cri du cœur qu’est "I Sleep With the Emperor", aussi court que violent et torturé – pour une fois vous pouvez même lire les paroles sans vous brûler les yeux. Pour apprécier pleinement cet album, il est néanmoins indispensable de rentrer à l’intérieur de soi-même, afin d’obtenir le teint blafard adéquat et d’écouter LE chef-d’œuvre du genre de manière ininterrompue.
Ayez au préalable dit d’aller se faire foutre à tous les gens se moquant de la grandiloquence, de l’affectation et du maniérisme des corbeaux, puis préparez-vous à expérimenter l’alternance de l’abattement, de la rage, de la mélancolie, de la plus profonde tristesse et puis finalement de la joie – bien sûr ! La joie de pouvoir écouter l’unique groupe ayant réussi à parfaire l’édifice qu’avaient commencé à bâtir Sadness et MonumentuM – un an après le premier effort de Virgin Black, ces derniers allaient d’ailleurs sortir un Ad Nauseam remarquable à défaut d’être irréprochable. La différence entre Sombre Romantic et des œuvres capitales comme Ames de Marbre ou In Absentia Christi ? L’absence totale de temps mort et une utilisation impressionnante de toute la gamme d’instruments et de sonorités que l’on associe à ce registre, des chœurs aux sonorités black et doom en passant par le piano et les beats évoqués en début de chronique. La beauté des morceaux plus lents, plus ambient et a priori moins catchy, "Museum of Iscariot" en tête. Et Rowan, bien sûr. Difficile de ne pas frissonner en l’entendant se plaindre sur "Lamenting Kiss" ou feuler sur "Of Your Beauty"… Je pourrais disséquer chaque titre et croyez-moi, le site des Eternels tout entier ne suffirait pour héberger la chronique. Simplement, ce n’est pas le but. Ce que j’aimerais, c’est juste que vous tentiez l’aventure.
L’année où Shape of Despair sort Angels of Distress, Virgin Black crée Sombre Romantic. 2001 n’est pas l’année de l’odyssée de l’espace mais celle de l’alliance totale entre metal et gothique. Une fois de plus, ce sont des Australiens qui sortent un album parfait que personne n’égalera, pas même eux, malgré trois autres albums plus que dignes. Les fans de Rowan et Samantha attendent encore pieusement une possible résurrection de la bande et la sortie du mythique Requiem – Pianissimo. Une seule certitude : le niveau de Sombre Romantic si parfaitement nommé, ne sera plus jamais atteint.