CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
6/20
LINE UP
-Daniel Neagoe
(chant)
-Mark Antoniades
(guitare)
-Steffan Gough
(guitare)
-Chris Davies
(basse)
-Adriano Ferraro
(batterie)
TRACKLIST
1) Cenotaph
2) A Somber Guest
3) This Goodbye, The Goodbye
4) Loss
DISCOGRAPHIE
Trop, c'est trop. Et tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise, la cruche, à l'eau, quoi. - Plus sérieusement : où donc est passé le groupe qui avait fait naître, lors d'une vision fulgurante, le très beau Canto III ? Un disque de doom qui avait eu le talent de sortir du lot, d'éviter certains écueils propres au doom extrême, et qui, aussi imparfait fût-il, valait a minima un bon coup d'oreille. Dear Insanity, le successeur de Canto III, avait été un raté et il était crucial de se ressaisir avec la suite. Or, cette suite, c'est Cenotaph, et pour ce qui est de se ressaisir, c'est encore raté...
Une nouvelle fois, Cenotaph, à la pochette tristement pleine de logiciel de dessin, s'inscrit dans la mouvance la plus mollassonne du doom metal. Pas le « funeral doom », mais le « funeral doom mollasson », dans lequel rien ne se passe et, pis encore, dans lequel les émotions sentent le fake à quinze lieux à la ronde. Impossible de s'émouvoir de cette musique. Pour du doom : c'est un problème. La production est pourtant lourde, vraiment bien lourde, et ce serait très bien ainsi si les compositions suivaient qualitativement. Or elles ne suivent pas, pour cause de vide, de néant, d'absence et de creux. Il ne se passe pas souvent grand-chose sur Cenotaph ; en parler relève d'ailleurs de la gageure. Ce nouveau gros bébé se contente le plus souvent d'aligner le b-a ba du doomster de l'extrême. Les riffs sont longs et s'étirent en de toutes aussi longues plages auxquelles manquent trop souvent la mélodie ou un impact émotionnel quelconque. Lesdites mélodies sont rehaussées à coups de touches blanches et noires : celles des claviers pour l'ambiance, celles des piano pour la simili-tristesse. Le chant est alternativement caverneux (et il sait parfaitement l'être, pour le coup : un très bon point) et clair (et il sait aussi l'être parfaitement quand il le faut : rien à redire sur le chant, finalement) mais d'une prédictibilité désarmante. Tout est prévisible. Tout est faux. Tout est trop peu. Trop lent. Tout ne ressemble qu'à une posture.
De la posture à l'imposture il n'y a qu'un pas ; pas qui n'est pas encore franchit par Eye of Solitude. Le doute surgit néanmoins au détour d'une question : et si Eye of Solitude n'était qu'une bande de bons élèves ? un groupe d'intellos sans imagination qui récitent leur cours par cœur ? L'écoute de Cenotaph dévoile bien davantage un catalogue de tout l'attirail indispensable du doomster qu'une toile de maître, là où Canto III, encore lui, semblait nous promettre l'inverse. Comme si cela ne suffisait pas, quelques fautes de goûts infâmes sont à ajouter au tableau. La double pédale, rare, sonne incroyablement mal, plastique, et avale le reste lorsqu'elle apparaît. Vade retro ! Quand on connaît le potentiel du groupe dans le domaine de l'accélération qui bastonne, on a de quoi être frustré. Sans ces accélérations, qui manquaient également à Dear Insanity, rien ne se passe de notable au cours du Cenotaph. Alors voilà, cette chronique est décousue comme le disque. Et les moments qui valent la peine d'être lus sont rares comme les passages qui valent véritablement la peine d'être écoutés sur ce disque. Cenotaph ne brille que par à-coups, bien trop rares. Eye of Solitude n'a pas (ou plus) le génie de la lenteur.
La conclusion sera brève et sans nuance: Cenotaph est une déception. Suite logique de Dear Insanity, qui confirme le choix de ne pas suivre la voie dynamique que prenait le groupe sur Canto III, ce nouvel album incite à ne plus s'intéresser au groupe que de loin. C'est à regret que j'annonce la fin de mes attentes envers Eye of Solitude. Que j'aimerais néanmoins voir renaître lors d'un prochain tome de son histoire. Éventuellement.