CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Asphodel
(chant)
-Baptiste Bertrand
(instruments)
-Aymeric Thomas
(batterie)
TRACKLIST
1) Rules Of The Show
2) Fucking Freaking Futile Freddy
3) Meow Meow Frrru
4) No Guts = No Masters
5) Bark City (A Glimpse Of Something)
6) Purple Tastes Like White
7) I Hope You Sleep Well
8) Well-oiled Machine
9) Chairleg Thesis
10) Fumigène
11) LVI
12) Hemn Be Rho Ðie Samen
DISCOGRAPHIE
Allez, avouez-le. A la vue du nom vous avez tous tenté de faire des O plus ou moins appuyés, histoire de bien le prononcer. Mais arrêtez de vous déboiter la mâchoire sans raison, il s’agit d’un dessin et ça se prononce Chenille. Derrière cette jolie idée se cache deux Français pas totalement inconnus : Asphodel, ancienne chanteuse du loufoque Pin-Up Went Down, et Baptiste Bertrand, ex-guitariste du très fusion Human Vacuum. Si à cela on ajoute Aymeric Thomas, batteur de Pryapisme, vous vous doutez bien que Samen ne va pas vous proposer un disque de grind, mais davantage un ensemble totalement barré de styles des plus divers. Et le pire, c’est que ça tient sacrément la route.
Accrochez-vous. Chenille n’est pas un groupe qui s’apprivoise à la première écoute. Hybridant ses morceaux de différents styles, les Français n’hésitent pas à commencer par un "Rules of the Show", aux accents proche de Diablo Swing Orchestra pour se diriger joyeusement vers une montée à la Devin Townsend et enchaîner sur grooves et growls bien sentis propres à faire trémousser le popotin. Bref, Samen commence avec du très lourd et la suite ne démentira pas les capacités de Baptiste Bertrand à mettre en place des changements de rythmes, de styles et d’ambiances toujours fluides et bien trouvés. Asphodel n’est pas en reste. Faisant feu de tout bois, elle impressionne avec toutes ses voix qui s’adaptent aux différents délires jusqu’à incarner véritablement les différentes pistes. Niveau morceaux, certains étonnent par leur folie et leur énergie (les délires chiptunes de "Meow, Meow Frrru" ou de "No Guts = No Masters"). D’autres savent davantage raconter une histoire à l’image de l’ambiance lente de "Bark City" qui, d’un coup, s’accélère pour nous mener joyeusement dans des bars plus mouvementés et joyeux. On peut aussi penser à l’excellente "Chairleg Thesis" qui mêle mélodie indus et passages bucoliques. Bref, la diversité de cette Chenille ne cesse de surprendre au fils des écoutes.
Car si l’on parle ici des différentes ambiances et des métissages de styles, ceux-ci sont rendus possibles par une production extrêmement léchée et la variété des instruments utilisés. Au côté de ceux de tout bon groupe de metal, on retrouve aussi du didgeridoo, des sons chiptunes, et des instruments classiques comme le violoncelle, le violon ou la contrebasse. Les Français ne se sont rien refusés et le résultat donne une coloration à la fois naturelle et moderne aux compositions comme le montre la classe de "Well Oiled Man" et son solo de saxophone, les différents samples utilisés sur "I Hope You Sleep Well" (encore une fois, l’histoire est extrêmement bien racontée) ou "Fucking Freaking Futile Freddy". Mais le groupe sait aussi être beaucoup plus sérieux avec la très belle "Purple Tastes Like White" où la voix d’Asphodel est sublime ou encore sur la montée en puissance de "LVI" et son final poignant. Côté déception il n’y a pas grand-chose à dire. Peut-être peut-on regretter un morceau final un peu en deçà et parfois une relative difficulté à digérer le fourmillement d’idées constant du disque. Mais ce serait vraiment faire la fine bouche pour un premier essai aussi généreux.
Drôle, envoûtant, fou, enjoué, malin. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce premier album de Chenille. On pensait ne plus pouvoir entendre Asphodel après son départ de Pin-Up Went Down, mais c’est dopée par les compositions de haute tenue de Baptiste Bertrand qu’elle nous revient. Et pour tous les amateurs de musiques aventureuse et barrées, qu’ils n’hésitent pas à se procurer cette pépite. Quand la Chenille Samen, c’est le plaisir musical qui redémarre ! (pardon…)