CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Scott Lewis
(chant)
-Cory Arford
(guitare)
-Jordan Lockrey
(guitare)
-Fred Calderon
(basse)
-Shawn Cameron
(batterie)
TRACKLIST
1) Dark Heart Ceremony
2) Slow Death
3) Drown Me Into Blood
4) Pale Ghost
5) Black Candles Burning
6) Six Feet Closer To Hell
7) Necrotoxic
8) Life Fades To A Funeral
9) Countess Of The Crescent Moon
10) Servants To The Horde
DISCOGRAPHIE
I-M-M-O-B-I-L-I-S-M-E. Onze lettres qui font peur de nos jours. Un ressenti omniprésent dans le monde du deathcore, si tant est que celui-ci existe réellement encore. Carnifex étant l’un de ses piliers, il est normal d’en attendre un peu plus de leur part que des autres milliers de groupes qui naissent et qui meurent aussi vite. Nouvelle tentative avec ce Slow Death qui, espérons-le pour eux, ne soit pas de mauvaise augure.
« Qu’y a-t-il encore à tirer de Carnifex ? ». C’est la question que beaucoup de monde se pose. Si l’on s’en tient aux deux dernières chroniques de mes confrères des Eternels, la réponse serait : « plus grand-chose ». Mais celles-ci étant un tantinet sévère, je vous proposerai la réponse : « pas mal de choses ». Car s’il est vrai que l’on met souvent en avant leur musique réchauffée, réutilisée à outrance au fil des années, leur deathcore toujours aussi brutal et leurs breakdowns toujours aussi fréquents, on omet aussi souvent d’appuyer sur les nouvelles caractéristiques somme toutes intéressantes que la bande de San Diego inocule au fur et à mesure du temps. Et l’on a beau dire ce que l’on veut, avec le désert de Gobi actuel dans le style, on ne va pas cracher dessus. Ces innovations ne sont d’ailleurs pas si récentes que ça. Elles datent d’avant le mini-split d’un an que les Américains avaient déclaré en 2012. Leur dernier opus en date, Until I Feel Nothing, avait laissé entrevoir quelques assimilations de death mélodique et surtout d’un black symphonique qui se mariait parfaitement à la brutalité qu’on leur connait. Très discrètes, ces touches s’étaient noyées dans la masse lourde et puissante de l’album en entier.
Mais trois ans plus tard, bis repetita. Nouvelle tentative de se distinguer et de se renouveler avec Die Without Hope, et son apport de black metal beaucoup plus conséquent, ainsi qu’un ralentissement général du tempo pour un étirement des chansons, passant ainsi d’un petit trente-deux minutes à un bon trente-huit minutes pour le même nombre de chansons, à savoir dix. Et comme les Californiens sont amoureux de ce chiffre depuis Hell Chose Me en 2010, ils ont décidé de réitérer la chose en 2016 avec ce Slow Death, en soustrayant une petite minute par rapport à Die Without Hope. Le line-up étant préservé, le label étant conservé, la musique n’en sera donc pas chamboulée. Simplement améliorée. Comprenez par-là qu’ils ont gardé la recette d’il y a deux ans, en la fouillant beaucoup plus, en la creusant au maximum, en exploitant la piste jusqu’au bout. C’est une certitude, Carnifex a définitivement mis au placard son deathcore ancestral, avec sa caisse claire au son de sabot de cheval. C’est désormais un deathcore moderne, si l’on peut nommer ce style ainsi. Un deathcore brassant et mélangeant moult sonorités.
Le Carnifex nouvelle génération s’appuie donc sur une base deathcore toujours fortement présente, en incorporant de très nombreux passages chers au black metal. Présent dans toutes les chansons, par l’intermédiaire des blast beats ou des tremoli (« Dark Deart Ceremony », « Drown Me In Blood », « Black Candles Burning »), on le ressent également avec les nappes de clavier tirées d’un Winds Of Plague (intro de « Dark Heart Ceremony ») ou Make Them Suffer (« Pale Ghost »). Allant se frotter à un black/death digne d’un Behemoth dans ses plus grandes heures (« Countess Of The Crescent Moon »), les Américains semblent être revenus aux origines paternelles du deathcore (« Necrotoxic »). Celui-ci reste quand même bien implanté (2’37 dans l’ouverture, « Black Candles Burning ») que ça soit grâce aux breakdowns (« Pale Ghost », « Six Feet Closer To Hell ») ou des passages typés deathcore progressif. Sans oublier la petite pointe de Djent nécessaire pour rester dans la tendance actuelle (« Drown Me In Blood », « Servants To The Horde). Le tout sous la houlette d’un Scott Ian Lewis qui a admirablement su modeler son chant tantôt scream, tantôt growl, et en abandonnant une bonne fois pour toutes ses pig squeals. Et quand aux agréables soli présents dans CHAQUE titre de l’album, ils prouvent, s’il le fallait encore, que la formation est passée dans une dimension tout à fait nouvelle.
Slow Death aurait pu s’appeler Die Without Hope 2, sans contestation. Mais s’il s’appelle ainsi, c’est bien parce que Carnifex s’est assagi, a ralenti sa cadence assassine au profit de chansons plus structurées et plus variées qu’à l’accoutumée. Les mauvaises langues qui pensaient que l’intitulé du disque était une prophétie néfaste peuvent aller se rhabiller, on en est loin. Car ce sixième album est très certainement le plus abouti jusqu’à ce jour.