CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7/20
LINE UP
-Claus Ulka
(chant)
-Stephan Gall
(guitare)
-Florian Füntmann
(guitare)
-Martin Grossmann
(basse)
-Janosch Rathmer
(batterie)
TRACKLIST
1)The Scavenger
2)Sentiment Is Missing
3)Guilty As a Sin
4)To My Enemies
5)Lay This Burden Down
6)Catalogue of Carnage
7)Engraved in Stone
8)Sounds of Brutality
9)Storm of Ideals
10)Fall of Envy
DISCOGRAPHIE
Vous connaissez le principe de la liposuccion, j’imagine : on retire la graisse disgracieuse pour que les rondeurs gênantes s’atténuent et que le corps devienne plus séduisant qu’il ne l’était avant l’opération (enfin selon les goûts de chacun, les amateurs de rondeurs pourront me trouver chameau d’affirmer une telle chose). Misery Speaks semble avoir de son côté inventé une méthode révolutionnaire : la qualitésuccion. Et méthodiquement, le groupe fait subir leur principe à At The Gates, Edge Of Sanity et Entombed pour ne citer qu’eux, laissant derrière eux cet objet duquel on a retiré tout ce qui pouvait être séduisant.
Catalogue of Carnage est donc un album tout à fait médiocre, disons le tout de go. Le death metal typiquement nordique à tous les niveaux (production, chant, mélodie…) pompe allègrement à droite à gauche pour tenter de justifier son héritage, même si dans les faits Misery Speaks nous vient d’Allemagne. Mais peu importe, on sait bien que la mondialisation repousse les frontières, parfois pour le meilleur et parfois moins. Et en l’occurrence, pour le coup, Misery Speaks aurait peut-être dû se contenter de faire comme la majorité de ses compatriotes : du gros heavy metal à la bière. Et laisser le death mélodique à ceux qui savent le faire, et qui pour la plupart l’ont déjà très bien fait.
Catalogue of Carnage est plutôt un catalogue de la médiocrité, tant l’album ne décolle réellement quasiment jamais. Citons le titre d’ouverture avec un break sympathique, le titre de fermeture avec son final à peu près réussi, mais entre les deux… calme plat. Alors oui, comme dit plus haut, on peut penser à certains groupes dans les influences, mais même ces références pourtant illustres ne parlent pas en faveur de Misery Speaks tant les Allemands les ont mal digérées. Le riff d’intro de "To My Enemies" aurait pu figurer sur Slaughter of the Soul un jour où At The Gates aurait perdu l’inspiration, celui de "Engraved in Stones" sur Purgatory Afterglow à un moment où Swäno faisait un Scrabble en même temps qu’il composait et quant à celui de "Sentiment Is Missing", Entombed aurait éventuellement pu le sortir si leur boîte de production leur avait demandé avec insistance un titre de remplissage.
Voila donc ce que nous offre ce très dispensable Catalogue of Carnage tout le long de ses quarante-cinq (longues) minutes. Alors oui, on y trouve des gros riffs, des accélérations, une voix énervée pas aussi rauque que celle de Swäno voire même un peu de blast, la production est relativement réussie à défaut de posséder une véritable personnalité, mais de nos jours c’est loin de suffire pour se démarquer dans un créneau en passe d’être saturé par le nombre des productions. Misery Speaks ne prend aucun risque, rabachant une recette éprouvée depuis un moment sans y ajouter ne serait-ce qu’une pincée de sel. Les titres se ressemblent et oublient de proposer la moindre originalité, si ce n’est une mélodie sympathique de-ci de-là ou un riff qui fait tendre l’oreille, mais en trop peu d’occasions pour réveiller l’auditeur qui reçoit les décibels de Misery Speaks comme on reçoit une pub de La Redoute : on la lit d’un œil morne et on la jette.
Pas de regrets à avoir : le mouvement death mélodique est assez vif ces derniers temps pour avoir de quoi s’en mettre dans les oreilles sans être en manque. On oubliera donc avec soin cet album qui rappellera peut-être à certains les grandes heures du death suédois des années 90s mais ne provoquera chez les autres qu’un dédain poli.