CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-François Blanc
(chant)
-Guillaume Fleury
(guitare)
-Mathieu Taverne
(basse)
-Morgan Velly
(batterie)
TRACKLIST
1) L'horloge
2) Naphtalia
3) Sainte Chimère
4) Les frissons des cimes
5) Une ombre régit les ombres
6) L'enlèvement d'automne
DISCOGRAPHIE
- Le prince, n’écoutant que son courage, vola au secours de la princesse en péril. Il terrassa le furieux dragon et délivra sa bien-aimée. Ils rentrèrent au pays où ils furent reçus en héros et vécurent…
- Heureux et eurent beaucoup d’enfants, oui, on connaît.
- Ah non.
- Non ?
- Ils vécurent deux mois dans une parfaite harmonie, mais, pris de remords, le prince chercha à connaître les géniteurs du dragon qu’il avait occis. Il apprit alors que le père du monstre cracheur de flammes travaillait pour la NASA sur un projet intitulé « Wormholes ». Des trous de ver certes, mais pas n’importe lesquels...
Les apparences sont parfois trompeuses. Une demi-heure durant, Une ombre régit les ombres berce l’auditeur au doux son d’un black atmosphérique aux accents épico-folk. La musique, relativement austère, baigne dans une ambiance poétique conférée par l’utilisation judicieuse de la guitare acoustique et, surtout, la voix claire. Le qualificatif « claire » n’a d’ailleurs jamais autant été approprié : François Blanc n’a peut-être pas l’organe vocal le plus puissant du monde, mais son timbre balsamique fait monter de plusieurs degrés le niveau de plaisir de l’auditeur friand de ces type de vocaux. Bref, Abduction entraîne le fan vers des paysages musicaux simples, pas foncièrement novateurs, mais tout de même très évocateurs de temps passés où l’héroïsme ne se mesurait pas encore au nombre des tweets assassins publiés. Une seule chose peut alors mettre la puce à l’oreille du connaisseur : la sécheresse –pour ne pas dire l’absence. Oh et puis si, disons-le : l’absence– de transitions entre les différents plans.
La brutalité, comme la douceur, surgissent systématiquement sans crier gare, comme dans bien des albums d’un metal plus… technique. Technique, le mot est lâché. Alors, non, Une ombre régit les ombres ne rivalisera pas avec Colored Sands, mais à partir des "Frissons des Cimes", Abduction montre un visage beaucoup moins direct, plus tortueux –voire tarabiscoté. Les plans continuent à se succéder sans être véritablement liés les uns aux autres, et si François continue à ravir nos oreilles, l’ensemble est, volontairement, beaucoup moins fluide. On se rend alors compte que l’album des Versaillais est plus ambitieux que ce que l’on aurait pu imaginer au départ : les artistes ne se contentent pas du conte black metal chevaleresque initial, ils veulent rendre l’histoire plus complexe, et ils y arrivent. Néanmoins, tout a un prix et ce surplus de technique nuit à la beauté de l’ensemble. En ce sens, je préfère la simplicité de "Naphtalia" au foisonnement du titre éponyme de l’œuvre , par exemple.
Il y a un public pour Une ombre régit les ombres, c’est certain. Si vous aimez mélanger black francophone sec et atmosphérique, parfois hargneux, et riffs plus alambiqués surgissant au détour d’un virage, n’hésitez pas un instant. Pour ma part, si je trouve cette option respectable et même appréciable, j’aurais bien aimé qu’Abduction s’en tienne au conte de princes et de princesses...