CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Mathias Lodmalm
(chant+guitare)
-Anders Iwers
(guitare)
-Lars Rapp
(basse)
-Tomas Josefsson
(basse)
-Markus Nordberg
(batterie)
TRACKLIST
1) Bitter Seed
2) Ebony Rain
3) Hunger of the Innocent
4) Scarecrow
5) Black Flowers of Passion
6) Last Departire / Serpentine Parade
7) Sweet Tragedy
8) Pale Autumn Fire
9) Out in Sand
10) Rosemary Taste the Sky
DISCOGRAPHIE
Pourquoi lui et pas un autre ? Les génies et/ou précurseurs mis à part, quels éléments déterminent que tel groupe puisse connaître le succès – relatif ou non ? Le talent ? Sans doute, mais d’autres facteurs volatiles entrent en jeu. Tenez : Cemetary. Pourquoi Tiamat oui, et eux, non ? Certaines personnes ont peut-être la réponse, moi non. Ce qui est sûr c’est que le fait que des albums de la trempe de Black Vanity soient à ce point méconnus, c’est dommage.
Cemetary a commencé son périple avec du bon vieux death des familles (old school forcément, vu l’époque), mais dès Godless Beauty, et ses mélodies se démarquant assez sensiblement du gros de la production death metallique de l’époque, on sent que les compatriotes de Mats Wilander ont des envies d’ailleurs. 1994 : il doit souffler sur la Suède un vent de changement – comme aurait dit Scorpions – puisque Tiamat, Edge of Sanity et donc Cemetary osent adoucir sensiblement leur propos. Tiamat met du miel (sauvage) dans sa musique, mais ne cède pas tout de suite au chant des sirènes gothiques, préférant batifoler du côté des terres de Pink Floyd, Dan Swanö, lui, y succombe partiellement. Quant à Cemetary, ils plongent la tête la première dans l’océan d’amertume du metal gothique. On peut débattre pendant des heures sur les intentions de Johan Edlund sur Wildhoney, celles de Cemetary sont limpides. Adieu le growl et les sons sordides, bonjour les rythmiques pesantes et les mélodies douces-amères. Black Vanity est un album lourd, clean et en tout point automnal.
Le timbre un brin rauque de Mathias Lodmalm sied parfaitement à cette ode à Paradise Lost et The Mission, la section rythmique, très mise en avant est faite pour séduire las fans du premier groupe (sur "Scarecrow", son côté implacable rappelle "Pity the Sandess"), les refrains, simples mais pas simplistes, ravissant, eux, les fans du second. L’enchaînement des quatre premiers titres frôle d’ailleurs la perfection du genre, le douloureux "Bitter Seed" en tête, où Mathias nous transmet pleinement son mal être. Le seul hic, hélas commun à plein d’albums, c’est qu’après l’intermède poétique "Black Flowers of Passion", Cemetary peine un peu à repartir en avant et il faut attendre l’excellent "Pale Autumn Fire", dont la rythmique en plomb et le refrain facilement mémorisable auraient pu faire de ce titre l’hymne du groupe s’il avait acquis la notoriété suffisante, pour ressentir à nouveau les frissons provoqués par la première partie. Mais les titres légèrement moins inspirés de cette seconde moitié d’album ne ternissent pas vraiment la qualité d’une œuvre qui reste aujourd’hui l’un des meilleurs compromis entre puissance heavy/doom et mélancolie.
Black Vanity est certes un album de transition pour un groupe qui passera du death metal à des ambiances glauques à la Marilyn, mais il peut s’apprécier en soi, sans besoin de connaître la discographie des Suédois. Puissante et triste comme un beau jour d’automne, cette œuvre a été injustement conduite au grand cimetière des albums anonymes. Donnons-lui une chance d’en sortir.