CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Lee Dorrian
(chant)
-Tim Bagshaw
(guitare)
-Leo Smee
(basse)
-Alex Thomas
(batterie)
TRACKLIST
1) Isolation
2) Egyptian Tomb
3) Reincarnation of Yesterday
4) Cocaine Phantoms
5) Watching the Ward Go By
6) Anemia
7) CV1
DISCOGRAPHIE
Il y a moins de deux ans, les fanatiques de doom puissant avaient pu se régaler de la première offrande de With the Dead. Pour ceux qui auraient la mémoire courte, ce groupe est la réunion de monstres du genre. Jugez plutôt : il réunissait l’ancienne section rythmique d’Electric Wizard accompagnée par le maitre Lee Dorian, de retour aux affaires, après avoir mis un terme aux activités de Cathedral. 2017 voit donc la réapparition de la formation qui repousse les limites qu’elle ne s’était finalement jamais fixées.
Quelques changements de line-up ont secoué With the Dead depuis ses débuts. Mark Greening a quitté ses camarades pour divergences d’opinion, d’après certaines sources, remplacé par Alex Thomas. Tim Bagshaw est pour sa part toujours responsable des guitares, mais il a cependant délégué son poste de bassiste à Leo Smee, bassiste historique de Cathedral. L’ensemble est donc devenu un quatuor, emmené une fois encore par le charismatique Lee Dorian derrière le micro. Que les fans se rassurent, ces remous n’ont semble-t-il eu aucunes incidences sur la musique proposée. Cette dernière s’affirme d’ailleurs plus sombre que jamais. Rapidement pris à la gorge, l’auditeur aura du mal à se défaire des riffs poisseux qui pullulent dans cette œuvre. Lee et ses amis ne sont pas ici pour s’amuser. Ils veulent offrir leur vison du monde actuel, où la violence et la haine règnent. Cette source d’inspiration inépuisable prend la forme de sept morceaux d’une lourdeur troublante et jouissive. Ne cherchez pas de passages endiablés, la formation se délectant au contraire de riffs pachydermiques. Les aficionados du style auront ainsi leur dose de lourdeur pour quelques mois.
Jouer à un tempo lent ne permet cependant pas de faire pour autant un bon album de doom. Il faut être capable d’y ajouter d’autres ingrédients pour qu’opère l’alchimie et éviter ainsi que l’ennui ne vienne pointer. La force de ces quatre chantres de la fin du monde réside dans leur capacité à terroriser l’auditoire à l’aide d’une musique épaisse à souhait. Pas facile de pénétrer de prime abord ces compositions qui s’étirent souvent. La simplicité apparente des morceaux n’est pas synonyme de facilité d’accès. Le groupe parvient cependant à tisser une ambiance apocalyptique des plus angoissantes avec aisance. N’oublions pas que nous sommes en présence d’un doom aussi sincère que réussi et que les sentiments qu’il provoque sont sépulcraux au possible. Abus de drogue et autres joyeusetés sont au programme. Ces funestes pièces ont été enregistrées sous la houlette de Jaime Gomez Arellano, qui est parvenu les magnifier. Le son est en effet ici hallucinant. Les guitares retentissent comme autant de coups de semonce prévenant du déluge qui va s’abattre, soutenues par une section rythmique massive. Elles esquissent des hymnes sinistres desquels s'échappent les incantations de Dorian. L’homogénéité de l’album rend délicat le fait d’isoler un titre. Le disque se déguste ou se subit d’une traite, nous entraînant toujours plus profond dans les entrailles infernales esquissées par les Britanniques.
L’amour que vous porte With the Dead est des plus particuliers. Ses membres vous font malgré tout l’insigne honneur de partir avec eux dans un univers lugubre et étouffant. Véritable exutoire, d’une virulence peu commune, ce deuxième album va encore plus loin que son prédécesseur. Le public averti devrait remercier Dorian et compagnie de ce témoignage monstrueux, à l’image du monde dans lequel nous tentons de survivre. L’effondrement de la terre a trouvé sa bande-son.