Designed Via Strength & Respect. Après s’être appelé Devastator, mais ayant dû changer en raison du grand nombre de formations déjà affublées de la sorte, les Australiens ont donc décidé d’être conçus par la force et le respect. Et ils reviennent deux ans plus tard, avec un EP et une thérapie.
Fumant, buvant, rigolant, se relaxant, profitant tout simplement du bon temps, le quatuor australien est là, posé devant une webcam, répondant dans une ambiance, on ne peut plus détendue, à leurs fans, durant ce qu’on peut appeler, une « therapy session », ou une session thérapeutique dans notre langue natale. Car oui, comme vous l’aurez vite capté avec le titre du disque, c’est bien de thérapie dont il sera question ici, avec ce deuxième effort produit par le groupe, après leur album-éponyme sorti en 2015. Mais cette fois-ci, c’est sous la forme miniature d’un EP auto-produit, que les Aussies nous font parvenir leur musique. Moins d’une demi-heure de thérapie, qui vous sera quand même facturée beaucoup moins chère que chez un psychiatre. Allongez-vous.
Parlons tout d’abord de la forme. Ce n’est donc plus en tant que quintet que DVSR poursuit sa route, mais en tant que quartet, le guitariste Alessandro Sabato et le bassiste Adrian Tate, deux des membres fondateurs, ayant quitté le groupe en 2016. Seul ce dernier a été remplacé, par Julian Frank Ellul. Revirement de situation également concernant l’artwork. Si le précédent nous envoyait un flash lumineux à la figure, celui-ci nous renvoie dans l’ombre. Seul le logo subsiste en arrière-plan. De là à évoquer une dépression. . . Il n’en est rien, mais on peut plutôt assimiler ce contraste à une remise en question. Pour cela, il faut d’abord construire à nouveau les bases, le ciment entre les membres, recréer une cohésion, suite à l’arrivée d’Ellul. Sûrement une des parties les plus dures concernant la création de l’album.
Quand D.V.S.R mettait clairement en avant un côté groovy et fortement marqué par le metal, malgré une voix toujours claire et rappée, dans Therapy, on sent une volonté de s’orienter vers un monde plus hip-hop. Toute proportion gardée bien évidemment. Car ce ne sont pas des passages comme celui de "Therapy" à 1’20, les ponts de "The Devil In 95s", l’envolée djent après le deuxième couplet de "Detox" ou le groove de "Slave To The Beat" qui viendront appuyer ce côté hip-hop. En revanche, si vous voulez des envolées lyriques, avec un flow digne d’un Tech N9ne – influence majeure du chanteur Youkhana – jetez-vous sur la très courte "First-Degree" et le dernier titre "Ready For War", démonstration pure et dure de l’agilité linguistique de Anti-Matter.
A l’instar d’une consultation chez le psychanalyste, l’EP ne comporte pas un unique thème lyrique mais plutôt des pensées diverses qui sont venues à l’esprit de Matthew Youkhana. Chaque titre possède un sujet particulier, et véhicule une émotion unique. Quand "Slave To The Beat" critique le manque d’aide qu’apportent les labels aux groupes, "The Devil In 95s" relate une période cruciale et décisive de la vie du vocaliste. Enfin, la chanson unanimement reconnue comme étant la préférée des membres, "Detox" fait part d’une personnification de la femme en éthanol. Au final, chacune des sept compositions présentes sur cet EP est une thérapie.
Difficile de savoir si DVSR entame un virage dans sa discographie avec cet agréable EP. Trop court pour pouvoir fixer une ligne directrice, il affirme néanmoins un côté hip-hop/rap beaucoup plus prononcé, et vient également mettre une bonne dose de technicité et d’ambiance léchée par-dessus. A creuser et exploiter. En tout cas, une chose est sûre, cette thérapie aura été bénéfique.