CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-John Sheldon
(chant)
-Keith Finnell
(guitare)
-Steve Chin
(claviers)
-Derek DeSantis
(basse)
-Eric Pottle
(batterie)
TRACKLIST
1)Light the Fire
2)Paper Thin
3)Become
4)Tables Have Turned
5)Tranquilized
6)Nothing Left
7)Falling
8)Death Blanket
9)Point of View
10)Needed You More
11)Chupacabra
DISCOGRAPHIE
La Floride est plus connue pour ses groupes de death que ses groupes de metalcore et EkoTren tente de changer cet état de fait. Le groupe a beau exister depuis huit ans ils n'ont que deux EP à leur actif, et la naissance récente du label Blind Prophecy leur a enfin permis de signer pour sortir ce Light the Fire fort énervé qui constitue leur premier album. Et ô surprise, ils prouvent qu'il est encore possible de sortir un album de metalcore en 2008 sans que celui-ci soit une resucée de tout ce qui a été fait durant les deux dernières années ! Les braves petits...
Amateurs d'efficacité et de groove, bonjour. EkoTren est un groupe qui semble méchamment cogner à première vue, à l'image de son vocaliste John Sheldon qui s'affirme comme un beugleur metalcore aigu on ne peut plus convaincant. De plus son chant de goret enragé vient se poser sur un métal varié qui oscille sans cesse entre hardcore, néo, thrash et... heavy traditionnel (oui oui). Là où les groupes de metalcore se contentent de coller des harmonies dans leurs riffs thrashcore / melodeath pour sonner heavy, EkoTren n'hésite pas à se lancer radicalement dans le côté old-school. "Paper Thin" présente ainsi une intro en twin lead et des mélodies de guitares très typées... mais surtout une rythmique en tagadadada qui renvoie directement aux années 80 alors que le chant hurlé et le groove de la batterie maintiennent le tout dans la modernité. Ça fait son petit effet, surtout vue la facilité que le groupe a de passer d'un style à l'autre. "Tranquilized" est ainsi un single typique : gros riff Panterien en intro, couplet pop sur lequel le chant clair maniéré de Sheldon fait des merveilles, accents pop-punk prononcés... on est totalement à l'opposé du gros thrashcore hurlé à moshpit de "Light the Fire" (elle va tuer des gens en live, celle-là) par exemple.
Une autre particulartié d'EkoTren c'est d'avoir un clavier dont ils semblent ne pas se servir. En fait Steve Chin est surtout noyé dans le mix : on se rend compte à fort volume ou au casque qu'il soutient les riffs de guitare dans "Become" alors qu'à la base on pensait qu'il ne faisait que poser quelques notes de piano dans les couplets soft. Ce rôle de soutien réussit pas mal au groupe, et leur musique somme toute très directe devient susceptible d'être redécouverte lors d'écoutes plus attentives : on se rendra ainsi compte qu'il y a presque partout des nappes qui étaient passées inaperçues au départ. Les guitares et le chant restent de toutes façons au centre du jeu... ce qui ne signifie pas que cet album présente un déluge de riffs. On se rend effectivement compte à la longue que Light the Fire présente une proportion de titres mélodiques (certains diraient : mous) bien plus importante qu'on pourrait croire. "Falling" est une chanson de power-pop bien foutue, mais une chanson de power-pop tout de même. Les riffs hardcore et les hurlements de "Death Blanket" laissent vite la place à un refrain gentillet, et même si tout cela est bien fichu et varié la part de métal finit par être trop réduite, comme si le groupe n'avait pas su trouver un équilibre.
EkoTren est indéniablement une formation de compositeurs aventureux et sans complexes, capables de balancer de la lourdeur comme de la finesse avec talent... mais dans ce cas pourquoi avoir relégué le lourd au second plan ? On sort de Light the Fire avec l'impression que toute la puissance est contenue dans les cinq premiers titres, et comme ils cognent dur c'est finalement assez frustrant. C'est de toutes façons très prometteur pour un premier album, espérons qu'ils sauront durcir leur propos à l'avenir.