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CHRONIQUE PAR ...

24
Crafty
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 13/20

LINE UP

-Mookie Singerman
(chant)

-Hamilton Jordon
(guitare)

-Michael Sochynsky
(claviers)

TRACKLIST

1)Board Up the House
2)Endless Teeth
3)Things Don't Look Good
4)Recursion
5)I Won't Come Back Alive
6)City on a Hill
7)The Whips
8)Blow Back
9)Colony Collapse
10)The Feast
11)Ergot (Relief)

DISCOGRAPHIE


Genghis Tron - Board Up the House
(2008) - grindcore electro - Label : Relapse Records



Genghis Tron est un groupe qui raconte tout par son nom. Genghis c’est la force, la brutalité même, et donc c’est profondément grind. Tron c’est le numérique, l’electronica, et donc c’est… électro. Grindelectro. Cybergrind. Oui cybergrind ça le fait un peu plus. Si le nom et les pochettes du groupe sont étranges, la musique n’est donc pas en reste non plus. Et pour couronner le tout, ils ne sont que trois, chanteur, guitariste et claviériste pour résumer. Alors, profondément crétin ou profondément Intelligent Dance Music ?

Le premier album Dead Mountain Mouth avait ravi une bonne partie de la critique, surtout pour le vent frais qu’il apportait. Évidemment, le second n’a pas cet avantage. Pour autant ils n’ont pas chômé sur la production une fois de plus. Un son limpide, efficace, toujours avec un rythme catchy. Mais là où l’évolution se fait sentir, c’est sur les compositions. Autant Dead Mountain Mouth était schizophrène parfois jusqu’à la nausée (avec ce que cela apportait de folie) autant Board Up the House est plus construit et structuré, un bon point donc. Parce qu’il y a toujours une folie évidente dans leur musique, il suffit de prendre l’interlude "Endless Teeth" pour le remarquer. Mais à l’écoute du premier morceau éponyme, le progrès concernant la construction d’un titre se fait sentir. Plutôt qu’un progrès on devrait parler d’une orientation, car ils n’ont pas réellement perdu de leur folie, ils l’ont juste mieux canalisé. Un peu comme Protest the Hero (le côté ado pré pubère en moins) sur son dernier album, d’ailleurs la gratte d’Hamilton Jordon et le clavier de Sochynsky tendent à sonner comme ceux de Between the Buried and Me et ces mêmes Protest the Hero. De là à parler d’effet de mode sur la production metal…

Quand on regarde à nouveau la pochette, tout cela se comprend aisément, l’ambition d’en mettre plein la vue, et plein les oreilles par extension, les couleurs vives (référez-vous là aussi aux pochettes des groupes sus-cités), la musique extrême et un peu mal de crâne. Il n’empêche que la musique de Genghis Tron est quand même bien foutue, par exemple l’enchaînement entre l’Aphex Twinien "Recursion" et le plus classique coreux "I Won't Come Back Alive" est parfaitement maîtrisé. Quand Singerman se prend pour Tetsuka Fukagawa (chanteur d’Envy pour les néophytes), ça rend bien, à défaut d’être exceptionnel, comme sur "City on a Hill". Mais par moment, on a l’impression que le groupe tombe dans la facilité, et c’est ainsi que "Blow Back" et ses airs sludge ennuient ou que les interludes de moins de deux minutes à la "Colony Collapse" perdent de leur saveur à la longue. Et puis il y a ce dernier titre, fleuve : "Ergot (Reflief)". Onze minutes étranges, où c’est l’humeur du moment qui détermine l’appréciation du morceau. Si on aime les instrumentaux (oui, on entend bien le chanteur au début, mais la teneur principale du morceau est ainsi faite que…) flottants et contemplatifs quoiqu’un peu lourds, ça peut très bien passer, mais sinon ça sera un quart de l’album difficile voire plat pour les plus exigeants.


Au final Genghis Tron maintient sa position de gentil OVNI attachant de la sphère metal. Sans avoir lâché le chef d’œuvre de l’année, ils peuvent avoir la tête haute car Board Up the House reste un album d’un bon calibre et fait partie des sorties les plus intéressantes de sa catégorie (si tant est qu’on puisse le ranger dans une catégorie). Une meilleure conciliation entre une folie plus grande et une maîtrise plus efficace pourrait faire des miracles à l’avenir et ranger le groupe entre Devin Townsend et Ephel Duath. En attendant on peut toujours voir le film de Steven Lisberger.


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