L’auteur-compositeur-remanieur-bidouilleur refusant de dévoiler la signification de son projet, vous devrez malheureusement rester dans le flou concernant Heptaedium. Les petits futés ayant fait option grec ancien au collège, voire au lycée, pourront se vanter d’avoir pu déchiffrer la première moitié, le préfixe « hepta » voulant dire « sept ». Voilà, on est bien avancé avec ça.
Remarque, ce qui est bien, même si nous ne saurons jamais l’exacte pensée de l’artiste au moment d’affubler ce nom à son entité – à moins de lui offrir plusieurs whiskys – c’est que l’on peut au moins le relier au nombre de titres présents sur ce disque, intitulé Underground Business. Et comme si cela ne suffisait pas : le chiffre sept continue à nous poursuivre, puisqu’il s’agit aussi du nombre d’années qui nous sépare de la création cette entreprise à l’appellation à la fois latine et scabreuse. C’est en effet en 2011, dans la banlieue parisienne que Florent Lambert entreprend d’étaler ses talents de musicien chevronné. Sous quelle forme ? Nous abordons là un sujet épineux.
Comment définir les sonorités jaillissant du skeud ici présent, ou même de la musique du français en général ? Si avec le premier album Monochronic Visual Interface, sorti en 2012, nous avions indubitablement à faire à du 8-bit à tendance électrocore, le compositeur à tout faire s’est ensuite orienté vers un style que l’on appelle plus subtilement nintendocore dans KAWAII!!, en 2015. Tout en prenant soin d’y incorporer quelques touches prog/djent, histoire de préparer le terrain fertile à Underground Business. D’aucun appellerait ça du baguettecore, mais laissons cette terminologie aux gens ayant un cerveau d’une dimension parallèle. Et si vous avez encore des doutes concernant le style, analysez cette délicieuse pochette avant de poursuivre la lecture ou même de démarrer l’écoute.
Entrée en matière nébuleuse avec l’introduction "Dark Lanes Of Mottled Cosmic Dust" on ne peut plus nintendocore. Mais ce titre passé, vous pénétrez dans l’entreprise souterraine d’Heptaedium. Une chanson mêlant moult sonorités électroniques avec des riffs djent, quelques rythmiques drum’n’bass, sans oublier une petite pointe de saxophone pour rendre le tout encore plus délirant. Exquis. Le condensé parfait de l’album. Quoi de mieux qu’une piste éponyme pour satisfaire à cela ? Dans la même veine, s’enchainent la bonne – quoique plus répétitive – "Nintendocore True Last Boss", ainsi que l’inquiétante et planante "Network Attacks". Puis, notre compositeur geek national s’est dit qu’une petite pause après tout ce charabia, ne serait pas inopportune.
C’est là qu’il vient placer le titre le plus ambiant, "Our World", digne d’un trou noir cosmique. Dans tous les sens du terme d’ailleurs, puisqu’aucun apport musical fondamental n’est apporté ici. Mais toute cette manigance n’était en fait destinée qu’à mieux vous préparer pour vous servir le dessert: "Space Cake". « I made a cake for you ». Étant impossible à décrire en détail, car partant dans tous les sens, il doit sûrement provoquer le même effet qu’un vrai space cake (d’après les rumeurs répandues sur Twitter, bien sûr). Prenez-en une part, et une bonne ! Car l’outro "Motionless" et sa grosse influence drum’n’bass ne vous comblera certainement pas autant.
Cet Underground Business est une bonne mise en bouche si vous voulez découvrir le monde décalé, pour ne pas dire parallèle, d’Heptaedium. Seulement trente petites minutes au compteur certes, mais il n’en faut pas plus pour cerner à quel genre d’énergumène nous avons à faire. Sûrement au même qui se trouve confortablement assis sur son trône, sur l’artwork.