CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Alexis Damien
(instruments+chant)
-Asphodel
(chant)
TRACKLIST
1)Intrusion
2)Esthete Piggie
3)Nearly Dead Bat Make-Up
4)Cadavres Exquis
5)Pussy Worship
6)Get Ready to Sweep
7)Yo-Yo Yes Then No
8)Only Some Shitty Chemical Stuff
9)Human Beat-Box Deluxe
10)Feat. Me/Feat. Us
11)Be My Idol Then My Fall
12)Serie Z I
13)Serie Z II
DISCOGRAPHIE
Attention, ça va faire mal. A ma gauche je vous présente Alexis Damien, ex-batteur de Wormfood, ex-batteur live de Carnival In Coal, multi-instrumentiste, compositeur et producteur. A ma droite je vous présente Asphodel, chanteuse de Penumbra, Howdy Effect, ex-Nowonmai... Au centre, je vous présente l'album le plus déjanté, le plus fouillé, le plus génial sorti depuis bien trop longtemps. Ca s'appelle Pin-Up Went Down, c'est complètement fou, ça va sortir bientôt et vous avez intérêt à l'acheter en masse. Voilà pourquoi.
Difficile de trouver un angle d'attaque quand le sujet étudié est si foisonnant, si complexe et les motifs de joie si nombreux. Doit-on parler d'abord des vocaux époustouflants d'Asphodel ou de la musique ébouriffante composée par Alexis ? Doit-on mettre plutôt l'accent sur la variété des styles abordés, que ce soit au niveau de l'album ou de chaque chanson individuellement ? Ou bien faut-il insister sur les transitions entre ces styles, sur la facilité avec laquelle on passe d'un métal brutal à un groove irrésistible ("Nearly Dead Bat Make-Up") d'un trip-hop aux accents celtiques à du métal gothique ("Cadavres Exquis), à une pop indus groovy décadente à la Stolen Babies à du rock-punk en passant par du gospel ("Pussy Worship")? Doit-on plutôt expliquer qu'Asphodel est fantastique quel que soit le style vocal qu'elle emprunte, ou plutôt conter la manière dont elle enchaîne une voix de gamine capricieuse à un chant lyrique surpuissant dans "Intrusion" ? A moins qu'il faille plutôt développer sur la transition entre inflexions soul nasales à la Amy Winehouse au début de "Yo-Yo Yes Then No" et chant dance-electro juste après. Doit-on seulement parler de la puissance du growl qu'Alexis pose ça et là ? Franchement, on est perdu.
Vous devriez avoir compris à peu près à quoi tout cela ressemble maintenant : un énorme fourre-tout où chaque nouveau plan est imprévisible mais ne tombe jamais à plat. Et malgré le CV du compositeur en chef (Alexis a composé tous les intrumentaux seul !) et la description qui vient d'être faite, tout ça ne sonne absolument pas comme une pâle copie de feu CinC. En fait il n'y a que le break disco/funk de "Nearly Dead Bat Make Up" - qui revisite au passage "Be Agressive" de Faith No More avec bonheur - qui rappelle Carnival, le reste de l'album explorant des domaines que le tandem Strobl / Wursthorn n'a jamais effleurés. Ecoutez "Only Shitty Chemical Stuff", ses claviers dancehall d'intro et son feeling Rammstein / dancefloor qui part parfois dans des ambiances à la Paradise Lost. Écoutez le thrash ravageur de "Be My Idol Then My Fall", ses accents Fear Factoriens et les délires vocaux d'Asphodel qui rappellent franchement un certain Nosfell par moments. Écoutez-la être capable d'émuler aussi bien Beth Gibbons de Portishead ("Cadavres Exquis") que Björk ("Série Z I") ! Écoutez tout cela, et vous comprendrez que cet album n'est réellement pas normal.
Cerise sur le gâteau, la production comme l'exécution instrumentale sont irréprochables. Alexis a réussi à concocter un son très crédible pour sa sauce : les guitares sont ultra-saturées, les claviers s'intègrent très bien, la basse est audible et renforce le groove... et surtout la prise de chant confine au parfait. L'homme a su capturer les mille et une personnalités de sa vocaliste qui sonne aussi bien dans le murmure que dans la force, et ses propres hurlements d'outre-tombe sonnent également très bien. La présence d'une batterie organique là où la plupart des groupes de délire optent pour une boîte à rythmes est un énorme plus : pas étonnant que cet homme ait été choisi pour jouer les parties réputées injouables des albums de Carnival ! On cherche donc en vain le défaut dans la cuirasse, ce qui rendra cet album moins balèze... et c'est vraiment difficile. Le dyptique "Série Z" qui le clôt en rebutera sûrement beaucoup, car il délaisse l'aspect fondamentalement catchy du reste de l'album au profit d'expérimentations avant-gardistes malsaines et minimalistes pour la partie I et doom pour la partie II. Et c'est tout : le reste n'est qu'enchaînements de génie, énergie sans pareil et chant hallucinant.
Pour un craquage, c'est un gros craquage. Pin-Up Went Down est le groupe déjanté qu'on attendait, et 2 Unlimited un générateur de kif brut comme peu d'albums avant lui. Si vous ne me croyez pas allez-donc faire un tour sur les chroniques de l'album présentes chez les collègues des autres webzines : ce truc est réellement cinglé et génial. L'album sort le 31 mars, vous savez ce qu'il vous reste à faire.