Mortiis -
Keiser av en dimensjon ukjent
- Qui êtes vous donc ?
- Nous sommes Lui. Il t’a appelé. Tu viens avec nous.
- Que me veut-il ?
- Te marquer de Son sceau.
L’un des hommes encapuchonnés me saisit le bras, avec douceur, mais fermeté.
- Tu viens, répète-t-il.
Nous nous mettons en route. Les couloirs éclairés par la lumière du crépuscule laissent place à une succession de grottes. Le soleil défaillant laisse la place à des torches qui projettent nos ombres sur les parois. Nos ombres. Elles me font peur. L’immensité du lieu aussi. Qui aurait pu imaginer la grandeur de ce réseau souterrain ? Quand des tambours se mettent à résonner au loin, je ne suis pas pris par surprise. Je m’y attendais. Tout comme je sais qu’Il voudra me montrer Sa toute puissance et faire défiler devant moi Son armée. Il n’empêche. Chaque visite est différente. Et merveilleuse. Nous commençons notre ascension en empruntant un escalier dont je ne vois pas la fin. Petit à petit, le rythme martial se fait entendre. Ses servants n’ouvrent pas la bouche. Ont-ils même une bouche ? Ils parlent, certes, mais une bouche… Quand j’arrive au pied de Son trône, je ne peux réprimer un frisson. C’est Lui, il n’y a pas de doute. Je m’agenouille et attends qu’Il me demande de me relever.
- Regarde ! ordonne-t-Il soudainement.
De son doigt il pointe la foule en contrebas. Je suis pris d’un vertige. Je sens Son regard dans mon dos.
- Ils scandent mon nom… constate-t-il.
Il se lève alors, et se dirige vers la rambarde contre laquelle je m’appuie. Ses serviteurs m’écartent. Un vent gelé se lève. La multitude a beau être située si loin de nous, les visages de Son peuple de soldats n’ont beau être que des points, je devine leur appréhension. Il leur parle dans une langue que je ne comprends pas. De Sa belle voix grave. J’aime ça. J’aime tellement ça. Tout est si grandiose dans Son royaume. Quand Il/ils me saisisse(nt) et me lancent par-dessus la rambarde, je n’ai même pas peur. La chute est belle, elle aussi. Le réveil, lui, est toujours un peu brutal. Passer de ce pur joyau qu’est "Reisene til grotter og ødemarker" à ce "Keiser av en dimensjon ukjent" assez pataud, au motif maladroitement répété n’est jamais chose aisée. Je devrais y être habitué : il se passe exactement la même chose sur Ånden som gjorde opprør. Un premier morceau sublime, un second moisi. C’est Sa loi. La loi du Sieur Mortiis.
Keiser av en dimensjon ukjent vaut pour son premier titre, un incroyable voyage au cœur du dungeon synth, épique et mystique. La seconde moitié de l’œuvre est, elle, bien dispensable. Mais quelque part, on s’en moque. J’attends avec impatience qu’Il ordonne à nouveau qu’on vienne me chercher, que je puisse feindre la surprise. Ça fait plus de vingt ans que c'est comme ça, il n'y a pas de raison que ça change.