CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Vibeke Stene
(chant)
-Kjetil Ingebrethsen
(chant)
-Østen Bergøy
(chant)
-Anders H. Hidle
(guitare)
-Einar Moen
(claviers)
-Rune Østerhus
(basse)
-Kenneth Olsson
(batterie)
TRACKLIST
1)Libre
2)Equilibrium
3)The Wretched
4)Cure
5)Circus
6)Shadowman
7)Endogenesis
8)Bird
DISCOGRAPHIE
Il n’est pas toujours facile pour un groupe de se remettre du départ d’un membre important, surtout quand des divergences d’opinions musicales entrent en jeu. Après que Morten Veland fût parti fonder Sirenia, les norvégiens de Tristania n’avaient pas immédiatement changé de direction musicale. The World of Glass était dans la même lignée que Beyond the Veil: opératique et grandiose, avec Vibeke en ligne de front. Quatre ans et un changement de label plus tard, le groupe sort un Ashes surprenant et dépouillé.
Finis les chœurs grandiloquents et les arrangements symphoniques, Tristania a dépouillé sa musique de tous les artifices qui faisaient sa spécificité et son succès jusque là. Aux antipodes de leur ex-collègue Morten Veland donc, qui avait sorti An Elixir to Existence avec son groupe Sirenia l'année précédente, qui était proche de la musique de Tristania. Misant sur l'atmosphère et la simplicité, Ashes ne peut être une démonstration du savoir-faire technique des musiciens: rythmiques basiques, aucun travail de riffing, compositions simples. Plutôt que de miser sur la grandeur, Tristania a décidé de nous offrir un disque plus intimiste et subtil, qui va enserrer l’auditeur de son cocon froid et mélancolique, l'émotion prédominante qui ressort de l’album. La plupart des instruments font donc essentiellement un travail de fond, se limitant à de la rythmique la plupart du temps. Anders joue quelques arpèges et quelques riffs, immédiatement accessibles et mémorisables mais peu originaux, ayant d’ailleurs une sonorité rock prononcé.
Cette composante rock se retrouve aussi dans la rythmique, et donne alors les passages instrumentaux les plus agressifs de l’album, comme sur ce "Endogenesis" fort réussi. Cette composition, bien plus complexe que les autres, mêle les passages atmosphériques et rock tout du long, avant de se terminer sur des arpèges à la guitare acoustique. Guitare acoustique qui reviendra plusieurs fois le long du disque, notamment durant la longue introduction d’"Equilibrium". Cette chanson, tout comme "The Wretched" souffre d’un démarrage lent qui les rendent ennuyeuses dès le début. La simplicité et le caractère répétitif des structures sur certaines compositions ("Equilibrium", une fois de plus) donnent un cachet d'accessibilité certain, mais aussi sont la preuve d’un manque de spontanéité. Le dépouillement à l’extrême donne tout de même des passages mémorables, comme la ballade "Cure", simplissime mais d’une efficacité sans failles.
La composante chantée de l’album se révèle beaucoup plus convaincante. Le mix mettant en avant les trois chanteurs est d’ailleurs un signe qui ne trompe pas: l’un des points forts d’Ashes est le chant. Que ce soit le chant growl de Kjetil ou le chant profond et baryton d’Østen, les vocaux masculins sont toujours mis à l’honneur. Peut-être même plus que par le passé, "The Wretched" étant essentiellement assuré par Kjetil, avec Vibeke en backing. Suivant la ligne directrice du groupe, les parties de chant sont aussi plus simples: directes et atmosphériques en même temps. Plus de chœurs ou de parties symphoniques, Vibeke utilise dorénavant un chant plus intimiste, moins puissant mais toujours aussi aérien. Son talent est à l’honneur sur "Cure", elle transforme cette chanson en un concentré d'émotions. Simplification certes, mais les trois chanteurs continuent de se partager les tâches équitablement et l’on aura toujours droit aux duos growl/chant éthérés, ou encore à des dialogues entre Vibeke et Østen, avec son chant profondément gothique.
À l’image de son artwork, Ashes est un album plus dépouillé et avec des compositions plus simples que ses prédécesseurs. Souffrant quelque fois de ce défaut, il n’en reste pas moins un disque comportant de bons moments, qui manque de spontanéité cependant. Si la musique n’est pas inoubliable, il n’en est pas de même des parties vocales, particulièrement celles de Vibeke qui prouve qu’elle n’a pas besoin de lyrisme pour exprimer son talent. Le groupe se crée une nouvelle voie qu’il continuera d’explorer dans le futur.