Le Chili. Quatre-mille-trois-cents kilomètres de long, cent-quatre vingt de large en moyenne. Et des tremblements de terre à ne plus savoir quoi en faire, comme celui du 25 mars 2012. La Cordillères des Andes ? Que nenni. Destinos, oui.
Mise en abyme parfaite quand on sait que Destinos signifie « les destinations » dans la langue de Sepúlveda. Et c’est Felipe Cuevas, créateur et unique membre de ce projet en 2009, qui va nous servir de guide. Résidant à Talagante dans l’agglomération élargie de la capitale Santiago, au centre du pays, il sort donc ce Fireflies For Fireworks en 2012, en pleine période d’essor économique djentique. C’est d’ailleurs toujours, à ce jour, sa seule et unique œuvre, et il est très peu probable que l’on entende à nouveau parler de ce jeune homme dans les siècles suivants. Mais ça n’est pas grave tant celui-ci a privilégié la qualité au détriment de la quantité.
Et si ces Lucioles pour Feux d’Artifices ne contiennent que six pièces instrumentales pour un total de trente-huit minutes, il est aisé de les scinder en deux tant l’hétérogénéité est forte. Commençons donc par les trois premiers titres, que sont "Arctic Motion", "Cultures, Vultures" et "Karribean Suns", qui font indéniablement partie de la base prog/djent de l’album. Sept minutes de moyenne, des riffs syncopés, des explosions de groove, des changements de rythme incessants. Le plus bel exemple est sans aucun doute celui de "Karribean Suns" qui surprend d’entrée de jeu avec sa tonalité folklorique chilienne et donnerait la bougeotte à n’importe quel auditeur sensé.
S'ensuit alors la deuxième partie, incarnée par "Timeless Crimson Glow Of Autumn", "Pregnant Gold-Retriever Soul" et "Souvenir", beaucoup moins groovy (hormis la seconde citée), beaucoup moins djent, mais néanmoins toujours teintée de prog. Felipe Cuevas choisit alors un angle de composition orienté vers l’atmosphérique et l’ambiant, qui n’est pas sans déplaire, certes, mais qui vient tellement contrebalancer les vingt premières minutes que c’en est déroutant, déstabilisant, à la limite du dérangeant. Ajoutez à cela le fait que l’artiste semble vouloir bavarder avec nous de temps à autre dans sa langue natale, et de vigoureuses pertes de rythme, et vous voilà arriver en Atacama.
N’importe quel fan de metal progressif assez énergique trouvera donc son compte dans ce seul et unique album de Destinos, que ça soit pour son côté djent ou son côté atmosphérique. Et avec les transitions diaboliques entre chaque morceau, je peux vous assurer que vous aurez l’impression de participer à un voyage sans aucune escale.