CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Shanka
(guitare+chant)
-Bastien Burger
(basse+chant)
-Pierre Belleville
(batterie)
TRACKLIST
1)Lucky Day
2)Dogman
3)The Good Son
4)Sheep Farm
5)All Night
6)Cold Water
7)Roadsong
8)Puppenhaus
9)Melvin
10)O'Mother
11)By Myself
DISCOGRAPHIE
Reprenant l'idée des Desert Sessions, divers musiciens de la scène rock/alternative française montent en 2005 le collectif Destruction Incorporated. Au fil des nombreuses studio jam sessions commencent à apparaître suffisamment de bonnes idées pour enregistrer un disque : Destruction Inc. Greatest Hits. En parallèle le « groupe officiel » Destruction Incorporated, formé d'un trio issu du collectif, se montre désireux de sortir un album plus sérieux. Ce sera The Dogman's Tales, trois quarts d'heure d'un punk-rock varié et diablement efficace.
Force est d'admettre que les trois compères ne révolutionneront pas le monde de la musique. Là n'est sans doute pas leur prétention. En revanche, leur musique rafraîchissante se boit comme du petit lait et les titres s'enchaînent sans que l'ennui se fasse sentir. Le groove dégagé par les musiciens n'y est sans doute pas étranger, à commencer par Pierre Belleville (Lofofora) qui abat un boulot monumental derrière les fûts. Le guitariste, échappé de Lycosia et No One Is Innocent, regorge d'idées : les riffs sont tout à la fois recherchés et redoutablement efficaces. Loin de clichés punk/rock limite big rock auxquels nous ont habitués les américains, les petits français agrémentent leurs compos d'un zest de stoner (largement influencé par les Queens Of The Stone Age), d'un soupçon de blues (Jon Spencer et son Blues Explosion ne sont pas loin) ou autres joyeusetés (notamment un petit côté Tool dans le traitement des voix). Certains esprits chagrins pourraient regretter que les différentes influences du combo transpirent tout au long des chansons mais il faut reconnaître que le trio a su les intégrer de manière fort intelligente. Bien loin de copier (à une exception près), les Parisiens saupoudrent ça et là de petits passages « à la manière de » qui viennent pimenter leurs propres idées au demeurant fort bonnes.
"Lucky Day", morceau d'ouverture, joue son rôle de burner : riff tendu et rapide, batterie qui envoie et chant très énervé, la recette fonctionne et donne envie d'en savoir plus! Les riffs se font plus lourds et la batterie groove à mort pour le second titre "Dogman" qui est LA réussite de l'album. Le chant, plus précis, laisse entrevoir les belles capacités du chanteur à faire vibrer ses lignes de chant (sans oublier les réponses arabisantes où l'utilisation très intelligente du vocoder fait des ravages). "The Good Son" et "Sheep Farm" sonnent comme de bons singles calibrés pour les ondes grâce à leur refrain bien foutu (notamment celui de "Sheep Farm" qui est une pure merveille!). "Cold Water" joue la carte du folk bluesy qui colle parfaitement à la voix de Shanka (ou bien est-ce Bastien Burger?), dommage que le morceau soit un poil trop long : l'amputation d'un couplet et d'un refrain aurait sans doute aéré la chanson.
La seconde moitié de l'album compte aussi son contingent de perles, notamment "Melvin" et son punk rock énervé digne des grands singles Foo Fighteriens. "Puppenhaus" développe un rock stoner bien senti et le duo chant/guitare sur le refrain rappelle les grandes heures des QOTSA pour notre plus grand bonheur. "O'Mother", plus sage et conventionnelle, s'en sort haut la main avec un refrain entêtant qui compense un couplet légèrement en dessous. Car malheureusement, le tableau n'est pas parfait... "All Night" est sa guitare slide manque un peu de sel : dommage car le riff d'intro est magnifique. "Road Song", qui exploite le filon rock californien, frise souvent le déjà entendu (malgré une guitare très efficace) et "By Myself" serait sans doute réussie sans ces riffs qui sentent le Muse à trois kilomètres. C'eut pourtant été sympathique de finir l'album sur la bonne bouche avec un morceau de la trempe de "Lucky Day"...
Clairement dédié aux amateurs de rock à guitare qui recherchent un peu de nouveauté, The Dogman's Tales est un album frais et catchy, sans prétention. De bons riffs, des idées bien exploitées et des refrains travaillés : la prestation des musiciens alliée à la créativité de leurs compositions laisse entrevoir un avenir radieux pour ce sympathique combo. Gageons (tout du moins espérons) que nous entendrons à nouveau parler d'eux.