CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Tom
(chant)
-Matt
(chant+guitare)
-Maya
(choeurs)
-Chris
(claviers)
-Magdalena
(violoncelle)
-Christopher
(basse)
-Michael
(batterie)
TRACKLIST
1) Acme
2) Passover 1944
3) On the Verge
4) A.U. Tomb
5) Iridium
6) Pillbox Impressions
7) Panacea
8) Bitter Seas
9) In the Final Moment
DISCOGRAPHIE
C’est Sirrah, pas Syrah. C’est du gothic doom death, pas du pinard. Après, les métaphores de merde sont toujours possibles. « Long en bouche, la saveur prédominante est celle du cassis noir de Haute Silésie… » La Haute Silésie, c’est rapport à l’origine des musicos. Opole qu’elle s’appelle la ville. Acme, le premier album est sorti il y a un sacré bail et pouvait se ranger dans la catégorie « bigrement attachant ». « Vin jeune, avec du corps, mais encore vert, etc. »
1996 c’est la fin du début. Les gars arrivent limite en retard au rendez-vous donné, quelques années auparavant, par les précurseurs du doom death à tendance gothique (Pyogenesis, Celestial Season, Orphanage, sans mentionner les trois grands-pères britanniques que tout le monde connaît). On leur pardonnera ce petit manque de ponctualité tant ils mettent de cœur à l’ouvrage. Acme est touchant de candeur, un peu comme Forever Scarlet Passion. A défaut d’être toujours impeccable. Comme Forever Scarlet Passion. Mais pas pour les mêmes raisons. Chez Celestial Season, c’était l’exécution technique qui péchait par moments. Ici, non. Les gars maîtrisent suffisamment leurs instruments pour produire un rendu toujours convenable. C’est plus la qualité des titres qui oscille. On passe facilement de l’excellent ("Acme", "On the Verge", "Bitter Seas") au plus commun ("A.U. Tomb", "In the Final Moment"). Et puis, que dire des intermèdes comiques dignes de groupes de thrash/crossover - ou, pire, du Pyogenesis d’après la chute… - type "Panacea" ? Messieurs dames, vous jouez du gothic doom ! Ayez le bon goût de rester tristes du début à la fin !
On continue dans les doléances ? Le chant clair. Tom adule certainement Eldritch. Son organe n’est hélas pas à la hauteur de celui de son illustre et francophile idole. Sur "Acme", ça passe : la conviction pallie le manque de profondeur. A d’autres endroits de l’œuvre, ça s’avère plus compliqué. Si avec ça, je ne vous ai pas dégoutés, c’est que vous êtes indécrottables (« vous » ou « tu », le pluriel est peut-être de trop…). Allez, parlons des bonnes choses. De cette envie omniprésente. De ces moments où Sirrah transcende tout. Comme sur "Acme", joué avec le cœur ou sur l’étonnant "On the Verge" et ses claviers à la Pan.Thy.Monium. Ou encore le classieux "Bitter Seas", très Draconian avant l’heure. "Passover 1944" ou "Pillbox Impressions", proche du "Solar Lovers" des compères déjà évoqués de Celestial Season. Il y déploie sympathiquement la panoplie de groupe gothic doomster : claviers, arpèges acoustiques, chant féminin, masculin clair, masculin foncé… Bref, un album où il y a à boire et à manger, mais qui sait raviver la flamme de la nostalgie d’un temps révolu.
Acme n’est pas resté dans les annales du genre. C’est logique et dommage à la fois. Le cœur et les tripes devraient primer la froide virtuosité. Enfin bon, le monde est fait comme il est fait, non ? On va pas le changer. C’est beaucoup mieux de s’assoir et pleurer encore un coup. En attendant que la grande faucheuse vienne nous grande faucher, faisons honneur à la musique placée sous ses auspices.