CHRONIQUE PAR ...
Eudus
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Julian Larre
(chant)
-Oliver Nikolas Schmid
(guitare)
-Dominik Scholz
(batterie)
TRACKLIST
1) I Knew and Will Forever Know
2) Celestite Woman
3) The Kingdom Solitude
4) Mother of Doom
5) Father of Fate
6) Like Screams in Empty Halls
7) The Reaper
8) After All Those Infinities
9) A Sip of Multiverse
10) A Sleeping Throne
DISCOGRAPHIE
Seize ans, il aura fallu seize longues années pour que les Allemands de Lacrimas Profundere reviennent dans le droit chemin avec Bleeding the Stars (leur douzième effort longue durée !) et délaissent une partie de leur gothic-rock pour minettes. Revenant à des fondamentaux bien plus lourds et sombres, ils conservent néanmoins leur identité faite de tubes faciles, quelques fois redondants mais avec ce supplément d’âme dont ils avaient le secret, du moins jusqu’au léger mais très bon Filthy Notes for Frozen Hearts, dernière livraison digne d'éloges des Bavarois.
Dès les premières notes de" I Knew and Will Forever Now" il se passe quelque chose. Un riff plus vibrant que sur les dernières réalisations, un rythme un peu plus lent (sans revenir à la période doom des débuts) et surtout l’horrible voix de Rob semble métamorphosée. Normal me direz vous, ce n’est plus lui au micro. Effectivement, et je suis passé à côté, après celui de 2007 Lacrimas Profundere a effectué un renouvellement de line-up. Sa tête pensante et créateur Oliver est toujours là, accompagné du batteur Dominik et d'un nouveau venu au chant prénommé Julian. Ce dernier se démarque de son prédécesseur dès le titre d’ouverture grâce à une palette vocale bien plus fournie que Rob, copie ratée de Christopher, vocaliste originel. Cependant, pas de révolution: Julian boxe dans la même catégorie avec une tessiture très proche, mais sa versatilité (chant clair, chant plus grave et crié) constitue l'un des nombreux points positifs de Bleeding the Stars. Et les meilleures occurrences de ce nouvel effort coïncident avec ce mix entre voix parfaite et structure à la fois plus lente et plus sombre qui repose sur cette base rock goth permettant un rapprochement avec Filthy Notes for Forzen Hearts et Ave End plutôt que la période 2008-2017. Outre l'opener, on retrouve la puissante "The Kingdom Solitude" ou encore le riffesque "Like Screams In Empty Halls", petit ovni quand on se souvient des dernières propositions des Germains. Oliver semble avoir retrouvé son inspiration en délivrant des compositions qui demeurent dans une structure classique tout en témoignant d'une certaine variété. Cependant, on retrouve toujours ces titres « single-like » pas très intéressants malgré l’efficacité du rendu à l’instar de "Celestite Woman", "The Reaper" ou la très pop (mais plutôt sympa) "After All Those Infinities".
Lacrimas Profundere n’oublie pas de jouer sur le terrain des émotions. Mais là où ils nous ont habitué à de la mièvrerie, Oliver et ses acolytes nous offrent deux titres plutôt mid-tempo sans tomber dans le côté fade comme l’excellente "Mother of Doom" qui offre le meilleur break de l’album grâce à un Julian semblant habité. Ce titre est relié au suivant, "Father of Fate", sorte de diptyque dont la première partie, plus lente fait écho à la seconde plus puissante, dans ce fameux break où Julian entonne des « My Mother of Doom, My Father of Fate »."Father of Fate" a d'ailleurs été propulsé premier single, ce qui est un excellent choix puisque celui-ci m’a permis de me créer une attente inespérée sur ce nouvel LP et je crois, au vu des commentaires sur les réseaux sociaux, ne pas être le seul. "A Sip of Multiverse", est, lui aussi, assez mid-tempo et offre quelques envolées de violons. La piste est agréable mais l’offrande s'essouffle, et le titre final "A Sleeping Throne" ne conclura pas positivement ce nouvel effort, dont le dernier tiers se révèle décevant. Toutefois on notera le réveil (tardif) d’Oliver - l'homme en partie à l’origine de l’un des plus beaux enregistrements de doom, à savoir Burning A Wish, chef d’œuvre de style, a enfin compris que son rock goth était complètement à côté de la plaque et qu’en intégrant le talentueux Julian et en redonnant du corps à ses compositions (la guitare et la batterie ont enfin à nouveau de l’épaisseur, et ça fait du bien !), il fait mouche et redonne de l’espoir à de nombreux admirateurs. Désormais il se doit de continuer sur ce chemin et de gommer les petits défauts susmentionnés qui empêchent de s'émerveiller tout à fait sur Bleeding the Stars.
Si Lacrimas Profundere n'effectue pas un rétro pédalage total - leur doom des années quatre-vingt-dix n'a pas ressuscité - Bleeding the Stars se montre bien plus sombre et consistant que leur quatre dernières offrandes de médiocre facture. Certes les mêmes défauts repérés sur Ave End et Filthy Notes for Frozen Hearts sont toujours présents - singles calqués sur le même modèle, facilité de composition par moment. Cependan, avec Bleeding the Stars, la section de Traunstein nous rapporte enfin l’étincelle qui faisait briller la bande à Oliver Schmid et ce pour notre plus grand plaisir (tout du moins le mien). Une agréable surprise.