Two Face Sinner est un groupe péruvien, voilà c’est dit. Il fallait que ça sorte car c’est suffisamment rare pour être souligné. La scène sud-américaine a beau être vivace et peuplée d’un public ardent et dévoué, il faut bien avouer qu’en Europe, sorti d’Angra ou Sepultura, on ne la maîtrise pas trop. C’est donc une bonne nouvelle de voir débarquer sur nos belles terres un groupe des Andes. Bien sûr, que dit Pérou dit "El Cóndor Pasa". Mais dans le cas présent, ne vous attendez vraiment pas à de la flûte de pan.
Non, le pécheur à deux têtes est tout ce qu’il y a de plus sérieux dans son black mâtiné de death, à moins que ce ne soit du death fortement blackisé, ici délivré pour la troisième fois. Difficile de réellement choisir son camp, pour le peu d’intérêt que cela a. Il faut dire que les métalleux de Lima ne facilitent pas le tranchage de la question. Le chant se veut plus raclé donc black, pourtant les riffs portent en eux l’attaque du death. En même temps, le son des grattes est légèrement trop acide pour vraiment convaincre de l’attache totale au metal de la mort. La batterie elle ne laisse pas de place au doute puisqu’on se retrouve avec une resucée des premiers efforts de
Vital Remains, le son de caisse clair étant bien trop tendu pour être parfait. Néanmoins cela donne indubitablement un cachet (qui pourra en hérisser certains).
Les Américains du Sud font montre de belles dispositions, les riffs s’échinant à démontrer l’inspiration rarement mise en défaut de la troupe. Il suffit pour s’en assurer de faire un tour via les petites perles contenues sur "Satanic Altar" et "Servants of the Blind Faith", à chaque fois basées sur un socle de tourbillon montant à faire se pourlécher les babines. N’attendez tout de même pas une révolution du genre, les compositions demeurant classiquement death (car oui, l’aspect death est prédominant quand même) et plutôt brutales, portées seulement par une qualité d’interprétation évidente et des riffs typiques du genre dans les années quatre-vingt-dix à même de contenter le plus grand nombre. "Servants of Blind Faith" se permet le luxe de titiller la corde sensible avec un final délicieusement mélancolique.
Face à ce type de sortie efficace et sans fioriture, il faut savoir rester concis. Pas la peine d’en rajouter de trop donc pour une œuvre qui mérite de nous faire découvrir le metal péruvien. À recommander toutefois aux amateurs de death principalement, que ne rebutent pas les excroissances black.