Chronique : Numinous Numinous (2011)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021

Sa note : 17/20

LINE UP

-A.
(chant+guitare+basse)

-P.
(batterie)

TRACKLIST

1) The Opening
2) Bound to Servitude
3) The Enormity of Evil Divine
4) Drawn Towards the Black Beyond
5) In Lege Domini Ambulado

DISCOGRAPHIE

Numinous (2011)

Numinous - Numinous

(2011) - black metal - Label : Northern Heritage

Numinous est un groupe très marrant. Hilarant même. Il clame ne pas être black metal, ne pas partager ni son idéologie ni ses motivations et revendique ne pas en connaître les codes. Dans le même temps, il annonce avec tout le dédain du monde promouvoir l’auteur divin de tout le Mal, sans le nommer. Et Numinous est un groupe vraiment pas marrant. Du tout. Ses membres, et frères, sont déjà allés en prison pour avoir poignardé des gens, et aussi s’être livré à des agressions au sabre. Globalement, les deux sinistres personnages aux rênes de l’entité ne sont pas de fréquentation noble.

« Tout le nécessaire pour en faire des black métalleux de qualité » se disent alors en chœur les amateurs du genre. Il faut dire qu’ils ne laissent guère d’illusion sur leurs orientations musicales. La très pauvre introduction, fort judicieusement nommée "The Opening", basée sur des sons inquiétants (et cheaps) semble s’auto-revendiquer du style. Et surgit alors la première chanson. Le son. Attendez, en début de phrase cela ne lui rend pas justice, Le son. Une froideur impénétrable tout en distillant un chaos magmatique brûlant. Imaginez la première livraison de Koldbrann Nekrotisk Inkvisition pour l’agression pure et la force froide d’un Ondskapt. Le sourire se dessine sur les lèvres du plus blasé des blackeux. N’importe quel riff sonnerait bon avec un tel son de guitare. La batterie n’est pas aussi réjouissante bien que le coffre de la grosse caisse soit impressionnant et très audible. La caisse claire ne jouit pas d’une telle excellence avec un caractère creux relativement développé. Et surtout, elle est relativement binaire, s’acquittant de sa tâche sans grand génie tout en ayant le mérite de bien accompagner les compositions.
Mais qu’importe, la jouissance bestiale des guitares est là et fermement là. Ancrée dans notre cerveau reptilien semblerait-il au vu de la réaction épidermique et animale qu’elle provoque chez le fêlé du genre. Les riffs servis avec cette croustillante gourmandise sont un enchevêtrement de simplicité, pourtant bardés de ce qui fait la froideur congénitale du genre, et son indispensabilité. Glaciaux, ils frappent l’esprit avec force et vigueur. Surtout, malgré leur apparent dépouillement, détails et variations ne sont pas oubliés. L’amoncellement de notes n’est pas de mise certes, mais ils sont bien moins simplistes qu’une écoute distraite le laisse à penser. Ils portent en une eux une flamme palpable et les germes d’une multiplicité des couches. La première approche laisse seulement discerner des riffs hargneux et haineux, très homogènes dans leur approche et leur qualité, la deuxième dévoile un monde plus complexe, sans être pour autant compliqué, brisé par les seconds sens. Des fins de riffs qui ne se terminent pas de manière attendue, le petit accord en plus pour impressionner etc…

Numinous… l’acquiescement de la volonté divine littéralement. Il porte bien son nom. Non pas que nous soyons frappés d’une quelconque révélation divine, mais il faut savoir apprendre à acquiescer devant ce spectre qui ne joue pas du black metal et qui malgré tout le fait si bien. Sa simplicité première sera un frein pour certains, à raison, mais c’est passer outre l’improbable fragrance de ce son si majestueusement noir, froid et mort, allié à une richesse perceptible même si non évidente.