CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Julien Prat
(chant+tout)
-Yannick Dilly
(chant clair)
TRACKLIST
1) Stellar Crown
2) Havoc
3) The Great Achievement
4) Progeny
5) The Black Veil
6) Pulsing Worlds
7) Farewell
DISCOGRAPHIE
Ixion -
L'Adieu aux Etoiles
Le mythe d’Ixion, bien connu de nos lecteurs, incite à la prudence. Pour avoir trahi les Dieux à de multiples reprises, Ixion s’est retrouvé enchaîné à nœuds de serpents le long d’une roue de supplices vouée à tourner infernalement et éternellement sur elle-même. Charmant. – Ceci étant dit, trouver un rapport entre ce sombre mythe et la musique atmosphérique de l’Adieu aux Etoiles est une gageure.
Car si Ixion se revendique doom, si Ixion s'avère effectivement doom, il l’est avant tout par ses aspects les plus atmosphériques. Sans se confondre avec du funeral doom pour autant, la musique d’Ixion sur l’Adieu aux Etoiles se pare d’une certaine lenteur, d'une apaisante apesanteur, de vastes et languissantes couches de claviers, d’une ambiance vaporeuse et de lignes de chants doucement caverneuses ici, fantomatiques ailleurs. La trame des références invite à invoquer The Howling Void d’un côté – celui de la tradition - comme le plus surprenant Neurotech de l’autre – celui de l’aspiration à l’avenir, celui des nappes synthétiques omniprésentes. Des références modestes, ma foi, à mettre en rapport avec la modestie de l’Adieu aux Etoiles qui, pour n’être jamais mauvais ni manqué (et il faut insister sur le bon goût permanent dont fait preuve Ixion dans ses choix) reste toutefois d’un classicisme sans surprise, d'une prévisibilité invitant un peu trop à la contemplation se contemplant elle-même.
L’Adieu aux Etoiles se découvre in fine comme une sortie très, très mélodique. A tel point qu’il est permis de se poser la question suivante : s’agit-il encore, une fois un tel degré mélodique atteint, de metal ? Oui, évidemment. Cela growle. Cela progresse. Cela tourmente. Cela joue de sentiments mêlés et sombres. Mais… cela - toute piste étant égale - s’entoure également de tant de parures souples, de dentelles miroitantes, de légèretés légendaires, que d’agressivité il n’est plus guère question dans l’œuvre finale. Est-ce un tort ? Nenni, mais il convient de le savoir avant de se plonger dans l’ouvrage. Quelque part, il faut s'attendre à écouter une version plus rêche de Tangerine Dream qu'une version plus douce de Darkspace. Et l'auditeur de s'interroger ad infinitum sur la couleur du zèbre... Ainsi, ayant accepté les contours du projets, on se plaira à se laisser porter sur le nuage d’Ixion, confortablement installés que nous sommes au sein de cet Adieu aux Etoiles, hamac stellaire des plus douillets, il faut bien l'admettre.
Ixion est doux, plutôt que doom. Ce n’est pas là une faiblesse de sa part, mais bien plutôt un choix. Toutefois, cette facilité mélodique permanente, cette clarté de chaque instant, cette lumière aveuglante, cette évidence même de toute chose, si elle démontre une évidente maîtrise de son objectif, pourra également, selon la sensibilité de l'auditeur, laisser de marbre. A ne vouloir froisser personne, il est peut-être difficile d'emporter l'adhésion...