CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Wadji Manai
(chant)
-Ryma Nakkach
(chant)
-Yazid Bouafif
(guitare)
-Chaima Bida
(kanoun)
-Hichem Ben Amara
(basse)
-Sail Louhibi
(batterie)
Ont participé à l'enregistrement
-Outail Maaoui
(violon)
-Riadh Somai
(violon)
-Nabil Garsi
(percussions)
TRACKLIST
1) Treasure Chest
2) Breath of Jasmin
3) Money Slave
4) Falleg
5) The Winter Serenade
6) Yamira
7) Khatwa
8) Kings Cards
9) The Wind of Death
10) Immortal Greed
DISCOGRAPHIE
Ah Nawather! Moi qui ne voulais plus prendre de promo pour éviter un vieillissement prématuré de mon audition, j'ai foiré. Carrément merdé même, n'ayons pas peur des mots. J'ai crié « je prends ! » sans réfléchir (enfin si, mais ce n'est pas mon cerveau qui a réfléchi). Et si mon naïf et tendrement aimé Wasted Years n'avait pas un successeur au moins à la hauteur? Et si j'étais allé trop vite? Nawather est il capable en 2021 de livrer des "Daret Layyem" ou des "Kont Trab"? Vous le savez, vous? Pourquoi j'ai dit « je prends ! »… « Je prends ! », gnagnagna. Mais quel con alors. Et cette fois mes organes russophiles sont éteints, bien entendu. Quand on a besoin d'eux, de toute façon, ils ne sont pas là. Dites, les amis, parfois vous dites-vous que vous venez de tomber dans un piège par prémonition ?
Oui, c'est une crainte plus qu'une réalité pour le moment. Mais l'effet Ignea est une hypothèse possible. Après un The Sign of Faith tonitruant, le petit dernier m'a perdu, laissé sur le carreau, de marbre. Je n'ai JAMAIS, réussi à entrer dedans. Non qu'il soit faible, ni mauvais, juste que pour moi il lui manque une chose essentielle. La technique, les ambiances léchées, la production ne font pas tout. L'inspiration est avant tout le moteur d'une réussite, et l'inspiration passe souvent par le chemin le plus court jusqu'aux organes principaux du "metalomane", à savoir les poils, la peau et le sexe (notez la parité de mon expression, j'aurais pu écrire « les couilles », car comme souvent, j'y pensais). Le cerveau rationalise tout cela ensuite. Ne jamais emprunter le chemin inverse, cela ne marche pas, du moins avec moi. Allez, jette-toi, Winounet (oui, j'emploie des surnoms ridicules quand je m'encourage).
"Treasure Quest" est très folk orientale au début, les chœurs en arabe sont très mystiques, elle est un peu courte, mais qu'est-ce que le Kanoun améliore tout ! Même le growl, peu intégré à l'ensemble passe en douceur. Bon début, mais la suite n'est pas au diapason. "Breath of Jasmin" et "Money Slave" ont une mélodie faible, les violons ou à nouveau le Kanoun à la Orphaned Land, pourtant excellents, ne suffisent pas à donner de l'intérêt aux morceaux. "Falleg" rehausse le niveau, malgré les parties féminines pas toujours harmonieuses. Heureusement, "The Winter Serenade" retrouve une mélodie entrainante sur la voix féminine et un usage des instruments orientaux au service de la composition, puis "Yamira" marque un ralentissement rythmique et mélodique des plus agréables, des plus langoureux, et cela sied parfaitement à l'orientalité. "Khatwa" reste dans la ligne de "Yamira", mais la fin de l'album ne montre pas un intérêt suffisant.
Voilà, écoutes terminées. J'aurais dû écrire « rafales » d'écoutes en vérité, car je me suis astreint à un martelage en règle. On dit parfois (souvent ?) que les bons albums se découvrent au fils des écoutes. C'est un peu les cas de Kenz Illusion qui s'améliore avec le temps, sans contestation. Mais bon ne veut pas dire excellent. Dans l'excellence il y a simultanément l'accroche primaire et la découverte régulière. Je n'ai pas eu l'accroche primaire, la faute à trop de similitudes sur les passages growlés sur des riffs hachés, malgré les passages instrumentaux folks qui sont quand même assez délicieux. Néanmoins, les bas morceaux de l'album recèlent souvent des breaks excellents, ce qui aboutit à ne pas trouver de grosse faiblesse à Kenz Illusion. Il se peut même que l'envie de l'écouter à nouveau surgisse de manière impromptue, parce que l'esprit aura mûri.
Nawather a un peu pris le même chemin qu'Ignea entre The Sign of Faith et The Realms of Fire and Death, à savoir complexifier en insufflant plus de technique et de perfectionnisme, au détriment de l'inspiration qui sépare les bons morceaux des tubes. Les plans et les ruptures de rythmes sont léchés, mais où sont les mélodies si catchy et pleines de candeur de Wasted Years? A trop vouloir canaliser le feu on gagne en qualité mais on en perd en incandescence. Je n'ai pas eu le feu et j'ai aimé écouter cet album, mais je regrette la simplicité mélodique de Wasted Years.