CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Max Cavalera
(guitare+chant)
-Joe Duplantier
(basse+chant)
-Marc Rizzo
(guitare)
-Iggor Cavalera
(batterie)
TRACKLIST
1)Inflikted
2)Sanctuary
3)Terrorize
4)Black Ark
5)Ultra-Violent
6)Hex
7)The Doom of All Fires
8)Bloodbrawl
9)Nevertrust
10)Hearts of Darkness
11)Must Kill
DISCOGRAPHIE
Pour ceux qui s'intéressent un minimum à l'actualité metal, et à moins d'avoir hiberné ces 3 derniers mois, difficile d'avoir échappé à l'intense promo menée autour de Cavalera Conspiracy. Le nom de Cavalera a beau avoir gardé son crédit quasi intact depuis la glorieuse époque de Sepultura, Roadrunner a tout de même mis le paquet pour faire monter la sauce autour de sa poule aux œufs d'or. Restait à voir si l'album allait se montrer à la hauteur du battage médiatique…
Manifestement, la réponse est oui. Nul besoin de se repasser ce Inflikted 50 fois pour s'apercevoir que l'on tient là une véritable bombe thrash, combinant habilement approche old school et éléments plus modernes. Si les premiers échos avaient (justement) évoqué un retour à des sonorités délaissées depuis Arise, il faut également y ajouter un son et une touche jumpy plus proche de Soulfly. Et visiblement, la combinaison de ces deux facettes est d'une haute teneur en nitroglycérine. À première vue, les déclarations de Max et Iggor (oui, avec 2 -g-, comme s'il avait perdu les droits sur son propre nom au casino) quant à l'alchimie particulière entre eux deux avaient tout du discours promo un peu pipeau sur les bords. Mais mine de rien, tout cela n'est pas dénué de fondements. En un éclair, Max retrouve toute sa science du riff thrash qui décolle le papier peint (et des paroles débiles ayant avant tout un but rythmique) et Iggor redevient la terrible machine à bastonner qui osait défier le grand Dave Lombardo. Toute ressemblance avec un groupe brésilien des années 80/90 ne serait absolument pas fortuite…
En effet, on retrouve sur cette galette du pur thrash, comme à l'époque glorieuse de Arise, qui avait vu Sepultura décrocher définitivement sa place parmi les grands. Vous ne me croyez pas ? Ecoutez donc "Sanctuary" ! Rien de moins qu'une future boucherie en live, avec un passage final mémorable qui voit Max troquer sa légendaire voix bien grasse pour un inhabituel chant hardcore medium. Voilà un morceau qui, à lui seul, parviendra à rassurer tous les vieux fans sceptiques sur l'existence de Cavalera Conspiracy. Vous en voulez encore ? Alors rendez-vous en plage 10, avec un "Hearts of Darkness" dévastateur. La rythmique galopante du début, le break technique au milieu, les riffs old school qui castagnent à la fin, le tout parsemé de la voix de goret de Max : c'est bien simple, on croirait du Sodom à son meilleur niveau ! Entre temps, n'oubliez pas de profiter de tout un lot de roquettes expédiées en 2 minutes 30 : l'explosif "Nevertrust" qui n'est pas sans rappeler Nailbomb, "The Doom of All Fires" (tout de même le morceau le plus faible de l'album) et "Hex", qui trouve malgré tout le temps de caser un passage quasi ambient.
Car sur cet album, à l'instar de l'époque Sepultura, les frangins Cavalera se contentent rarement de balancer du thrash pur jus, et disséminent à droite à gauche quelques plans moins téléphonés. On retrouve par moment cette patte néo chère à Soulfly : dominante sur le refrain de "Bloodbrawl" (on notera aussi la sublime outro toute en arpèges digne de Annihilator), et parfaitement intégrée sur "Inflikted". Le mélange néo/thrash de ce morceau en fait un véritable hymne qui annonce d'entrée la couleur : rouge sang, comme la pochette ! Autres passages qui ressortent du lot : un "Ultra-Violent" bien plombé avec Rex Brown (ex-Pantera) en guest, dont le riff et le tempo plombé font penser à la reprise de "Procreation of the Wicked" (Celtic Frost), et un "Black Ark" et son ménage à 3 au chant. En effet, Max y est accompagné par son fils Richie mais aussi par notre Joe Duplantier national. L'occasion pour lui de souligner sa présence, car comme bien souvent, on ne peut pas dire que la basse soit franchement mise en avant ! Un titre sur lequel on retrouve aussi une de ces célèbres intros tribales qui ont fait la gloire des 2 frangins.
Nul ne peut encore savoir ce que l'avenir réserve à ce groupe (ou simple projet one shot ?), mais commençons déjà par apprécier le présent. Et en l'occurrence, il s'agit d'un album intitulé Inflikted, et comme disent les anciens de ma génération, il casse la baraque ! Très attendue, la réunion des frères Cavalera tient toutes ses promesses et aboutit sur un album très costaud, sans véritable faille et même doté de plusieurs têtes nucléaires. Vivement la tournée, et croisons les doigts pour la suite !