Metamorphosis est un « concept album » selon le groupe, plutôt un « concept EP » selon les critères de votre serviteur, l'ensemble ne présentant en effet que quatre titres - ou chapitres, choisissez – pour vingt-huit minutes plutôt solides d'un doom death progressif, lorgnant parfois vers le metal symphonique, mais sans jamais y mettre les deux pieds en entier. En d'autres termes, un death mid-tempo mélodique et progressif, rarement agressif, souvent inspiré et assez technique in fine.
Je vais devoir définir un mot que j'adore dans la musique, le fameux « concept ». Pour le commun des mortels comme pour The Circle, l'album s'articule autour d'un thème, à savoir les passages émotionnels réactifs aux aléas de la vie que seraient la trahison, la séparation ou encore la mort. Chaque chapitre est une représentation musicale d'un sentiment de réaction particulier, et les quatre chapitres marquent une sorte de progression cathartique, de l'angoisse vers la libération. N'étant que peu nombreux, une fois n'est pas coutume, citons l'ensemble des titres pour illustrer les propos : chapitre premier, l'angoisse, deuxième chapitre le désespoir, troisième la colère, et enfin quatrième, le salut. Pour finir de développer un peu le style décrit en introduction, il est utile de préciser la présence de growl et de voix claire, de chœurs clairs et parfois de voix parlée, de violon, et de guitares plutôt techniques.
Je donne d'inhabituels détails cliniques, n'est-ce pas ? C'est probablement parce que j'ai eu du mal à jointer la musique et le concept : Metamorphosis est à la fois abouti musicalement mais inachevé stylistiquement. "Verzweiflung" est loin d'un titre désespéré, "Zorn" n'est pas non plus énervé malgré l'accentuation de la grosse caisse et quelques passages plus criants (les chœurs finaux sur des blasts sont très inspirés, mais pas vraiment nerveux), enfin "Erlösung", bien que plus lumineuse par moments, n'en est pas moins peu apaisée sur la première partie, et ne vaut son titre que pour le dernier tiers, malgré tout légèrement convenu. En fin de compte, j'ai réellement ressenti un manque de cohérence par rapport au concept annoncé de l'EP, qui crée l'attente de coupures stylistiques plus marquées et en adéquation avec l'intention, ce que seule "Angst" semble réussir à concrétiser de mon point de vue.
Malgré les promesses, je ne me suis pas « éclaté » en écoutant cet album, mais je ne me suis pas ennuyé non plus, heureusement. La dimension progressive et l'écriture des morceaux sont des réussites indéniables, de même que certains riffs marquants. Et pourtant… Pourtant, je ne m'y retrouve pas, car j'attendais de vraies césures entre les morceaux devant transcrire des sentiments bien distincts, ce que je n'ai pas eu. « Chapter V Frustration ».