Chronique : Archemoron Flagellum I (2021)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021

Sa note : 16/20

LINE UP

-Meleager
(chant)

-Typhonas
(guitare+basse)

-Melikertiis
(basse+guitare)

-George "G.T." Trakas
(batterie)

TRACKLIST

1) Uranos
2) When Blades Shape our Feelings
3) The Unhallowed
4) Still in Sadness
5) Thronos
6) Red Eyes in the Mist
7) Utter Tranquillity

DISCOGRAPHIE

Flagellum I (2021)

Archemoron - Flagellum I

(2021) - black metal - Label : Satanath Records

La question du jour : peut-on être grec, faire du black metal et ne pas être original ? On pense immédiatement à Hail Spirit Noir, Necromantia ou autre Aenaon et on se dit que non. Un groupe de black hellénique a manifestement une difficulté congénitale à pratiquer un art pur et traditionnel. Se présente alors Archemoron à nos oreilles, vil chapardeur et âme subversive en diable. Le rendez-vous de nos promesses maladroites ?

Ce qui frappe d’entrée de disque, c’est la volonté impériale de la horde : blast. On marque son territoire. On croit alors à une incarnation brutale et bas-du-front qui va nous emmener tranquillement dans nos zones de confort favorites. Certes "Uranos" donne cette impression. Pourtant des détails dénotent. Des mélodies inattendues, des attaques frénétiques de guitare, du mid tempo ou un chant… pour le moins étrange. Voici ce qui vient pourtant perturber l’écoute pas plus tard que "When Blades Shape our Feelings", en position deux sur l'album pour celles et ceux qui ne daigneraient point regarder la liste des chansons. L’interrogation introductive devient alors un fil conducteur, à défaut d’un réel leitmotiv. Car si la volonté de surprendre s’affirme, elle ne prend pas le pas sur l’orientation globale des compositions (quoique... vraiment ?). Se détache alors cet entre-deux. Entre extrémisme somme toute presque banal bien que teinté de death, et intervention inattendue. C’est ici un riff et un solo maidenien qui nous attendent. Archemoron… le nom devient dès lors source d’inspiration onirique. Rappel du grand passé, du temps des Titans qui dominaient la Terre. Des penseurs grecs encore frais dans leurs réflexions.
Archemoron réussi un tour de passe-passe en nous proposant des rappels évidents aux temps anciens tout en se rapprochant furieusement du présent et pourquoi pas un peu du futur. Il convient de saluer cet état d’esprit et cette qualité dans l’exécution et la réalisation. Car si Flagelllum I (j’ai d’ailleurs honteusement oublié de faire un jeu-de-mots masochiste) va se faire une place au soleil dans cette année déjà chargée en belles sorties noires, ce sera grâce à cette prédisposition mentale résolument libre. Les Hellènes embellissent nos mornes journées répétitives d’une musique bien moins austère qu’elle n’apparaît au premier abord. L’avantage supplémentaire d’une telle démarche est la progressivité (le mot est intentionnellement utilisé) de l’appropriation de l’ensemble. Les détails semblent se découvrir par l’expérience, et le signe est indubitable tout autant qu’excellent pour nos esgourdes. Le titre le plus fleuve de l’ensemble, "Thronos", se dépeint de manière assez subjuguante de surprises en inattendu sur plus de dix minutes qui resteront à coup sûr comme un temps fort de l’année metal.

Alors oui, décidément la Grèce semble fatalement fâchée avec l’idée de productions conventionnelles. On y verra le souffle de leur proéminence culturelle passée ou la loi heureuse du hasard. Pour l’amateur de bon metal, et extrême, et noir, c’est un casus pacifica : nous pouvons y aller l’esprit tranquille. À condition de s’épanouir un minimum dans l’inattendu.