CHRONIQUE PAR ...
Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Alexandre Moreira "Boy-G"
(chant+guitare)
-José Sousa "Boy-S"
(guitare)
-José Pedro "Boy-Z"
(basse)
TRACKLIST
1) Vertiginous Asylum
2) A Valsa Libitina
3) Piedade
4) With Agony Driving So Deep
5) Relinquish Control
6) Captivity and Abominable Idolatry
7) The Blackest Suitors
DISCOGRAPHIE
Vous vous souvenez de « La Crampe » ? Mais si, le gars en combinaison latex avec une boule dans la bouche, enfermé dans une cellule, dans Pulp Fiction. Ça y est, ça vous revient ? Oui ? Alors imaginez qu'il y en a trois, dont deux avec des cheveux, face à vous avec un air « antipathique », comme le disait Simon (Guy Bedos) à Daniel (Claude Brasseur) après être allé sonner chez Marie-France. Vous y êtes ? C'est Grunt. Passé le cap vestimentaire sado-maso du groupe portugais, cap assez peu facile à passer je vous l'avoue, il est fort possible que leur musique puisse intéresser un plus large public (sans mauvaise blague…) que celui du créneau dans lequel les « Boys » semblent s'être enfermés volontairement.
En voyant les « costumes » fièrement arborés par nos amis, je n'aurais probablement pas pensé à les associer à la musique qu'ils proposent. La bible du metal sur la toile les range dans la catégorie death metal et goregrind. Oui, il y a de cela, c'est indiscutable. La partie death metal est parfois assez raw, et le growl est magnifiquement typé grindcore/brutal death, très sourd tout en étant gras, éructé à l'unisson des blasts beats. Là où l'on sort de ce carcan, c'est qu'il subsiste un fond de mélodie dans cette brutalité exacerbée, fait assez inhabituel de cette manière dans ce style pur et dur. Fort heureusement, Grunt a la bonne idée d'ajouter à la recette des variations vocales en voix hurlée et en growl moins sourd, à mesure que le contexte musical évolue vers un maelström de doom grind industriel. Là, on touche au bonheur.
Le début de "Vertiginous Asylum" illustre parfaitement ce côté brutal classique qui évolue vers cette autre chose sur sa seconde moitié, en instillant de lents samples, un rythme de riff et de débit vocal ralenti, un growl qui s'approfondit et un fond qui devient plus ambient. Le decorum industriel s'installe sur "A Valsa Libitina", dès les premières notes. Le titre est une succession de plans grindcore et industriels mélodiques assez violents quand un solo heavy technique se décline sur la fin. Et "Piedade" enchaîne sur le même schéma. La recette de Grunt est en définitive assez similaire à celle du Fear Factory des débuts, à savoir entrecouper des parties brutales de séquences mélodiques, sauf qu'ici, les parties brutales sont dans le grindcore et les parties mélodiques sont dans l'industrial doom/death avec une touche électro tel ce sample hypnotisant de "Captivity and Abominable Idolatry".
Grunt m'a étonné par sa capacité à me rendre délectable une brutalité qui m'est habituellement indigeste, et souvent informe et inutile. Grâce à des doses savantes de mélodies electro-indus-doom enveloppées de growls grassouillets, j'ai bien digéré ce gloubiboulga improbable, et même que j'en redemande. Aaahhh cette mélodie imparable au synthé de "The Blackest Suitors", petit chef d'œuvre d'un style que je n'avais pas imaginé pouvoir me plaire autant. Bien, il me faut vous laisser, je dois aller chez ma couturière chercher mon masque à gaz en cuir dont la lanière a été fendue par un coup de fouet l'autre soir….Ahem, je… Je… C'est….C'est pas du direct on peut couper au montage, hein, on peut?