CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Alexander Veljanov
(chant)
-Ernst Horn
(instruments)
TRACKLIST
1) Because of Because
2) Sick Cinema
3) In Your Eyes
4) Snow
5) Happy Man
6) Run
7) Les oiseaux
8) Unknown Friend
9) Qubit Man
10) Someone to Come Home to
11) Because the Night
12) Spoon
13) The Walk
14) Dust in the Wind
15) Suspended in Gaffa
16) La chanson des vieux amants
17) Black Hole Sun
18) Lady D'Arbanville
19) Song of the Flea
20) My December
DISCOGRAPHIE
Les membres de Deine Lakaien roulent leurs bosses gothiques depuis 1985, autant dire qu'ils ne sont pas nés lors de la dernière pluie. Leur popularité reste discrète en dehors de leur terre natale allemande, même si le groupe est connu par tout bon gothique qui se respecte. Deine Lakaien a sorti quand même un tube de dancefloor en 1999, "Into My Arms", qui figura au top 100 teuton. Voici leur dernière offrande, Dual, un album double donc, avec un concept inédit: dix nouvelles compositions, dix reprises, et un lien entre chaque paire.
Durant leurs trente-cinq années de carrière, le duo Veljanor/Hornst nous a gratifié de neufs albums (Dual est le dixième) qui sont aussi bien variés que reconnaissables. Lors de leurs débuts, ils faisaient de la darkwave sombre et romantique, avec une touche de néo-classique. Puis ils ont viré vers l’électropop, avec les excellents Kasmodiah et White Lies, ainsi que les albums suivants. Puis récemment, les Allemands se sont tournés vers l’avant-garde. Le tour de force étant d’avoir réussi à garder une identité propre durant ces trois décennies, d’avoir une patte immédiatement reconnaissable (le timbre si particulier de Veljanov n’y est pas étranger). Le groupe n’a jamais engendré de suiveur, de copieur, et en conséquence peut réellement mériter l'appellation de groupe unique. Lors de l’ouverture de Dual, nous sommes immédiatement en terrain connu et la patte Deine Lakaien est audible. Le chant si particulier, si doux de Veljanov vient nous caresser l’oreille, nous rappelant assez vite pourquoi nous aimons la musique du groupe. Il faut cependant avouer que ses expérimentations en Français sur "Les Oiseaux" ne sont pas propices à l'immersion, voire même sont irritantes.
Musicalement, le groupe poursuit ses ambitions avant-gardistes, et ainsi la plupart des compositions sont très peu immédiates; de l’électro bruitiste alterne avec un refrain mélodique joué au piano sur "In Your Eyes", "Run" qui flirte avec du rock prog de type krautrock. Le duo réussit son coup sur "In Your Eyes" ou sur "Happy Man", un des meilleurs titres de l’album: malsain, sombre, comme un hommage à Mike Oldfield. Mais il le loupe aussi sur "Someone to Come Home to", absolument pas marquante, ou le titre d’ouverture. C’est un peu le gros défaut de la première partie de Dual: le grand écart entre des titres qui sont très immersifs et d’autres complètement oubliables. Heureusement, un album de Deine Lakaien n’en serait pas un sans une ballade sombre, et nous en avons deux sur ce disque: "Sick Cinema" et "Unknown Friend". Plus immédiates, plus proches de Kasmodiah que les autres titres de Dual, ces deux titres nostalgiques nous rappellent que Deine Lakaien peut nous emmener aux cieux. 3Unknown Friend" est proche de la perfection, tout en atmosphère et douceur.
Le second disque se compose donc des reprises, des chansons qui ont marqué durant leurs vies soit Horn, soit Veljanov, soit les deux. Elles ont toutes un lien avec un des titres du premier disque, cependant, pas forcément avec la piste ayant le même numéro. L’album est donc aussi un petit jeu, l’auditeur pouvant essayer de reconstruire les paires. Soundgarden, The Cure, mais aussi Jacques Brel et Linkin Park sont réarrangés à la sauce Deine Lakaien. Comme souvent avec les reprises, le résultat peut être casse gueule. Je dois avouer que la sauce ne prend absolument pas chez moi, l'intérêt musical est très limité. Comme souvent, les fans vont hurler et ceux qui ne connaissent pas la chanson vont éventuellement apprécier, sans perdre de vue que ce n’est qu’une reprise. En concert ou en chanson bonus, c’est toujours sympa et sans critique. En revanche, quand c’est la moitié d’un nouvel album, même un disque double, cela le handicape.
Un nouvel album du duo berlino-munichoix est toujours un petit événement dans le monde de la darkwave. La déception est peut être un peu de mise: l’accentuation sur l’avant garde continue, pas toujours avec succès, sauf sur un ou deux titres. C’est quand il recherche la nostalgie que le groupe fait ce qu’il a toujours fait de mieux: nous émouvoir. Le second disque est tout à fait oubliable et aura une durée de vie d’une écoute ou deux, tuant le concept de Dual.