Vous voulez savoir ce qu’est un groupe cool ? Vous voulez VRAIMENT le savoir ? Hurlez-le pour moi ! Voilààà. Et bien le secret du groupe cool, c’est sa capacité à faciliter l’administratif du chroniqueur. Et Nordgeist a peu d’équivalent dans ce domaine, jugez donc : un seul membre qui fait tous les instruments, un pseudo monolettre et à peine quatre chansons dont trois tiennent en un seul mot simple. En quelques mots : l’idéal de tout chroniqueur ! Hein quoi ? Et la musique ? Oh merde…
Oui, des fois il est facile de s’oublier dans la contemplation de son métier. Pourtant il n’en faut point oublier le but ultime qu’est la chronique, et l’aide à son lectorat. Nordgeist donc. Oui, nord, froid, blanc, neige, ok, vous avez compris, black metal. Nul besoin d’être le phare d’Alexandrie pour supputer un black atmosphérique s’épanchant dans de longues nappes de guitares agrémentées de blasts gentillets ou de roulements de double pédale. Oh, et ajoutez aussi des mélodies en pagailles pour faire bonne figure. Voilà, vous avez alors un tableau assez précis de ce qu’est Nordgeist. Et rapidement on en entrevoit les limites. Car T, homme à tout faire, se brûle dans les abîmes de l’absence de variété. Pas forcément musicale car il opère de toute manière dans un style pour lequel la répétition est quasiment élevé au rang d’art de vivre. Mais dans les ambiances, pas assez tendues pour fonctionner sur la durée.
Car de durée également il est question. Onze minutes minimum le titre, et fatalement basé sur quelques riffs, ou plutôt comme précédemment évoqué, nappes de guitares. Lorgnez sur le blackgaze pour retrouver ces mélanges guitares/ blasts quasi sans discontinuer et pourtant relativement inoffensifs. L’ambiance neigeuse, sylvestre et malgré tout presque synthétique vient poser nos jugements entre deux. Si indubitablement le côté black glacé s’impose, un versant plus insidieux met les pieds dans la fourmilière. Celui de la guimauve en usant d’un langage trop cru. Certes Frostwinter cuisine des atmosphères indéniablement appropriées au genre auquel il revendique son appartenance, pourtant c’est trop… systématique. Les riffs tremolo en progression, qu’on devine tous à l’avance, font trop bien leur boulot presque. Un peu d’inventivité, de créativité, de… risque. Voilà ce qui manque de manière la plus aigüe.
Frostwinter fait le job, on ne va pas lui retirer ça. Par contre, il se cantonne à ce qu’il souhaite faire et rien d’autre. En cela il n’aide pas à s’évader dans un monde parallèle comme tel est son but fondamental, black atmosphérique oblige. Pour les accros du genre.