Chronique : Dodskold Ödesriket (2021)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021

Sa note : 15/20

LINE UP

-T
(chant)

-M
(chant+basse+claviers)

-L
(guitares)

-K
(batterie)

TRACKLIST

1) Sista ridten
2) Döderskan
3) Misärens triumf
4) Ty döden är lifvets lön
5) Jotunhedarma
6) Myrksogh
7) Ödeskväde till riddersmark

DISCOGRAPHIE

Ödesriket (2021)

Dodskold - Ödesriket

(2021) - black metal - Label : Pesttanz Klangschmiede

La vie en Suède doit être bien chiante quand même. Tu as le choix entre deux métiers : alcoolique ou musicien de metal extrême. Si la majorité silencieuse choisit bien sûr la première possibilité, néanmoins, une proportion non négligeable opte pour la deuxième. Et tant qu’à faire, ils en profitent pour assumer la première aussi.

Et oui, un énième nouveau groupe de black metal venu de Suède. On pensait que la maladie avait fait le tour du pays, celui-ci ayant acquis l’immunité collective. Force est de constater que non. Les résistants sont toujours nombreux, et bien portants paraîtrait-il si l’on en croit le breuvage servi par Dodskold. Mixture assez peu suédoise. Black metal certes, froide bien sûr, également mid tempo et pour tout dire emprunte du mysticisme classieux norvégien voisin. Aucun blast à l’horizon, pas de franche attaque de guitare, les aficionados du riff à toute berzingue (ou non) en seront pour leurs frais. Ce que propose le quatuor réside essentiellement dans l’ambiance, l’appel aux Anciens, à Mère Nature et ses manifestations froides et blanches.
En prenant ainsi son temps, quitte à parfois espérer un poil plus de hargne, la horde impose son rythme tel celui marchant délibérément lentement afin que les autres l’attendent. On devient alors plus ouvert au message, comme forcé d’obtempérer à un ordre non-dit. Etonnamment, se rappelle à notre bon souvenir un collègue Suédois : le regretté Celestial Bloodshed. Mais une version qui aurait supprimé la vitesse de son propos. Et un peu de ce bon vieux Burzum, non pas celui qui hante encore nos nuits depuis Hvis Lyset Tar Oss, mais sa version un peu plus ancienne, qui n’affichait pas autant son amour des claviers. Le son froid et creux des guitares, le claquement sournois de la basse, le doux roucoulement de la double pédale, cela titille notre boîte à mémoire.
Ces courants se mélangent dans une sauce qui prend. Dodskold ne s’affuble pas de la pancarte révélation de l’année mais il claque certainement un des plus beaux premiers efforts de l’année. La force de caractère, le fil conducteur puissant et assumé dont les vikings font preuve démontrent une foi en son art plaisante à entendre. Loin de s’enticher de modes ou de tendances, Dodskold s’essaie à des compositions parfois presque planantes ("Ty döden är lifvets lön") que l’on pourra rapprocher du mouvement folk ou viking, accompagné de ces chants quasi déclamatoires. Une vision très brute de la metallicité en 2021. Pure ? Si par là on s’accorde sur une définition minimisant les mélanges avec quelconque autre style musical, oui.

Très agréable sortie que voilà. Dans un terreau fermement black metal, mélodique, nostalgique, introspectif même, Ödesriket a un charme fou. Lui manque des envolées sur-terrestres ou de la concision par moment pour pleinement briguer le titre de vrai coup de cœur, toutefois voilà une vraie recommandation.