Chronique : Astrophobos Corpus (2021)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021

Sa note : 15/20

LINE UP

-Mikael Broman
(chant+basse)

-Martin Andersson
(guitare)

-Jonas Ehlin
(guitare)

Ont participé à l'enregistrement :

-Elisabetta Marchetti
(chant)

-Simon Samuelsson
(batterie)

TRACKLIST

1) Corpus
2) Utrotning
3) Till Djupet
4) Nattvard
5) Svärta
6) Liktal
7) Under Jod

DISCOGRAPHIE

Corpus (2021)

Astrophobos - Corpus

(2021) - black metal - Label : Triumvirate Records

Vous savez, je dois vous admettre quelque chose : je suis un homme de bien faible vertu. Si aisément corruptible que cela en devient risible. Non par l’argent, j’en ai à foison et ignore la chose. Par le son. Pas la céréale. Celui qui câline nos oreilles. Le vecteur des émotions depuis les instruments de nos groupes préférés vers nos tympans. Et un son froid, glacial tout en demeurant sylvestre et organique, ça me rend toute chose.

Astrophobos l’a bien compris, et a donc dédié son album à ma glorieuse personne. C’est simple, le son des grattes est un ravissement permanent. Froid, oui. Glacial, bien sûr ! Organique et sylvestre ? Demandez à la batterie. Tout ceci sans tomber dans le sous-produit bien facile de rigueur. Astrophobos met à sa disposition des moyens décents et en fait un usage quasi parfait selon mes critères. Yeux big heart lotta love, vous voyez le topo ? Et ce début… Mamamia, « Corpus, computrescat !! » (ou quelque chose dans le genre, les paroles n’ayant pas fuité, ma compréhension orale du suédois est tout à fait sommaire) à la scansion impératrice, dominatrice. Ça impose tout un album d’un coup, d’un seul. Le plus fort dans l’idée n’est pas tant la réalisation que son arrangement. Rien de complexe, mais imposé sur plus de cinq longues minutes, ça marque. D’autant plus que l’effet est super bien rendu.
Après une telle entrée en matière, vous vous doutez bien que l’album a deux routes face à lui : la légende ou la descente. Fatalement pour nous, la deuxième résolution tend à s’imposer. La vie n’est pas un amas de grands bonheurs, de menus heurts apparaissent sans cesse pour nous rappeler à notre difficile condition d’êtres finis. D’un black imposant et martial, Astrophobos bascule vers un black partagé entre blasts et mid tempo tout à fait classique. Son avantage comparatif réside dans une exécution nickelle ainsi qu’une progression des idées tout à fait maîtrisée. Les mélodies s’insèrent de-ci de-là avec une efficacité indéniable. Les riffs s’enchaînent les uns aux autres avec félicité tout en conservant cette science de la composition. Est-ce le moment d’évoquer le projet plus large que la musique dans lequel s’insère Corpus le disque, soit Corpus le mouvement artistique dont l’agrégation de plusieurs années dédiées au mélange de la sculpture et la photographie en sus de notre bon vieux black metal est la raison d'être ?
Cela ne suffit pas à draper l’entièreté des chansons d’un filet de génie incandescent ininterrompu, c’eût été trop facile. L’on se contente alors bien volontiers de cette sortie en tout point remarquable dans sa pureté des codes. Les tremolos, les blasts, le chant merveilleusement raclé, tout concourt à la construction d’un univers d’une noirceur gelée fabuleuse. Fabuleuse, pas entièrement en fait lorsqu’on regarde le bout du chemin. On aurait aimé plus de moments de grâce comme la mélodie carnée qui s’épanche sur la deuxième moitié de "Svärta". Là les Suédois auraient pu prétendre à tutoyer les cieux norvégiens. Car oui, écrivons-le bien lisible : Corpus est cent pourcent norvégien dans son approche.

Nous nous contenterons modestement d’un excellent album de black metal inaltéré, capable de sommets mélodiques imparables. Pour le reste du temps, il se maintient à un superbe niveau, sans sembler vouloir le surpasser. A réserver aux intégristes de la noirceur.