Chronique : Ethereal Shroud Trisagion (2021)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021

Sa note : 18/20

LINE UP

-Joe Hawker
(chant+guitare)

Ont participé à l'enregistrement :

-Shannon Greaves
(chant sur "Chasmal Fires")

-Richard Spencer
(basse+alto)

-John Kerr
(batterie)

TRACKLIST

1) Chasmal Fires
2) Discarnate
3) Astral Mariner

DISCOGRAPHIE

Trisagion (2021)

Ethereal Shroud - Trisagion

(2021) - black metal - Label : Northern Silence

-Quelle est la différence entre du bon et du mauvais black metal ?
-Ha ha ha ha, on l’attendait cette question. Mais bon, c’est facile ! Le mauvais black metal, les mecs ils hurlent, ça blaste, ça fait du bruit, alors que le bon black metal, les mecs, tu vois, ils hurlent… ça blaste… ça fait du bruit… mais c’est du bon black metal !

Ça c’est l’adaptation au monde du corpsepaint du kvltissime sketch des Inconnus, mais la réalité est tout autre. Prenons le cas du black atmo, le mauvais black atmo, le mec (c’est toujours un one man band) fout du blast, de la reverb, des clusters de guitare et dessine une pochette avec Dark Vador dessus. Total, des morceaux longs et chiants comme un jour sans pain. Mais le bon black atmo purée, celui de Dis Pater, Lustre ou encore Ethereal Shroud, c’est autre chose. Dans le dernier cas, Trisagion nous explique même comment faire de l’excellent black atmo. Du blast ? Bien sûr, mais Joe sait mettre le holà. Les guitares ? La reverb ? Forcément, mais Ethereal Shroud réussit le tour de force de proposer une musique spectrale et dense en même temps. Variée, également. L’album commence simplement : quelques notes, d’abord timidement formulées, puis bientôt martelées, donnent une couleur nostalgique et épique à l’ensemble. Entre les vocaux féminins - Shannon fera frémir toutes les personnes sensibles - et la délicatesse de certains passages, on retrouve ici le black metal mélodique mais authentique de Saor ou de Sojourner, avant le rachat de ces deux derniers groupes par Thomas Cook.
Ça, c’est pour "Chasmal Fires". "Discarnate" poursuit dans la même lignée : du black lisible, construit par un type patient, aux idées claires, toujours beau et bien fait. Chose rare, on entend même la basse ! Un comble pour le genre préféré de Jason Newsted ! Mais c’est sur le dernier tiers que l’album devient exceptionnel. Alors que l’on s’attend à la logique baisse de ton observée sur 90% des albums de la planète, alors que je m’apprête à classer l’album dans la catégorie « black mélodique très sympa », Joe nous sort un dernier titre à couper le souffle. Et quand je dis dernier, c’est dernier, vu qu’il met fin au projet dans la foulée. Et là, je dis chapeau : c’est digne de Sampras gagnant un dernier Grand Chelem avant de tirer sa révérence. "Astral Mariner" est un morceau d’exception. D’une délicatesse inouïe, mais également d’une intensité prodigieuse, avec une tension sous-jacente permanente. Après une introduction post-rock au piano, que l’on pourrait retrouver chez le Kauan moderne, le Marin Astral nous fait traverser des tempêtes doom et black aussi violentes que magnifiques. Vingt-deux minutes ? Ça c’est dans le référentiel terrestre classique. Ici, sur les hauteurs, le morceau n’a duré que vingt-deux secondes. Mélancolique, épique, brumeux… fabuleux. Merci Joe, merci du fond du cœur.

-Ah non mais franchement, quel album ! Toute cette puissance diffusée dans l’atmosphère, cette délicatesse et cette force, ça me…
-Ferme ta gueule.
Hasta siempre, Ethereal Shroud.