CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022
Sa note :
17/20
LINE UP
-Foltath
(chant+guitare+claviers)
-Eugene
(basse)
-E. Gorth
(batterue)
Ont participé à l'enregistrement :
-Egor Moskvichev
(guitare+tambourin)
-Alexey Makryshev
(guitare sur 5)
-Evgenia Antsiferova
(violon sur 1)
-Elena Korenevskaya
(flûte sur 2 et 4)
TRACKLIST
1) The Forlorn Land
2) Wormwood
3) The Hermit
4) The Bonfires of Times
5) Gods Have No Home
6) The Midday Herbs
DISCOGRAPHIE
Les dieux n’ont pas de foyer, pas de chez eux. Ils errent éternellement et vivent dans l’esprit de ceux qui les évoquent. Certains conteurs savent leur donner un corps bien réel, en utilisant leurs voix ou leurs instruments. Ou les deux. Eoront fait partie de ces troubadours modernes, suivant, à leur manière, la Tradition.
Les Russes d’Eoront partagent le même univers que leurs prédécesseurs scandinaves, Moonsorrow, et surtout Kampfar, en tête. Ils n’inventent rien, mais font les choses extrêmement bien. Compacts, durs sur la bête, ils font leurs les préceptes du pagan metal de qualité. Privilégier l’epicness, les titres longs, mais pas monotones, et utiliser toutes la gamme de sons que les dieux leur ont donné. Après deux premiers albums dignes d’intérêt, mais d’une moindre qualité globale, Gods Have No Home, leur troisième offrande, captive par sa puissance, séduit par sa mélancolie et convainc par sa variété. Variété de rythme d’abord. Eoront alterne moments furieux et titres plus posés, où la double pédale crépite comme le feu allumé par des voyageurs surpris par la nuit en pleine forêt. Variété de ton également, entre éclats de colère kampfariens et moments plus mélancoliques.
Eoront manie parfaitement le contraste de sensations, comme sur le titre éponyme où la section rythmique s’énerve, tandis que la guitare acoustique, étrangère à cette furie, parle d’une belle voix beaucoup plus tranquille. Comme sur "The Hermit", cime de cet excellent album, également. Des débuts furieux du titre à sa magnifique fin, beaucoup plus subtile et triste, il se passe pas loin de dix minutes, mais on ne s'en rend pas compte, tant le propos est dense, consistant et poétique. Nappes de claviers majestueuses, hurlements possédés, passages acoustiques de toute beauté, les Russes y sortent, comme sur l’ensemble de l’album, le grand jeu. De "The Forlorn Land", démarré pied au plancher, au final atmosphérique de "The Midday Herbs", en passant par "Wormwood", et sa pause non-électrique du plus bel effet, Eoront fait preuve de constance dans son propos et ne baisse jamais d’intensité, pas même lors de l’intermède "The Bonfire of Times", respiration instrumentale aussi travaillée que le reste des morceaux. Le groupe vient donc augmenter d’une unité les rangs fournis des formations pagan slaves de qualité.
Rajoutez des bûches dans la feu, la nuit promet d’être longue. Sans que vous ayez à sortir de chez vous, Eoront va vous faire voyager, dans des contrées certes connues, mais toujours aussi fascinantes. Gods Have No Home est une magnifique pièce de metal païen. Cette formation a beau jouir d’une popularité très limitée, avec cet album, elle signe son entrée dans le club des grands.