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CHRONIQUE PAR ...

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Oriza
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022
Sa note : 15/20

LINE UP

-Matthew Kiichi "Matt" Heafy
(chant+guitare)

Ont participé à l'enregistrement :

-Vegard Sverre "Ihsahn" Tveitan
(chant sur 9+guitare sur 5 et 8)

-Adam Michał "Nergal" Darski
(chant sur 6)

-Gerard Arthur Way
(chant sur 8)

-Heidi Solberg Tveitan
(chœurs sur 8)

-Ariadne Solberg Tveitan
(chœurs sur 8)

-Angell Solberg Tveitan
(chœurs sur 8)

-Corey King Beaulieu
(guitare)

-Paolo Francesco Gregoletto
(basse)

-Alexander "Alex" Bent
(batterie)

TRACKLIST

1) Hakanaki Hitsuzen
2) Kagutsuchi
3) Ibaraki-Dōji
4) Jigoku Dayu
5) Tamashii No Houkai
6) Akumu
7) Komorebi
8) Rōnin
9) Susanoo No Mikoto
10) Kaizoku

DISCOGRAPHIE

Rashomon (2022)

Ibaraki - Rashomon
(2022) - black metal progressif, metalcore - Label : Nuclear Blast



(For English version, scroll down)

On vous a dit qu'Ibaraki était du black metal. Un projet de Matt Kiichi Heafy avec la collaboration d'Ihsahn. Et bien Rashomon n'est pas ce qu'il semble au premier abord, à l'instar de la cover qui n'incarne pas un démon ricanant vous surplombant après vous avoir terrassé mais bel et bien un homme dissimulé sous son armure. Un homme qui mérite qu'on prenne le temps de le dénuder, pièce après pièce, pour découvrir l'entité splendide qui se cache sous le cuir et le métal. Un guerrier, un homme dans toute sa complexité. Un être de chair et de sang. Un être multiple. Avec des parties tendres et vulnérables, des muscles puissants entraînés pour tuer, une âme sinueuse. Sous les gants de cuir, des mains dont la pulpe des doigts dispense de douces caresses, paumes brûlantes, ou des poings aux coups mortels. Du black metal ? Peut-être. Par ses textes c'est certain. Mais pour le reste il est teinté de mille nuances musicales. Le samouraï s'offre à nous, prenons le temps de le posséder.


Matthew Heafy brille par un sens acéré de la formule : capable de créer et interpréter de sa voix en constante évolution des mélodies qui vont s'imprégner directement dans le cerveau. C'est ce qui frappe en premier. Mais ces leads puissants dominent tellement l'ambiance générale des morceaux qu'on pourrait commettre l'erreur de s'y arrêter. Alors que les compositions sont d'une richesse énorme, impossible à embrasser en seulement deux ou trois écoutes. Oui, le guerrier est consentant. La cuirasse est coriace, mais honorons cette offrande en défaisant le dō-maru pièce après pièce, lentement, attentivement, tous nos sens en éveil, pour goûter chaque parcelle de l'homme ainsi dépouillé. Les titres sont longs, construits sur des structures complexes, exposant diverses humeurs, comme des paysages déroulant des histoires complètes. Des histoires sombres et tortueuses. La beauté de l'être qu'on effeuille est trouble et son âme est plurielle.
Le son de Rashomon est énorme. C'est définitivement un album à savourer au casque ou avec un système de très haute qualité. Il y a un travail minutieux sur la production avec de beaux reliefs, des effets de stéréo et de profondeur. C'est flagrant sur des titres tels que "Kagutsuchi" (加具土) où le koto modifie totalement la trame. Il serait dommage de se retrouver avec une bouillie peu digeste qui nous ferait passer à côté de l'essentiel. Le samouraï ne se donne pas à n'importe qui, tâchons de ne pas bâcler ce moment comme un banal coup d'un soir. Sur l'ensemble de l'album, la batterie est ample et généreuse, très organique et variée. Les sons de clavier rappellent beaucoup l'univers d'Ihsahn. Difficile de savoir quelles parties sont conçues par ce dernier ou par Matt Heafy. Rashomon est une œuvre difficile à apprivoiser et à décrire, chaque partie étant une histoire complète à part entière. Arrêtons-nous au hasard sur le combo "Ibaraki-dōji" (茨城童子) "Jigoku Dayū" (地獄太夫), troisième et quatrième titres. "Ibaraki-dōji", malgré quelques lourdeurs grandiloquentes un poil exagérées, est ponctué de passages redoutables d'efficacité. Sa litanie est hypnotique. Tout est poussé à fond, la force brute se déverse. Un peu trop chargée ? Les violons synthétiques ont ce petit côté kitsch désagréable. Histoire vraie ou film de la Toei ? Et pourtant ce titre est très attachant et séduisant... Puis vient la simplicité, la pureté de "Jigoku Dayū" avec sa structure crescendo allant de la douceur mélancolique à la noirceur. La ligne de basse est splendide. Ici les sons de synthé sont parfaits et les harmoniques de batterie d'Alex Bent consistants. Pas de surcharge sur ce titre pourtant complexe mais au dosage subtil. Quant au mélange des voix, l'accord est impeccable.
Heafy n'est pas seulement un compositeur de génie mais également un artiste d'une immense empathie doté d'un pouvoir d'analyse lui conférant la capacité de s'approprier pleinement l'univers d'autres musiciens. Prenons par exemple son travail remarquable pour King Diamond sur le projet collaboratif Roadrunner United de 2005. Le titre "In The Fire" proposait de l'essence pure de King Diamond ! À l'écoute de "Akumu" (悪夢), force est de reconnaître que Nergal n'est pas ici un simple invité mais le catalyseur d'une création dont la substance lui sied comme une seconde peau. Une substance bien black pour ce titre composé à quatre mains avec Ihsahn. L'autre morceau auquel ce dernier a participé le plus activement est "Tamashii No Houkai". Malgré des racines très black également, cette pièce réserve son lot de surprises, comme le choix des différents sons. Il s'agit typiquement d'un morceau pouvant souffrir d'un mauvais matériel d'écoute car il y a un risque de saturation sonore. Les formats compressés sont à bannir pour une composition telle que celle-ci. Notre guerrier n'avance pas seul, épaulé par ses frères et sœurs d'armes. Inclinons-nous devant Paolo Gregoletto et ses riffs et solos de cinq cordes. Sur "Komorebi" (木漏れ日), la basse est ultra sensuelle, aussi douce et tranchante qu'un sabre glissant sur une peau soyeuse. "Komorebi" c'est aussi ce solo de Corey Beaulieu... On peut saluer également la participation de Gerard Way au chant sur "Rōnin" (浪人) aux côtés de la famille Solberg Tveitan. Une introduction cinématographique, deux morceaux de clôture théâtraux. Une touche de japonais et de norvégien dont on regrette de ne pas en avoir entendu plus...


À mille lieues d'une mascarade, loin d'une pantomime de kabuki machiavélique comme nous la dépeint l'inclassable "Kaizoku" qui clôture le disque, Rashomon est un album ultra personnel. Matt Kiichi Heafy a mis cœur et sueur à l'ouvrage et nous laisse entrevoir ce qui se cache sous le menpo. On y découvre ses influences musicales, ses références culturelles passionnantes, ses racines et sa créativité. Partager cette aventure avec Ihsahn est pour beaucoup dans la qualité de l'œuvre. Ibaraki offre un metal progressif, épais et puissant, très sombre, dont la quintessence évoque l'âme d'un rōnin. Y aura-t-il d'autres opus et à quoi ressembleront-ils ? Ne nous précipitons pas trop sur une suite, le guerrier ici présent a encore beaucoup à donner...



You have been told that Ibaraki was black metal. Matt Kiichi Heafy's project with Ihsahn's contribution. Well, Rashomon is not what it seems at first sight, just like the cover which does not show a cackling demon overlooking you after having knocked you down but a man hidden under his armor. A man who deserves that we take the time to strip him, piece after piece, to discover the beautiful entity hidden under leather and metal. A warrior, a man in all his complexity. A creature of flesh and blood. A multiple being. With tender and vulnerable parts, powerful muscles trained to kill, a sinuous soul. Under the leather gloves, hands whose fingers' pulp dispenses soft caresses, burning palms, or fists with deadly hits. Black metal? Maybe. Through its lyrics for sure. But for the rest it is colored by thousand musical tones. The samurai offers himself to us, let us take the time to possess him.

Matthew Heafy has an outstanding and sharp sense of melody: able to create and interpret with his constantly evolving voice chants that will soak directly into the brain. That's what strikes you first. But these powerful lieds dominate the general atmosphere of the tracks so much that one could make the mistake of staying with them. While the compositions are of an extreme richness, impossible to embrace in only two or three listenings. Yes, the warrior is consenting. The armor is tough, but let's honor this offering by undoing the dō-maru piece by piece, slowly, carefully, all our senses alert, to savor every bit of the man thus stripped. The tracks are long, built on complex structures, exposing various moods, like landscapes unfolding complete stories. Dark and twisted stories. The beauty of the man being undressed is troubled and his soul is plural.
The sound of Rashomon is huge. This is definitely an album to be enjoyed on headphones or with a very high quality sound system. There is a meticulous work done on the studio production with beautiful textures, stereo effects and depth. This is obvious on tracks such as "Kagutsuchi" (加具土) where the koto totally changes the framework. It would be a shame to end up with an undigestible mush that would make us miss the point. The samurai is not given to just anyone, let's try not to waste this moment like a banal one-night stand. On the whole album, the drums are ample and generous, very organic and varied. The keyboard sounds are very close to Ihsahn's universe. It is difficult to know which parts are conceived by the latter or by Matt Heafy. Rashomon is a hard to tame and to describe, each part being a complete story in its own way. Let's randomly stop at the combo "Ibaraki-dōji" (茨城童子) "Jigoku Dayū" (地獄太夫), third and fourth titles. "Ibaraki-dōji", despite some grandiloquent heaviness that is a bit exaggerated, is punctuated by passages that are deadly effective. Its litany is hypnotic. Everything is pushed to the limit, the raw force pours out. A little too much loaded? The synthetic violins have this small unpleasant kitsch touch. True story or Toei movie? And yet this title is very endearing and seductive... Then comes the simplicity, the purity of "Jigoku Dayū" with its crescendo structure going from melancholic softness to darkness. The bass line is splendid. Here the synth sounds are perfect and Alex Bent's drum harmonics are consistent. No overload on this track yet complex but with a subtle dosage. As for the mix of voices, the harmony is impeccable.
Heafy is not only a genius composer but also an artist full of empathy endowed with a power of analysis conferring him the capacity to fully appropriate the universe of other musicians. Take for example his remarkable work for King Diamond on the 2005 Roadrunner United collaborative project. The track "In The Fire" offered pure King Diamond essence! Listening to "Akumu" (悪夢), we have to admit that Nergal is not a simple guest here but the catalyser of a creation whose substance fits him like a second skin. A very black substance for this track composed with Ihsahn. The other track in which the latter participated the most actively is "Tamashi No Houkaï". In spite of very black roots, this piece holds its share of surprises, like the choice of different sounds. It is typically a piece that can suffer from bad listening material because there is a risk of sound saturation. Compressed formats must be banned for a composition such as this one. Our warrior does not travel alone, supported by his brothers and sisters in arms. Let's bow to Paolo Gregoletto and his riffs and solos of five strings. On "Komoberi" (木漏れ日), the bass is ultra sensual, as soft and sharp as a saber sliding over silky skin. "Komoberi" is also this solo by Corey Beaulieu... We can also salute the participation of Gerard Way on vocals on "Rōnin" (浪人) alongside the Solberg Tveitan family. A cinematic introduction, two theatrical closing pieces. A touch of Japanese and Norwegian that we wish there were more of...


Far from a masquerade, far from a Machiavellian kabuki pantomime like the unclassifiable "Kaizoku" which closes the record, Rashomon is an ultra personal album. Matt Kiichi Heafy has put heart and sweat into this work and lets us glimpse what is hidden under the menpo. We discover his musical influences, his exciting cultural references, his roots and his creativity. Sharing this adventure with Ihsahn is a big part of the quality of the project. Ibaraki offers a progressive metal, thick and powerful, very dark, whose quintessence evokes the soul of a rōnin. Will there be other opuses and what will they sound like? Let's not rush too much on a sequel, the warrior here still has a lot to give...


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