CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16/20
LINE UP
-Jem Godfrey
(claviers+chant)
-John Mitchell
(guitare+chant)
-John Jowitt
(basse)
-Andy Edwards
(batterie)
TRACKLIST
1)Hyperventilate
2)No Me No You
3)Snowman
4)The Other Me
5)Black Light Machine
6)Milliontown
DISCOGRAPHIE
Comble de l'ironie, l'auteur et instigateur de ce disque qui fera sans doute date dans le monde du rock progressif vient... de la pop. Jem Godfrey n'est autre que l'un des compositeurs travaillant dans l'ombre les plus sollicités dans l'industrie musicale plus ou moins insipide d'outre-Manche. Sur son CV, Ronan Keating (pour le meilleur) et Atomic Kitten (pour le plus vomitif). Rien ne laissait supposer que le claviériste avait autant de bouteille. Car Frost* est sans doute l'un des combos qui synthétisent au mieux ce que le rock progressif a su faire de mieux depuis quarante ans. Des compositions polymorphes, aux influences très variées, et laissant la part belle aux prouesses techniques des musiciens, font de Milliontown un disque sur lequel il faut se pencher très sérieusement.
Histoire de mettre les points sur les "i" d'entrée, "Hyperventilate" est une longue suite instrumentale tonitruante, où le piano de Jem Godfrey se fait déjà bouleversant. Le lead récurrent, repris à la guitare par John Mitchell, annonce un riff fou furieux et nous amène vers un interstice orchestral grandiloquent à souhait. On passe ainsi en revue de nombreuses ambiances, jusqu'aux couplets punk-rock de "No Me No You". La touche prog' s'y matérialise dans les interventions de Godfrey, déstabilisantes de premier abord mais finalement si justes, si opportunes. Le refrain, lui, s'immerge totalement dans l'AOR. Original, mais guère surprenant, compte tenu du background du compositeur. "Black Light Machine" met en valeur la même propension à puiser les bonnes idées où elles se trouvent, en l'occurence la pop-rock, à l'instar de Spock's Beard ; puis un solo de guitare époustouflant introduit une cavalcade rock progressif seventies. Godfrey conclut en superposant un long solo à une rythmique syncopée assurée par Andy Edwards et John Jowitt. Radical.
"The Other Me" revient à un rock n'roll plus simple, mais la production moderne le pousse du côté de la scène revival du rock actuelle. Godfrey n'a d'ailleurs pas lésiné sur les effets pour peaufiner son disque, et ceux-ci participent de beaucoup à l'ambiance unique qui se dégage de Milliontown, comme un dénominateur commun à six morceaux hétéroclites. Seule la ballade "Snowman" n'en est pas surchargée. La mélodie principale n'en est que plus évidente, mais le relatif "bâclage" qui en découle dénote avec le reste de l'album. Un semi-échec, pourrait-on dire... Mais le seul. Le morceau-titre de bravoure conclut comme il se doit le disque sur près d'une demi-heure de progressif à son meilleur niveau, emplie d'une virtuosité à toute épreuve. La rentrée s'annonce bien pour les amateurs de prog. Que ceux-ci ne s'arrêtent pas aux "méfaits" du leader de Frost* ; ici, il évacue sa frustration, et avec quel brio. A posséder.