Chronique : Soul Grinder Anthems From the Abyss (2022)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 10 décembre 2022

Sa note : 12/20

LINE UP

-Mathias Junge
(chant+basse)

-Jan Resmer
(guitare+chant)

-Maté "Balrogh" Balogh
(batterie)

TRACKLIST

1) Anthems from the Abyss
2) Insidious Resurrection
3) Soul’s Mirror
4) Supreme Enemy
5) I Am the Silencer
6) Blood Harvest
7) From the Nether Realm
8) The Last Supper
9) Spirit’s Asylum
10) Warcurse

DISCOGRAPHIE

Anthems From the Abyss (2022)

Soul Grinder - Anthems From the Abyss

(2022) - death metal - Label : MDD records

Brême, sorti du Werder que connaissez-vous de cette ville et de sa région ? Bucolique ? J’en sais foutre rien. Alors Soul Grinder se présente à nos esgourdes afin de remettre la culture au centre des préoccupations : Brême est avant tout un atelier géant pour les bouchers. C’est tout du moins ce à quoi pourrait penser le crédule manant s’enfournant allègrement Anthems From the Abyss.

Ouais, death metal. Et facilement brutal. Le genre de groupe qui s’il n’attaque pas cherche à se défendre. Soul Grinder s’avance fort d’un deuxième album, descendance directe d’un EP sorti l’année d’avant, lui-même rejeton rapproché du LP de 2020. Un groupe avec des idées dans la tête, suffisamment pour créer régulièrement de la mort faite musique. De musique d’ailleurs parlons, s’il vous plaît. Death metal oui, brutal, pas au sens premier du terme qui veut des blasts incessants et des riffs à toute berzingue. La troupe ne s’interdit jamais l’incartade sauvage sauf que plus généralement, le trio opte pour une approche mid tempo, très lourde de son style de metal favori. Un compromis entre accès de violence et brutalité plus old school en somme.
Car old school, Soul Grinder l’est sans vraiment l’être du coup. Loin de singer les premiers efforts d’un Death ou d’un Entombed, les réminiscences des piliers du genre abondent malgré tout. Deicide ou Cannibal Corpse version assagie pourquoi pas. Le discours promo évoque Suffocation, ce qui sur un point purement technique est exagéré, mais soit. Là où la formation marque son territoire dans les affres de l’affirmation de sa personnalité, c’est via l’utilisation de claviers (oui, oui, vous lisez bien). Alors non, point de symphonie grandiloquente ou d’accompagnement écrasant. Pensez plutôt à des apparitions fugaces, en appui des compositions pour apporter un supplément d’ambiance. Du type ténu. Agréable ? À vous de voir, néanmoins l’avantage immédiat de ce type d’artifice c’est qu’il surprend dans un album qui s’annonçait très engoncé dans ses certitudes.
Anthems From the Abyss vient donc avec deux mérites. Le premier, s’efforcer à ne pas respecter à la lettre les standards de sa musique préférée. Le deuxième, savoir s’approprier ces mêmes standards pour proposer une musique si ce n’est vraiment originale, à tout le moins solidement charpentée. Car les riffs vicieux qui vous sont envoyés plein la gueule font régulièrement mouche. Du death sale qui tache, c’est bien ce pour quoi nous sommes venus. Et velus. Instrumentalement, ça joue bien, avec la maîtrise attendue des tempos. Le chant gras et gargarisant fait son office, bien qu’on eût apprécié un surplus d’énergie. Point plat, celui-ci laisse un arrière-goût d’incomplétude. Les chansons ne souffrent pas de ce mal fort heureusement, même si encore une fois la folie, et un talent plus affirmé dans le riff qui tue manquent pour faire franchir le Rubicon aux Allemands.

Bonne sortie, sage sortie. Étonnant non ? Sage n’était pas le premier qualificatif sur la grille de départ, il ressort en conclusion. Car si Soul Grinder sait ce qu’il veut et ce qu’il fait, sur la durée des dix chansons, l’auditeur finit par espérer des échancrures plus marquées dans la musique proposée. Il est indéniable que la production est bonne, pourtant, il faut être plus méchant, plus vicieux pour parvenir à marquer les esprits.