Chronique : Ateiggär Tyrannemord (2022)

CHRONIQUE PAR ...

Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 03 février 2023

Sa note : 17/20

LINE UP

-Fauth Temenkeel
(chant+guitare+basse+claviers)

-Fauth Lantav
(batterie)

TRACKLIST

1) De Dunkli Ort
2) En Stille Feind
3) Iserni Plag
4) Us Lyschegiftig Schlaf verwached
5) Die Nacht droht fyschter mir
6) Chron' und Tod
7) Din Lyb ziert de Altar

DISCOGRAPHIE

Tyrannemord (2022)

Ateiggär - Tyrannemord

(2022) - black metal lyrique et grandiloquent - Label : Eisenwald

OVNI suisse. Pourquoi Ovni me direz-vous ? Parce que Ateiggär brise quelques codes. C’est du black metal, sans aucun doute, et pourtant le chant ne l’est pas vraiment en essence, ou assez peu. Ou du moins, l’art noir ne nous habitue pas à ce type vocal. Objet Vocal Non Identifié ? Quand même pas si déviant que cela, juste inhabituel. Et vous savez quoi ? Cela fait du bien de sortir un peu de l’habituel, justement. Pas de growl gras, pas de growl batracien, pas de growl aigu, et finalement peu de growl tout court. Mais musicalement, c’est puissant, dense, riche, raffiné et assez personnel.

J’ai réussi à aiguiser votre curiosité ? Oui ? Alors il vous faut peut-être quelques détails vocaux, histoire de situer un peu le débat. La voix est donc différente pour du black metal, plus hurlée que growlée au final, elle reste quand même extrême et black dans l’esprit. J’ai pensé assez vite au Daemon de Mayhem quand Attila nous gratifie de passages en lyrique. Dans Tyrannemord, c’est plus que « souvent » quand chez Mayhem, c’est plutôt « parfois ». Et cela donne une ambiance étrange, un peu gothique, un peu magie noire, hors sol, hors de tout. J’ai le sentiment que cela va être clivant, mais je suis client de cette originalité, parce que passée l’intro intrigante (et néanmoins très réussie), puis "En Stille Feind" qui ne marquera pas trop les esprits, Tyrannemord se dévoile avec le reste de ses titres. À partir de là, la fin de l’album est épique, grande, inspirée.
Moralité : ne surtout pas s’arrêter au début, vous rateriez le clou du spectacle. Vous rateriez les petits moments de grâce ethnique de "Iserni Plag". Vous rateriez “Us Lyschegiftig Schlaf verwached” qui peut parfois rappeler Samael et ses superbes claviers, avec une voix grave non growlée. Vous rateriez aussi les magnifiques claviers d’intro de “Chron' und Tod”, à l’ambiance terrible et grandiloquente. Vous rateriez les beaux chants grégoriens au milieu de "Din Lyb ziert de Altar". Et à la fin de l’album, vous vous direz « qu’est-ce que je fous là ? ». Mais aussi « d’où ils sortent ces gugusses ? ». Concernant cette dernière question, je peux être plus utile que le H de "Hawaï". Ils appartiennent au Helvetic Underground Committee avec les groupes Arkhaaik, Bruthuur, Dakhma, Death. Void. Terror., Goifer, Harpax, Kvelgeyst, Lykhaeon, Ungfell, Urgeist, Wyrgher and Zuchthaus. Que des célébrités. Notez que les deux compères d’Ateiggär ont fait partie d’au moins la moitié d’entre eux. Non, je n’ai pas dit consanguin.

Je vous assure, ce n’est absolument pas prémédité. Je me suis fait piéger en beauté. Comme le Daemon de Mayhem, je n’en attendais rien, d’autant que je n’aimais pas vraiment « l’avant ». Et j’ai adhéré au concept. Ateiggär, c’est pareil, inattendu, beau, bizarre, clivant. J’ai écouté par curiosité cette proposition que mes amis les algorithmes ont mis au point avec mes écoutes récurrentes. Et parfois, ils ne se trompent pas trop. Cet OVNI suisse m’a captivé, continue de m’attirer à lui, et pourtant, j’ai tellement d’autres choses à écouter.