CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11.5/20
LINE UP
-Chase Robbins
(chant)
-Kellen McGregor
(guitare+chant)
-Ryan Bentley
(guitare)
-Austin Radford
(basse)
-Jeremy Grisham
(batterie)
TRACKLIST
1)Cowbell's Makin' a Comeback
2)Neutron Cameras vs. Smuggles Nuclear Bombs
3)Therapy Caravan of the Fair Room
4)Conjuctions, Conjunctions, Everybody Loves Them
DISCOGRAPHIE
J'ai décidé d'appeler ça le bidulecore à émodjeunz. Non mais c'est vrai quoi, marre de devoir réexpliquer à chaque fois cette musique à base de hardcore et emo avé du métal dedans, du chant vomi ou alors clair mais toujours juvénile, des mèches, des jeans slims et des ceintures blanches qui énervent les trve metal warriorz, blablablabla... Donc Memphis May Fire est un nouveau groupe de bidulecore à émodjeunz, comme beaucoup de ses compatriotes américains vu qu'en ce moment ça ne manque pas. Et imaginez-vous qu'ils ont une petite originalité bien à eux, sauf que pour la connaître il faudra lire la suite. Ben oui, là c'est l'intro.
Le quintette de Dallas sort là son premier EP, après avoir fait son trou sur la route (plus de 200 dates en 2007) et sur le web (top 10 MySpace des groupes non signés), produit par le mastodonte SPV. Comme on pouvait s'y attendre la prod est aux petits oignons, et toutes les merveilleuses subtilités du bidulecore à émodjeunz s'y retrouvent représentées : les riffs jumpy et brutaux, parfois dissonants mais parfois en harmonie heavy-metal, les tempos débridés, l'alternance des vocaux braillés sur le couplet mais clairs et acnéiques sur les refrains, tout ça claque comme un fouet. Et il y a ce côté stoner totalement nouveau qui contribue à l'originalité en question : le riff d'ouverture de "Cowbell" est pile à la croisée du desert rock et du southern rock, et on retrouve cette orientation saupoudrée çà et là, comme dans "History of Mercia" qui balance un riff à la Down bien gras qui a de plus l'avantage de débarquer après un break mélodique postcore / post-rock du plus bel effet. Dans la série imprévus on trouvera aussi le plan jazzy de "Neutron Cameras", petite embellie dans une obscurité de conformisme échevelé juvénile.
Car malgré ces digressions très agréables Memphis May Fire fait du bidulecore à émodjeunz 90% du temps, et se révèle assez plat dans cet exercice. Moins torturé et ambitieux que Drop Dead, Gorgeous, moins pêchu que Madina Lake, moins varié qu'Atreyu, le groupe se distingue finalement assez peu dans son genre principal. Un riff comme celui qui ouvre "Conjuctions" appellerait pourtant des lendemains qui chantent grâce à son côté gras et poussiéreux mais la suite repart dans des clichés gros comme des parpaings. Les riffs bruitistes, les deux chanteurs qui se renvoient la balle, le côté pop-punk qui déboule... tout ça est fait par la concurrence en bien mieux. Il ne reste à Memphis May Fire que les petits breaks imprévisibles déjà cités, et sur la totalité de l'EP (qui dure un peu moins de vingt minutes) c'est bien trop peu pour forger une identité solide. Ce disque laisse donc une impression mitigée car il ne suffit pas d'aligner quelques réels éclairs d'inspiration pour enthousiasmer l'auditeur, surtout quand la scène est surchargée.
Memphis May Fire tient un embryon de formule intéressante : combiner le bidulecore à émodjeunz à d'autres genres inattendus (stoner, jazz...) pour le faire grandir. C'est une très bonne idée, et il est dommage que le groupe n'ait fait qu'effleurer la démarche pour produire au final un EP formaté et sans personnalité émaillé de quelques gimmicks çà et là. Espérons qu'ils auront plus de courage la prochaine fois...