Chronique : Thulcandra Hail the Abyss (2023)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 08 juin 2023

Sa note : 14/20

LINE UP

-Steffen Kummerer
(chant+guitare)

-Mariano Delastik
(guitare)

-Carsten Schorn
(basse)

-Alessandro Delastik
(batterie)

TRACKLIST

1) In the Eye of Heaven
2) Hail the Abyss
3) At Night
4) Velvet Damnation
5) On the Wings of Cosmic Fire
6) Acheronian Cult
7) As I Walk Through the Gateway
8) Blood of Slaves
9) In Darkness We Descend
10) The Final Closure

DISCOGRAPHIE

Under a Frozen Sun (2011)
Ascension Lost (2015)
Hail the Abyss (2023)

Thulcandra - Hail the Abyss

(2023) - death metal black metal Dissection - Label : Napalm Records

Pile ou face ? Pile, face. Face, pile.
Steffen Kummerer est-il un fervent adepte de ce jeu ? C’est à penser. À écouter son adoration de Dissection au travers son incarnation via Thulcandra, on se demande comment il en est arrivé à faire Obscura. Pourtant son premier groupe (d'un an s’en est-il seulement fallu). Son ascétisme total autour de la créature de Jon Nödtveidt demeure saisissant.

Et embêtant. C’est qu’il faut s’en faire des nœuds au cerveau pour trouver un axe original d’attaque à un groupe plus qu’hommage. Depuis nos routes croisées sur Under a Frozen Sun, régulièrement je me prends à guetter (espérer) une nouvelle création. Ou plus exactement, re-création. Car malgré l’absence congénitale d’originalité il faut s’avouer que le malade est doué dans son exercice. Re-faire n’est pas un exercice aussi simple qu’il y paraît. Surtout quand le modèle était pétri de talent. Et du talent il en faut pour se montrer à la hauteur tout en collant aussi strictement à la définition originelle. On ne pourra lui reprocher dès lors ni oisiveté ni complaisance, car s’il se dissout dans la copie, Thulcandra parvient malgré tout à produire mime sur mime avec une différenciation étonnante. Si la répétition des thèmes est évidente (voire même obligatoire vu les contraintes initiales), cette capacité à en faire des albums différents évitant la symétrie totale relève quasiment du miracle.
D’autant qu’il eût été facile de prétexter une évolution des goûts ou une volonté d’émancipation compréhensible avec l’âge. Non, la détermination reste intacte, l’objectif monolithique. Re-faire.The Somberlain ou Storm of the Light’s Bane (pas Reinkaos, trop différent). Si l’on voulait faire original, on citerait Far Away from the Sun, mais celui-ci étant si proche des pères fondateurs qu’il en est un corollaire inéluctable. Et Kummerer pourrait très bien se laisser aller à la branlette tant il manie le manche avec maestria. Que nenni. Droit dans ses bottes, vissé à ses convictions, il persiste contre vents et marées. De toute manière, arguerais-je, le niveau instrumental largement honnête du maître suffit à combler les envies techniques. C’est donc un défilé de tout ce que Dissection savait faire du temps de sa splendeur, mélodies imparables, délicatesse des riffs, quasi-refrains mémorables, respirations acoustiques, froideur bleue des guitares. S’il fallait sortir une piste, "On the Wings of Cosmic Fire". Par son riff surprenant qui s’éloigne un temps du black/death mélodique pour lécher le death mélodique entraînant.

Nouvelle belle preuve du talent de copiste de Kummerer et ses acolytes, Hail the Abyss ne pourra ô grand jamais prétendre à une quelconque place au Panthéon, bien trop inspiré (et plus que ça) de son idole. Mais point indolent, il prodigue aux déçus de la fin de Dissection un fabuleux pis-aller qui s’écoutera avec délectation.