CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 12 juillet 2023
Sa note :
12/20
LINE UP
-Annatar
(chant+guitare)
-Icare
(chant+violon+batterie)
-Neptune
(guitare+basse+piano+saxophone)
A participé à l'enregistrement :
-Sylvaine Arnaud
(contrebasse)
TRACKLIST
1) Noir Fauve
2) Le sang des rêves
3) La fêlure des anges
4) Les couleurs de la perte
5) De venin et d’os
DISCOGRAPHIE
Souvenirs souvenirs. Album-titre. 2009 déjà. Calcul mental et génie font bon ménage : quatorze ans. Sauf que le groupe est un à-côté (difficile de parler de side-project dans cette atmosphère à haute teneur en québécoisité). De Gris et de Sombres forêts. Deux groupes n’ayant rien sorti depuis 2013 concomitamment ironiquement. Bref, un retour parmi les terres boisées des cousins d’Amérique du nord. Je me devais d’y faire honneur du moment où Les Eternels recevaient le promo.
Pour tout vous dire, Miserere Luminis, l’album, n’a jamais su captiver mon attention autant que celle de Laurent Michelland dans Metallian. Oh putain, le coup de bambou vers le passé. Presse papier avec CD promo (pour les plus jeunes, un CD est un objet plat en forme de disque, en fait, c’est même un disque compact). Et là, six bombes sur six possibles, en black metal, genre chéri. Le sang ne fait qu’un tour et c’est la ruée. Achat. Écoute. Ah ? Mince. On peut avoir des goûts différents. Certes cette première incarnation n’est pas mauvaise, loin s’en faut, mais avec le recul, rien n’a vraiment imprimé dans mon esprit encombré. Alors Ordalie, c’est en souvenir de Metallian, Laurent Michelland et du culte de la nostalgie. Miserere Luminis, le groupe, c’est une entité typiquement québécoise sans l’être parfaitement. Typiquement dans le sens de la pratique systémique de la langue française, de cet usage des mots évoquant le passé, le déchirement, les palissades en bois et le froid des forêts. Dans un son abrasif, grisonnant. La scène noire du Québec n’a jamais pratiqué la grosse production, à raison.
Pourtant il s’en détache par sa volonté manifeste de ne jamais verser dans le blast ou des thématiques plus guerrières. Nostalgie aussi, le temps qui file et les difficultés de l’existence. La langueur a ici droit de cité, les riffs se posent, prennent leur temps. Qui défile. Les dix minutes sont aisément taquinées comme une évidence dans une musique aussi atmosphérique, qui le devient sans l’aide des claviers, exploit. Tout cela grâce à un violon, marque de fabrique. Et un piano. Et des guitares utilisées à la mode post rock. En fait de black metal il en est finalement très peu question sorti du chant. Oui le son est grésillant, oui la batterie peut s’affirmer au point de lancer de la double pédale et même un blast ("Le temps des rêves"). Qu’importe. Elle est souvent délicate et tout en toucher (bravo). Les riffs n’en sont pas vraiment, pas de ceux qui attaquent, tranchent. Ils susurrent, bâtissent un songe et partent en arpège à la première occasion venue. Du bon post rock ? Difficile à juger lorsque votre référentiel attend du black metal, limite suicidaire. Ben non, post. Rock. Metal par bribes. Extrême par touches qui rendront l’album inaccessible aux purs post rockeux, cette création parvient à créer de sacrées ambiances.
En toute honnêteté, à la première écoute je souhaitais ardemment fatalifier fissa et méchant cette sortie inepte, indécente. Black metal ? Mon cul. Mais la critique est le labeur de celui qui creuse et va au-delà de ses préjugés. Alors jamais je ne considèrerai cet album comme incroyable, mais ostensiblement, il a fait son chemin dans mes neurones. Et il le fera dans les vôtres si vous ne bloquez pas sur la mention black metal, fort peu représentative. Contemplation, post et mélodies vous accompagneront. Pas ma tasse de thé, mais il n’est pas honteux de boire de ce breuvage.