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CHRONIQUE PAR ...

97
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 14 juillet 2023
Sa note : 18/20

LINE UP

-Nephtys
(chant+guitares+claviers+programmation)

-Malphas
(guitare)

TRACKLIST

1) Les souillures du temps
2) Verstehen diese Welt
3) Un dernier regard
4) XIVème siècle
5) Quel âge a ce visage
6) Vieillir avec toi
7) L'éternel

DISCOGRAPHIE


Epheles - Promesses
(2023) - black metal ambient Müde - Label : Drakkar Records



Chroniquer Promesses en plein mois de juillet a-t-il du sens ? Aurais-je dû sagement attendre le déclin annuel du soleil avant de me lancer dans une éloge d’Epheles ? Sans doute. Le black metal en général, Epheles en particulier, ne sont pas miscibles dans la crème après-soleil. Mais en même temps, les mettre à l’épreuve des nuits caniculaires, c’était tentant.

Des nuits, oui. Il ne faut pas pousser non plus. Promesses n’est pas un animal diurne. Et puis, je devais écouter l’œuvre d’une traite. Encore plus que les précédentes, car le quatrième effort longue durée de la formation mosellane s’accommode très mal des coupures. Vous avez déjà tenté In the Nightside Eclipse ou The Wall of Sacrifice au supermarché ? Ben là, c’est pareil. D’autant plus que Promesses fait la part (très) belle aux ambiances. On savait Epheles autant à l’aise dans la castagne classieuse - Je suis autrefois est le parangon de la castagne classieuse, d’ailleurs - que dans les obscures digressions peu rythmiques, permettant d’instaurer ou de consolider leur atmosphère glacée et puissamment nostalgique, des titres comme "Je suis autrefois" ou "Ultima Venia" en étant la preuve irréfutable. Ce qu’on n’imaginait peut-être pas, c’est que le duo Nephtys/ Malphas s’aventurerait à ce point dans ce qu’il convient d’appeler du dark ambient. Au risque de perdre des fans. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est produit, à en juger les réactions très variées que l'album a suscitées, et ça peut se comprendre. Promesses n’est pas facile d’accès. Si le black metal constitue encore le style majoritaire, il cède souvent le pas à des passages sombres, revêches, s’enchaînant parfois sans transition.
Oui, ce nouvel album est malcommode, rêche. Aussi rêche que les imprécations de Nephtys. Il se mérite. Mais ceux qui arrivent à passer outres ces premières écoutes laborieuses pénètrent dans un univers sombre (forcément), parfois terriblement mélancolique, où la figure de la mère et de l’enfant revient périodiquement, et où l’on sent l’immense fatigue ayant envahi les créateurs de l’œuvre. Si quelques bonnes vieilles cavalcades frénétiques parsèment encore l’album, et je pense, bien sûr, à "Un dernier regard" c’est surtout le froid qui nous ronge. Et l’abandon de la lutte, l’acceptation de sa condition, que le duo évoque sur "Quel âge à ce visage" - on soulignera au passage qu’Epheles continue à voir le chic pour trouver de beaux noms à ses titres, sans recourir à des noms de déités générés avec la fonction random d’Excel, qu’est-ce que ça fait du bien… Vous l’aurez compris: je n’ai aucun titre à recommander. Laissez-vous juste prendre par l’ensemble de l’œuvre, des gémissements gothiques très Forbidden Site de "Les souillures du temps" jusqu’à la lenteur funéraire et grandiose de "L’éternel", en passant par le long et hypnotisant "Quel âge à ce visage" et ses nappes de claviers mortifères. Et préparez vous à un hiver long et froid. « Vous en aurez toute votre vie. »


Il y a deux ans, Decline of the I a sorti un album - le quatrième également - moins virulent que ses prédécesseurs, où pointait une certaine lassitude existentielle. Douze ans après sa dernière et sublime création, Epheles suit une évolution similaire et range l’agressivité permanente au placard pour quelque chose de plus froid, complexe, et désabusé. Avec ce splendide, quoiqu’incommode, nouvel album, le duo du Grand-Est tient toutes ses… tient toutes ses… Promesses. #bouteentrainpower. Mauvaise nuit à vous.





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